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13 août 2017 7 13 /08 /août /2017 21:06
Des drapeaux nazis, ouvertement brandis samedi en Virginie : une image qui a fait le tour du monde via les réseaux sociaux.

Des drapeaux nazis, ouvertement brandis samedi en Virginie : une image qui a fait le tour du monde via les réseaux sociaux.

Laurence Mauriaucourt - Dimanche, 13 Août, 2017 – Humanite.fr

 

Des violences entre des partisans de l'extrême droite américaine et des contre-manifestants ont causé la mort d'une, voire trois personnes et fait une vingtaine de blessés samedi à Charlottesville en Virginie. La réaction du président Donald Trump qui a renvoyé les deux camps dos à dos, a suscité de vives réactions, dont celle de l’ex-président Obama. Retour sur les faits.

L’information a ajouté l'indignation samedi : une femme de 32 ans a été tuée lorsqu'une voiture a foncé, volontairement selon des témoins, dans une foule de contre-manifestants venus s'opposer à un rassemblement unitaire de la droite radicale américaine: néo-nazis, suprémacistes blancs, Ku Klux Klan (KKK) jusqu'à la droite alternative ou Alt Right, dont une partie au moins avait soutenu Donald Trump à l'élection présidentielle.

Ce sont même trois morts qui sont dénombrés. "Nous avons des gens qui sont venus ici pour provoquer la confusion, le chaos et le trouble, lesquels ont provoqué trois décès", a en effet déclaré Maurice Jones, directeur municipal de Charlottesville, au cours d'une conférence de presse.

Des affrontements entre manifestants des deux camps s'étaient multipliés avant le rassemblement de Charlottesville, finalement annulé mais trop tard par les autorités de cette petite ville historique de l'est des Etats-Unis.

Donald Trump refuse de condamner explicitement les mouvements d’extrême droite

Le président américain Donald Trump a certes condamné les violences de Charlottesville, mais sans se prononcer sur la responsabilité de l'un ou l'autre des camps en présence. "Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles cette énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties", a-t-il déclaré depuis son golf de Bedminster (New Jersey), où il passe ses vacances.

En semblant renvoyer dos à dos les deux camps, le président américain a provoqué l'indignation chez les Démocrates mais aussi un malaise chez les Républicains, son propre parti. "La haine et la division doivent cesser, et elles doivent cesser immédiatement", a lancé le président. Interpellé par des journalistes, il a refusé de condamner spécifiquement les mouvements d'extrême droite.

La démocrate Hillary Clinton, battue par Donald  Trump à l'élection présidentielle de 2016, l'a critiqué, sans le nommer. "Chaque minute où nous permettons à cela de se poursuivre par un encouragement tacite ou par inaction est une honte et un danger pour nos valeurs", a-t-elle tweeté.

Le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio, est lui aussi intervenu sur Twitter. "Très important pour la nation d'entendre le président décrire les événements de Charlottesville pour ce qu'ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs".

Barak Obama cite Mandela

L'ex-président Barack Obama est sorti de sa réserve en citant Nelson Mandela: "Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion".

Dans la soirée, le ministre de la Justice Jeff Sessions a dénoncé pour sa part "l'intolérance raciale et la haine". Les violences de Charlottesville "trahissent nos valeurs fondamentales et ne peuvent être tolérées", a-t-il dit.

Le FBI, la police fédérale, a d’abord annoncé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances dans lesquelles la voiture a foncé sur la foule, tuant la jeune femme et blessant 19 autres personnes. Le conducteur du véhicule a été placé en garde à vue et la police traite les faits comme un "homicide criminel", a déclaré le chef de la police de Charlottesville, Al Thomas. Selon la chaîne de télévision CNN, le suspect, James Alex Fields Jr, 20 ans, originaire de l'Ohio, a été inculpé de meurtre, de blessures et de délit de fuite. Trois autres personnes ont été arrêtées et inculpées.

Témoignages

La vidéo montrant une voiture de couleur sombre percutant un autre véhicule par l'arrière, qui lui-même rentre dans une troisième voiture devant lui, a fait le tour du monde. La voiture responsable de la collision repart alors vivement en marche arrière au milieu des manifestants paniqués.

"On marchait dans la rue quand une voiture, une berline noire ou grise, nous a foncé dessus, elle a percuté tout le monde. Puis elle a reculé et nous a encore heurtés", a déclaré un témoin à l'AFP.

"Une fille au sol a été mutilée. C'était volontaire, ils ont fait exprès de faire marche arrière", a raconté un autre homme qui avait assisté à la scène.

L'annonce de ce rassemblement de mouvements d'extrême droite, qui voulaient dénoncer le projet de démontage de la statue d'un général sudiste et favorable à l'esclavage de la guerre de Sécession, suscitait les plus grandes inquiétudes.

Il se présentait comme l'un des plus importants de cette mouvance politique depuis au moins une décennie avec des centaines de participants, selon les organisations antiracistes.

Dès le début de la journée, de nombreux manifestants arboraient des armes semi-automatiques, comme le permet la loi en Virginie. Et devant de premières échauffourées très violentes, les autorités locales décrétaient l'état d'urgence et l'interdiction du rassemblement.

Drapeaux confédérés et salut nazi

De nombreux partisans de l'extrême droite brandissaient des drapeaux confédérés, que beaucoup d'Américains savent être un symbole de racisme, et certains faisaient le salut nazi.

Les militants anti-racistes agitaient des drapeaux du mouvement Black Lives Matter (BLM), qui proteste régulièrement contre les décès de Noirs victimes d'usage excessif de la force par la police. Ils scandaient des slogans comme "Nous disons non à la peur raciste" ou "Pas de nazis, pas de KKK, pas de fascistes aux USA".

Nazis, go home !

La police a fait usage de gaz lacrymogènes, alors qu'un des contre-manifestants, battu à coups de bâton et de barres en métal, était abandonné baignant dans son sang.

En fin d'après-midi, le centre de Charlottesville était pratiquement désert à part une forte présence des forces de sécurité.

Dans la soirée, le gouverneur de Virginie a attaqué les groupes d'extrême droite. "J'ai un message pour tous les suprémacistes blancs et les nazis qui sont venus aujourd'hui à Charlottesville. Notre message est simple et clair. Rentrez chez vous. Vous n'êtes pas les bienvenus dans cette belle communauté", a-t-il dit.

Si les autorités locales ont finalement fait état d’un bilan de trois morts et 35 blessés, c’est qu’elles y incluent le décès de deux policiers morts dans la chute de leur hélicoptère près de Charlottesville sans qu'un lien explicite avec les affrontements ne soit formellement établi.

Le gouverneur de Virginie Terry McAuliffe en était venu à déclarer l'état d'urgence en raison de la violence des affrontements qui opposaient des centaines de manifestants et de contre-manifestants avant même le début du rassemblement d'extrême droite. Intitulé "Unite the Right Rally", il réunissait des groupes de la droite radicale et identitaire, dont le Ku Klux Klan et des néonazis.

Ces groupes entendaient dénoncer le projet de Charlottesville de déboulonner dans un jardin municipal la statue du Général Lee, un gradé sudiste fervent pro-esclavagiste.

Des centaines de manifestants et de contre-manifestants étaient arrivés dans la matinée à Charlottesville, une ville de l'est de Etats-Unis. Des échauffourées entre les deux camps ont rapidement éclaté, malgré le déploiement de la police anti-émeutes et de la garde nationale.

Des événements prévisibles... 

Le 8 juillet dernier, quelques dizaines de membres encapuchonnés du Ku Klux Klan s'étaient déjà rassemblés dans cette ville décrite comme paisible. Les militants antiracistes se trouvant là furent bien plus nombreux. L’extrême-droite nationaliste, sans aucun doute décomplexée et boostée depuis que Donald Trump s’est installé à la Maison Blanche est apparue davantage rassemblée ce samedi 12 août.

Dans ce contexte, l’on mesure d’autant plus la pertinence du discours prononcé par Angela Davis, lors d’une manifestation féministe et antiraciste, dans les premiers jours après l’élection de Donald Trump.     

 

(Avec AFP) 

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12 août 2017 6 12 /08 /août /2017 19:36
Jean Ortiz - Jeudi, 10 Août, 2017

Jean Ortiz - Jeudi, 10 Août, 2017

A Pau, un lundi, les rues du Vieux Quartier, piétonnier, ressemblent à celles de Santiago, jadis, à l’époque du couvre-feu et de l’état de siège... dictature dure en moins. Nous sommes toujours en « État d’urgence », en « dictamolle ».

Les riverains s’en accommodent. Ils ont le silence compris dans les clauses de leurs assurances et de leurs baux... Il est vrai que le quartier est plutôt bobo. Le peuple, lui, se cache et se prépare... Gare à la revanche quand tous les palois pauvres s’y mettront !!! Plagiat... Rue Joffre ! Trompettes guerrières...

Les deux jeunes passantes, égarées, paraissent normales, alors que l’homme du premier plan, qui n’a pas manqué d’intriguer la journaliste Eugénie, arbore une lissitude de statue. Il est rouge, de couleur et de plaisir. Il reposait sur un socle que mon ami le photographe urbain et coquin Manuel Baena a enlevé pour que l’extraterrestre repose sur ses pieds... ou peut-être est-ce un étranger ? Le monde en est plein... Cet homme, au sourire niais de ravi de la crèche, ne nous ressemble pas encore tout à fait. Dans sa bulle, il bade à son reflet. Et sans doute aussi au consumérisme à cette heure et ce jour en sommeil.

Qui peut nier que demain nous risquons d’être à l’image de cet homme totalement aliéné, statufié, si nous n’y prenons garde ?

 

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9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 21:44
Éditorial par Patrick Le Hyaric. Honneur à l’UGTT, syndicat des travailleurs tunisiens, qui empêche et demande de bloquer dans tous les ports européens l’accostage du bateau du racisme.

Éditorial par Patrick Le Hyaric. Honneur à l’UGTT, syndicat des travailleurs tunisiens, qui empêche et demande de bloquer dans tous les ports européens l’accostage du bateau du racisme.

Par Patrick Le Hyaric - Mercredi, 9 Août, 2017 - L'Humanité

 

Honneur à l’UGTT, syndicat des travailleurs tunisiens, qui empêche et demande de bloquer dans tous les ports européens l’accostage du bateau du racisme. Avec eux, brisons partout les barreaux de l’échelle de l’horreur, qui ne semblent pas émouvoir ces puissants qui se barricadent dans ces sommets qui n’accouchent que d’insipides déclarations aux invisibles effets. Alors que l’Union européenne pousse à une gestion répressive des migrations portées par la violence des flammes des guerres ou les sécheresses des misères, elle tergiverse, regarde ailleurs, quand il s’agit de mettre hors d’état de nuire un bateau chargé de militants d’extrême droite, propriété d’un homme d’affaires suédois plusieurs fois condamné pour fraude, naviguant sous pavillon de complaisance mongol. Ce navire fait profession de chasser les réfugiés – migrants en Méditerranée – en repoussant les embarcations des associations humanitaires affrétées pour les secourir. Le périple de ce bateau de la haine et de la barbarie pourrait être interrompu immédiatement avec les patrouilles de l’Otan et de Frontex, devenu utile cette fois. Le droit maritime international interdit de telles embarcations.

À quoi jouent donc les institutions européennes et les gouvernements ? D’un côté ils demandent des « codes de bonne conduite » aux associations qui sauvent des vies ; de l’autre ils sont muets devant le bateau des milices fascisantes. Veulent-ils laisser se développer une guerre civile maritime pour faire prospérer la peur, nouvel argument pour justifier les refus de l’accueil ? Tout y ramène, qu’il s’agisse du plan européen pour éloigner les demandeurs d’asile, des renvois organisés vers la Turquie, de l’érection de murs et de barricades.

Qu’il s’agisse aussi de la condamnation de Cédric Herrou parce qu’il tend une généreuse main à celles et ceux qui fuient l’indicible… que le ministre de l’Intérieur prétend « trier » !

Élevons la voix pour la liberté, la tolérance et l’accueil.

Patrick Le Hyaric - Directeur de l'Humanité


 

Éditorial. Le bateau de la haine et de la honte !
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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 20:51
Les vagues de chaleur provoquent déjà de nombreux morts en Europe. En France, celle de 2003 (15 000 décès) a laissé une marque indélébile. Jeff Pachoud/AFP

Les vagues de chaleur provoquent déjà de nombreux morts en Europe. En France, celle de 2003 (15 000 décès) a laissé une marque indélébile. Jeff Pachoud/AFP

Marie-Noëlle Bertrand - Lundi, 7 Août, 2017 - L'Humanité

 

Si le réchauffement persiste sur sa lancée, le nombre de morts qu’il provoque pourrait croître de 5 400 % d’ici à 2100, selon une étude publiée vendredi, qui parle de 152 000 décès.

Le chiffre est tombé vendredi, avec une précision aiguisée comme une faux : d’ici à la fin du siècle, les événements météorologiques extrêmes pourraient provoquer la mort de 152 000 personnes par an en Europe. Soit près de 55 fois plus qu’aujourd’hui, alors que les tempêtes, vagues de chaleur et autres inondations qui frappent l’Union européenne tuent environ 3 000 personnes chaque année. Cette perspective glaçante est avancée par des scientifiques du Centre commun de recherche de la Commission européenne. Cette hausse spectaculaire de la mortalité est quant à elle imputable au réchauffement climatique. Alarmiste ou alarmante ? Décryptage avec Hervé Le Treut, climatologue, directeur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace (IPSL) et coauteur du cinquième rapport du Giec.

 

Que dit l’étude ?

Les scientifiques, dont les résultats sont publiés dans The Lancet Planetary Health, se sont penchés sur les sept catastrophes météorologiques les plus meurtrières qui sévissent en Europe, à savoir les vagues de chaleur et de froid, les incendies, les inondations fluviales et maritimes, les sécheresses et, enfin, les tempêtes. Ils ont étudié les données de 2 300 catastrophes survenues entre 1981 et 2010, et ont croisé le tout avec des modèles climatiques, démographiques et économiques. Au total, deux tiers des Européens (contre 5 % durant la période 1981-2010) pourraient y être exposés plus ou moins violemment. Les vagues de chaleur arrivent en tête des phénomènes les plus meurtriers, provoquant 99 % des décès, lesquels passeraient de 2 700 à 152 000 par an en 2100. Soit une hausse de... 5 400 %. Les morts imputables aux inondations maritimes augmenteraient elles aussi de façon conséquente (+ 3 780 %). Les hausses seraient moins spectaculaires pour les incendies (+ 138 %), les inondations fluviales (+ 54 %) et les tempêtes (+ 20 %).

 

Alarmante ou alarmiste ?

Sorti de sa précision (au millier de morts près), « le chiffre de 152 000 décès par an d’ici à la fin du siècle n’a rien de surprenant », relève Hervé Le Treut. Les vagues de chaleur provoquent déjà de nombreux morts en Europe, rappelle le climatologue. En France, celle de 2003 (15 000 décès) a laissé une marque indélébile. L’étude prédit que l’Europe du Sud sera bien plus touchée que le Nord. Reste de nombreuses inconnues. Les scientifiques sont partis du postulat que les politiques climatiques, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, resteraient équivalentes à celles à l’œuvre. De fait, leurs résultats sont envisagés dans le cadre d’une hausse des températures mondiale de 3 °C. « Mais il est très difficile d’anticiper les politiques à venir », note Hervé Le Treut. Lors de la COP21, la communauté internationale a décidé de limiter le réchauffement global à 2 °C. Chaque pays s’est, depuis, engagé à un certain niveau d’efforts. Néanmoins, ces engagements ne permettent pas, aujourd’hui, de tenir le cap des 2 °C promis. Beaucoup envisagent un réchauffement minimal de 2,8 °C, voire plus. « Mais ces engagements des États ne portent que jusqu’à 2030, reprend Hervé Le Treut. Ce qui va se passer après va énormément compter. »

 

Quelles leçons en tirer ?

Cette étude ne se contente pas de confirmer des craintes. « Elle identifie clairement les zones de vulnérabilités européennes », explique Hervé Le Treut. Une donnée essentielle, si l’on veut pouvoir s’adapter, économiquement, voire physiquement, aux effets du réchauffement. « Quelle que soit son intensité, celui-ci sera un fait, poursuit-il. Il ne faut pas seulement réduire les gaz à effet de serre, mais prendre en compte les changements futurs dans nos politiques d’aménagement. »

L’urbanisme sera un secteur pilote, estime encore Hervé Le Treut, quand les îlots de chaleur, entre autres, se concentreront dans les villes. « Or, modifier une ville prend du temps, souligne-t-il. L’adaptation doit s’anticiper à l’échelle de décennies. »


 

 

 

 

 

Climat. Quand l’Europe crèvera de chaleur !
Climat. Quand l’Europe crèvera de chaleur !
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5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 20:44
André Chassaigne : « Les députés de La République En Marche réalisent qu'ils sont des élus de droite »

Vendredi [4 août 2017, Ndlr] ou mercredi prochain, les trois groupes d'opposition de l'Assemblée (France Insoumise, Nouvelle Gauche et Gauche Démocrate Républicaine) vont porter la réforme de la loi Travail devant le Conseil constitutionnel. Une attaque de la méthode Macron et d'un de ces fers de lance, et un nouvel équilibre au sein de l'hémicycle. Entretien avec André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme et président GDR à l'Assemblée. 

Le communiqué de presse est un peu technique. Vous pouvez nous expliquer pourquoi ce recours ? 

La première chose, ce sont les conditions dans lesquelles les discussions ont été conduites entre l'annonce et le dépôt de l'amendement. C'était un délai très restreint qui n'a pas permis d'étudier le texte. Nous avons eu du 29 juin au 3 juillet pour lire le texte. En plus, c'était en plein congrès. On dit que les lois sont trop longues pour être votées, là, ça s'est fait en 11 jours. 

Et puis, deuxième chose, c'est le fond. La question de la séparation des pouvoirs. Par exemple, le juge pourrait être dépassé dans les décisions prud'homales.

La troisième chose, c'est le flou de la loi d'habilitation (loi dans laquelle le Parlement autorise le gouvernement à prendre par ordonnance des mesures qui relèvent du domaine de la loi, NDLR). Trop de flou permettra au gouvernement d'aller trop loin. Plus loin que prévu dans le texte initial. 

André Chassaigne : « Les députés de La République En Marche réalisent qu'ils sont des élus de droite »

C'est une attaque au cœur des promesses d'Emmanuel Macron. 

Bien sûr. C'est la méthode Macron. Aller vite, par ordonnances. Une sorte de pouvoir de l'exécutif sur le législatif. 

Et vous fixez un nouvel équilibre dans l'hémicycle en promettant de nouveaux recours au Conseil constitutionnel à l'avenir. 

La démonstration qu'on peut faire ces recours sans aller chercher la droite. C'est une menace qui va peser sur le fond. Alors que si on se liait à la droite, on ne pourrait qu'attaquer la forme, comme on n'est jamais d'accord sur le fond. C'est un acte fondateur. 

La gauche n'est pas atomisée, mais peut converger vers des combats communs. 

Par contre, vous finissez d'atomiser le PS qui n'est clairement plus la force d'opposition. 

Oui, mais la Nouvelle Gauche, ce sont aussi d'anciens du PS. Mais ça marque un fossé entre le Parti socialiste et le reste de la gauche. L'anti libéralisme peut enfin revenir. 

À noter que nous sommes trois en Auvergne à avoir voté ce recours : Jean-Paul Dufrègne (député de l'Allier) et Christine Pirès-Beaune (députée du Puy-de-Dôme).

Vous êtes l'un des anciens de cette assemblée (élu depuis 15 ans), avez-vous perçu de profonds changements depuis l'arrivée de La République En Marche ? 

Il y a une envolée, mais on ne connaît pas l'atterrissage. C'est un groupe hyper puissant qui impose ses vues. Un groupe soumis aux propositions de Matignon et donc de l'Élysée. Il y a une volonté d'hégémonie et donc de soumission. 

Ils cassent les codes. Comme celui de la tradition du partage des responsabilités. Toutes les vice-présidences de l'Assemblée sont de la majorité. Ça ne s'est jamais vu. Idem dans les commissions. 

Mais je suis persuadé que cette majorité peut se fissurer. On le voit, quand on discute avec les élus de la majorité, le malaise est en train de naître. Certains mangent leur chapeau. Ils réalisent qu'ils sont des élus de droite. 

Propos recueillis par Simon Antony

Journaliste de La Montagne

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 21:49
Le dossier Cuba paru dans L’Obs du 27 juillet 2017, si médiocrement racoleur, relève plus de l’invention littéraire et de « l’histoire complot » que d’une réflexion sur la vie et la pensée de Che Guevara, ce penseur marxiste de premier plan.

Le dossier Cuba paru dans L’Obs du 27 juillet 2017, si médiocrement racoleur, relève plus de l’invention littéraire et de « l’histoire complot » que d’une réflexion sur la vie et la pensée de Che Guevara, ce penseur marxiste de premier plan.

Jean Ortiz - Mardi, 1 Août, 2017

 

Serge Raffy, romancier, journaliste à l’Obs après être passé par le fidélisme, a changé de trottoir, s’est recyclé : « La Dépêche du Midi », « Elle », « Libération »..., hauts lieux, comme chacun sait, de la pensée critique et anti-système. Il est considéré comme un journaliste indépendant... des classes populaires, donc non domestiqué, « objectif », soucieux d’indépendance par rapport à tout ce qui n’est pas le système. Toujours dans le vent des puissants, il leur tourne autour comme mouche fascinée par lumière d'une ampoule. Il leur donne voix face à la menace des millions de « perdants », revanchards. Il butine, du bon côté de la fleur, toujours prêt à adapter sa veste afin de rester dans le vent... libéral, cela s’entend.

Son sang ne fait qu’un tour lorsque les paramilitaires mexicains, colombiens, massacrent des « subversifs », des journalistes, des jeunes Normaliens, des paysans, lorsque des fosses communes de « communistes » s’ouvrent au Guatemala, à la Madalena, en Colombie, lorsque les centaines de prisonniers palestiniens, turcs, kurdes, menacent de briser le blocus médiatique, lorsqu’au fil des ans, les agressions de Washington contre Cuba ont provoqué près de 3 500 morts...

Ami et biographe de Lionel Jospin puis de François Hollande, Serge Raffy partage avec ce dernier l’amour dévorant de la gauche (de gauche), et la proximité avec les faibles. Pourquoi un journaliste, si talentueux, gâche-t-il autant sa plume à la recherche des « secrets » des « grands » (François et Valérie, Nicolas et Carla, etc.), à la défense « des petits » et de leurs « icônes » : Che, Fidel, Chavez, contre les « les ogres » ? Il s’acharne avec panache contre « l’empoisonneuse » : Valérie Trierweiler. Que de talent gaspillé ! Que d’énergie perdue, qui pourrait être consacrée au combat contre le péril du « populisme » de gauche et « les dictateurs » de gauche, contre ces « grands récits »  qui structurent sa mémoire des peuples : les révolutions, les guérillas, les « libertadors », les gouvernements progressistes, les résistances à l’impérialisme des Etats-Unis... !

 

On sait depuis longtemps que Raffy aime Cuba, Fidel, le Che... comme on aime le steak, bien saignant, avec cette haine froide, calculée, cynique, des champions « libéraux » de la « révolution conservatrice », des droits de l’homme creux, élastiques, et à géométrie variable, jusque dans les travers. Serge Raffy ne loupe aucun « anniversaire », pour nous resservir, en tranches aguicheuses, sa biographie de 2003 « Fidel l’infidèle », le traitre, l’apostat, lui, le dernier des géants, un livre que François Hollande n’aurait parrrait-il pas aimé à l’époque, mais qui ne l'a pas dissuadé de se rendre à Cuba (malin et pragmatique, le « président normal »), business économique et politique obligent. Mais rassurez-vous, cette fois-ci, c’est la dernière. Le dossier de l’Obs s’intitule « Les derniers secrets du Che » ... par Madame Irma, sans doute.

 

 

Plus sérieusement et trêve maintenant de plaisanterie.

 

Le dossier Cuba paru dans L’Obs du 27 juillet 2017, si médiocrement racoleur, relève plus de l’invention littéraire et de « l’histoire complot » que d’une réflexion sur la vie et la pensée de Che Guevara, ce penseur marxiste de premier plan. Voilà ce que Raffy, entre autres, veut évacuer. Che serait un rebelle dur, « mystique », parfois sympathique, mais dépourvu de cause, d’idéologie. Un bourlingueur. Serge Raffy a le droit, comme tout un chacun, d’avoir un point de vue sur tout ce qu’il veut. Mais qu’il nous dise clairement d’où il parle, où il se situe... Le dossier de « L’Obs » repose sur des affirmations péremptoires, des « raffyrinades », des contre-vérités, des rumeurs, des ragots, de la boue qui tourne en rond depuis 1967. Tous les historiens devraient apprécier la dernière trouvaille de Raffy : Fidel aurait monté de toutes pièces « l’incroyable supercherie sur la légende de la Sierra Maestra », il aurait trompé son monde, à commencer par les « intellectuels », dont Raffy, en faisant croire à ses « chimères ». Pourquoi les avoir crues alors ? Le ressentiment est d’autant plus acerbe qu’ils se sont sentis dupés...

En vrac, quelques « raffyrinades », relevées dans l’Obs :

1/ « l’ » exécution (du Che) par la police bolivienne », selon Raffy.

En fait, c’est un sous-officier de l’armée, Mario Teran, qui est chargé de le mitrailler, de l’assassiner, après sa capture, blessé ; Che attend, une nuit durant, prisonnier dans la petite école du village de La Higuera. On promet à Teran un voyage aux Etats-Unis. Le Che était traqué depuis des semaines, encerclé par des agents de la CIA, par les troupes spéciales boliviennes (Les « Bérets verts »), formées par des instructeurs nord-américains présents sur le terrain.

 

2/ la guérilla en Bolivie : pour Raffy : « une vingtaine de « desperados », en majorité « Cubains », proches du Che depuis la « Sierra ». C’est faux... la majorité sont des Boliviens.

Et puis le climax !! A mourir de rire : Che Guevara voulait (paraît-il) fonder une « Union des Républiques socialistes d’Amérique latine ». Celle-là, Raffy est allée la chercher loin !!

En fait, le maquis, rassemblait au plus haut une cinquantaine de guérilleros, dont 17 ou 18 Cubains. La majorité des guérilleros étaient des Boliviens, et le groupe nullement des « desperados », mais des combattants très aguerris et politiques, porteurs du projet anti-impérialiste, internationaliste, de la révolution cubaine. Ils ont enduré les pires épreuves. La visée du Che, comme celle de Bolivar, de Marti, était continentale et la base de Ñancahuasu destinée à former des guérilleros vers l’Argentine, le Pérou... mais de là à vouloir créer une URSS latino-américaine, il y a la distance qui sépare la raison de la déraison, du fantasme.

3/ Che était considéré en Bolivie par les paysans comme « un bandit des grands chemins ».

En fait, les paysans boliviens, qui gardaient quelques miettes de la Révolution de 1952, collaborèrent peu avec le Che, c’est vrai (barrière culturelle, peur, etc.). En 1967, le régime bolivien était une dictature militaire, celle du général Barrientos. Che pouvait apparaître comme un guérillero, un révolutionnaire « étranger », mais nullement comme « un bandit ». C’est prendre les paysans boliviens pour des imbéciles.

 

4/ « l’escapade pékinoise du Che », sur décision personnelle, afin de rencontrer Chou en Laï.

Comment peut-on imaginer une seconde que Che ait pu voyager à Pékin sans information ou/et accord du « Comandante en chef »? C’est inventer des affrontements, des ruptures imaginaires. Che et Fidel, globalement sur la même longueur d’onde, partageaient les mêmes approches... mais il était difficile à Fidel, étant donnée sa position, d’avoir la même liberté de ton et de contenu que le ministre Che. Che s’amuse lui-même de la réputation de maoïste et de trotskiste que certains lui font. Lors de son dernier voyage en Chine, début 1965, les Chinois le battent froid, et n’annonceront sa mort que longtemps après octobre 1967.

 

5/ Au retour du Séminaire d’Alger (février 1965, où il prononça une critique implacable du modèle et de l’attitude soviétiques) : un entretien houleux (avec Fidel) qui aurait duré deux jours

« les deux hommes en vinrent quasiment aux mains » (source : Maria la femme de ménage cachée dans une armoire, ou Serge Raffy écoutant par le trou de la serrure ?) Cette thèse de « la rupture » avec Fidel, qui se débarrasse « d’un rival », de surcroît belle gueule, est contredite par toutes les déclarations des deux hommes, de Mexico à la mort de Fidel.

« Le dialogue Che-Fidel, une alchimie révolutionnaire féconde, a connu des tensions, parfois des divergences, mais jamais de rupture (...), de mise à l’écart du Che, comme des voyeuristes l’écrivent sans preuve » (Jean Ortiz, Vive le Che !, p. 219), sans mesurer la force des liens de confiance, d’empathie, d’admiration, qui unissaient les deux hommes.

Che se trouvait déjà en Bolivie lorsque « Granma », en mars 1967, publia quatre éditoriaux contre la bureaucratie ; de même lorsque se tint à La Havane la conférence Tricontinentale (avril 1967), présidée par Fidel, et lors de la première Conférence de l’OLAS, en juillet 1967... Che a choisi la Bolivie de son plein gré, ce pays « maillon faible ». Il avait annoncé à Fidel, dès l’entraînement au Mexique, que lorsque la révolution l’aurait emporté à Cuba, il rejoindrait « d’autres terres » pour y continuer le combat. Fidel a consacré d’importants moyens à la mise en place de la guérilla en Bolivie. Dans le ravin du Yuro, début octobre 1967, rien n’était possible pour sauver le Che.

 

6/ « Che est un mystique au caractère « suicidaire, sacrificiel » Il a « une conception religieuse du pouvoir »

(source : archevêché de La Havane ? ou  Docteur Freud ?) Bref un Che raffyriné, un Che de « zarzuela », d’opérette, un Che relevant de la psychiatrie lourde. Il suffit de lire les textes du Che, les témoignages de ses compagnons, d’être attentif à ses hauts faits du maquis, à son courage inouï, pour comprendre que Che éduque par son exemple, qu’il risque la mort par conviction politique sans compromis, qu’il assume un engagement total porté par l’intime certitude que la lutte peut être victorieuse.

 

7/ « le camp de Segundo Cazalis » : « un centre de réhabilitation pour ouvriers et paysans ».

Les rumeurs venues du camp prétendaient que le Che y formait « par le cachot et la privation de nourriture », des « hommes neufs », une nouvelle catégorie de prolétaires : « les esclaves ouvriers ». Ce terrible camp là, il semble que seul Serge Raffy le connaisse, mais il ne le situe pas. Des biographes de premier plan comme l’Américain Jon Lee Anderson, Pierre Kalfon, Taibo Segundo, n’en font pas état.

Che ministre combat durement l’absentéisme, la bureaucratie, la corruption parmi le personnel , à commencer par les vice-ministres, les « petits chefs », les cadres... Aux coupables de négligence ou de petits délits, Che impose des sanctions disciplinaires : du travail manuel durant quelques semaines dans un « camp de travail » à Guanahacabibes, à l’extrême ouest de Cuba, à 94 km de Pinar del Rio.  Les sanctionnés qui acceptent  de venir couper la canne reviennent ensuite à leur poste de travail au Ministère de l’Industrie. Ceux qui refusent cette sanction par le travail seront livrés à la justice ordinaire, mais ne retrouveront pas leur emploi au terme de leur condamnation.  

Le camp ferme en 1965 lorsque le Che « disparaît ». Dans ce camp, le travail et la discipline s’avéraient durs, mais il est malhonnête d’en faire quasiment un camp de concentration.

 

Approximations :

8/ pseudonyme en Congo « Tato »

En réalité « Tatú »

 

9/ « Son corps est exposé sur la place publique dans la commune de Vallegrande » ...

Non, sur une paillasse à la laverie du petit hôpital de Vallegrande

 

 

Le mensonge ultime :

10/ « il (Che) a ordonné l’exécution d’une centaine d’opposants » lorsqu’il dirigeait la forteresse du port de La Havane. Ah ! « le boucher de La Cabaña ».

Ce bobard va tourner en boucle. Lorsque le Che rentre avec sa colonne à la Havane, Fidel le nomme chef militaire de la forteresse (La Cabaña) qui défend l’entrée du port. C’est ici que vont avoir lieu les procès, certes rapides, mais légaux, de « l’épuration ». Dans les premiers jours de la victoire, le peuple cubain se fait justice par lui-même contre des criminels de guerre, des sbires, des tortionnaires, des « bêtes ». Il se venge des bourreaux. La France a connu cela, l’épuration, à partir de l’été 1944, contre les « collabos », les miliciens, les fascistes français. Entre 10 000 victimes, hypothèse basse et près de 112 000 (enquête de gendarmerie de 1948). A Pamiers, par exemple, dans l’Ariège, les cinq premiers jours de la Libération, le 18 août 1944, un « tribunal du peuple », improvisé, condamne à mort 42 collabos de Vichy. La dictature de Batista (1952-premier janvier 1959) relevait du régime terroriste. Chacun peut consulter la presse de l’époque et se faire une opinion. Parler « d’opposants » exécutés relève d’un ignoble détournement historique. 20 000 morts victimes de la terreur d’Etat batistienne, pour environ 6 600 000 habitants fin 1958. Une proportion faramineuse.

Près de 500 criminels, jugés par des tribunaux constitués, selon l’urgence du moment, sont exécutés. La peine de mort avait été rétablie par le dictateur Batista. La colère populaire grondait. Les lynchages se multipliaient. Fidel Castro met rapidement fin à « l’épuration sauvage » et exige que les procès des bourreaux soient les plus normaux possibles dans une situation de totale anormalité. Jorge Castañeda, le biographe mexicain du Che, devenu néo-libéral après avoir été communiste, écrit dans La vida en rojo (1997) : « il n’y eut pas de bain de sang : (   ) ce qui est surprenant, c’est que le nombre des morts soit resté si petit » (p. 183)

 

Pour salir, criminaliser, les grandes figures de l’histoire des peuples, les révolutionnaires, encore faudrait-il s’appuyer sur autre chose que des a priori idéologiques, des approximations partisanes, de la haine fermentée.

 

 

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1 août 2017 2 01 /08 /août /2017 21:44
Même dans l’Allier (Auvergne), une des dernières rivières sauvages de France, les résultats des tests ont été positifs. Jeremy Savel/REA

Même dans l’Allier (Auvergne), une des dernières rivières sauvages de France, les résultats des tests ont été positifs. Jeremy Savel/REA

Cyprien caddeo - Lundi, 31 Juillet, 2017 - L'Humanité

 

Sujet méconnu, la présence généralisée de microplastiques dans les rivières françaises a pourtant de quoi inquiéter sur le plan environnemental.

Huit milliards de tonnes. C’est, selon une étude publiée dans Science Advances, la quantité de plastique que l’homme a produite depuis 1950. Et ce chiffre pourrait passer à 25 milliards d’ici à 2050. L’homme moderne vit plus que jamais à l’âge du plastique, si bien que celui-ci est partout, jusque dans les endroits les plus sauvages.

Les déchets – sacs plastique, bouteilles – qu’on trouve par terre ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les microplastiques, des particules de quelques micromètres seulement, infestent l’environnement. Invisibles, ils ont envahi tous les cours d’eau de France, au point d’inquiéter la communauté scientifique. « On arrive à des niveaux effarants de pollution au plastique », alerte Vincent Verney. Ce chercheur au CNRS et à l’Institut de chimie de Clermont-Ferrand a mené une étude sur l’Allier (Auvergne), une des dernières rivières sauvages de France, pour y mesurer le taux de microplastiques. « L’Allier est une rivière à saumons qui ne passe pas dans des bassins très industrialisés ou de population très importants. On s’est dit que même si dans cette rivière on trouvait des microplastiques, la situation était grave. Et les résultats ont tous été positifs », explique le chercheur.

 

De multiples causes de pollution

Les origines de ces particules sont multiples. Comme l’explique Vincent Verney, « le terme microplastique englobe plusieurs types de particules, dont les microplastiques primaires, qu’on trouve dans les cosmétiques ». Si cette source de pollution va se tarir, car les microbilles exfoliantes seront interdites en 2020, le chercheur explique qu’« il y a aussi les fibres textiles en polyester, celles-ci ne risquant pas de disparaître puisqu’il faut bien qu’on lave notre linge ». Ni les filtres des machines à laver ni les stations d’épuration n’arrêtent en effet ces particules qui se détachent lors des lavages, et finissent dans les rivières.

 

« Il faut se méfier des effets cocktail »

L’usure des pneus et la peinture des routes en produisent également, qui se déplacent sous l’effet combiné du vent et de la pluie. « Et, enfin, il y a les déchets abandonnés, par négligence ou incivilité, qui vont se désagréger au cours du temps », ajoute le scientifique. « C’est ce qui rend le sujet très sensible, il concerne la plupart des gestes de nos vies quotidiennes », estime Alexandre Schaal, cofondateur de l’association la Pagaie sauvage, qui effectue des prélèvements pour cartographier la présence de ces microplastiques sur le réseau hydrique français. « Pourtant, on ne peut pas l’ignorer, car se baigner en rivière, c’est la certitude d’être exposé à ces particules », prévient-il.

Est-on alors en danger si l’on se baigne en rivière ? [l'interdiction de baignade au plan d'eau de Cournon d'Auvergne et en de nombreux lieux de baignades  auvergnats ont bien l'air de le confirmer ! Ndlr] Il est « trop tôt pour le dire », juge Alexandre Schaal, car l’impact exact sur la santé humaine reste flou. Cependant, l’empreinte néfaste sur les écosystèmes contaminés est avérée. En première ligne, les poissons : des études sur la perche ont montré que les microplastiques bouleversent leur croissance et leur fertilité. Ce qui est inquiétant aussi car ce sont des « aimants à métaux lourds et des fixateurs de perturbateurs endocriniens », rappelle Vincent Verney, pour qui « il faut se méfier des effets cocktail, car les rivières ne sont pas uniquement polluées aux microplastiques mais aussi par les pesticides et les médicaments ». Pour lui, « c’est un phénomène qui va augmenter, surtout qu’on ne va pas arrêter le plastique pour autant : sans lui, pas de cœur artificiel, pas d’ordinateurs… ». D’où la nécessité d’une prise de conscience globale. Le chercheur estime ainsi que, « faute de pouvoir filtrer l’eau ou purifier les sédiments des rivières, nettoyer les gros déchets est une priorité, car ils produisent des microplastiques pendant des décennies ». Cela suppose aussi de recycler et d’arrêter d’abandonner des déchets dans la nature. C’est pourquoi la Pagaie sauvage mise sur l’écocitoyenneté et fait participer des volontaires aux prélèvements. Une manière de sensibiliser le public à la sauvegarde des rivières, pour ensuite interpeller une sphère politique encore terriblement silencieuse.

 

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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 22:08

Comme chaque 31 juillet, Patrick le Hyaric a rendu hommage à Jean Jaurès, devant le café du Croissant où a été assassiné cet homme de paix qui, entre mille combats, créa il y a 113 ans le journal l'Humanité. Tandis que l’actuel directeur du journal rappelait l’engagement de son fondateur pour les droits des travailleurs, nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux pour lesquels la pensée et l’œuvre de Jaurès sont plus que jamais d’actualité.

 

Hommage à Jean Jaurès ! [Comme chaque année, combien je regrette de ne pas avoir assisté à cet hommage : Note de Michel Bouchet]
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30 juillet 2017 7 30 /07 /juillet /2017 23:07
AFP

AFP

Jean Ortiz - Vendredi, 28 Juillet, 2017

Texte très intéressant de notre ami et camarade Jean Ortiz. Ça change de la langue de bois. REM, (La République En Marche du Président Macron) publie à partir de ce lundi un cahier pour comprendre la langue de Macron.

 

« Commençons à construire un monde plus lent, plus jouissif, moins anxiogène, par la résistance quotidienne aux logiques économiques et financières folles autant que prédatrices. Leur monde est sans âme. »

Photo : Mourad Laffitte

Photo : Mourad Laffitte

De Pau, allez savoir pourquoi, on « monte » à Paris. En réalité, on descend vers Paris, au niveau de l’amer. « Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage » (Marbeuf). En partance pour Fabien. « Monter » traduit le vieux complexe des provinciaux ploucs que l’on voudrait bien que nous soyons. A moins que ce ne soit que perception géométrique.

 

Arrivés à la gare de Pau, son château et son ministre effet maire, on nous indique que ce train ne va pas directement à Bordeaux. Il passe d’abord par Bayonne, et ira peut-être un jour visiter la Cité de Carcassonne avant de rejoindre Bordeaux. Des énergumènes tout de blanc vêtus s’évertuent à paraître joviaux, alors qu’ils ne sont que clonés, le drapeau rouge parodiquement noué autour du cou. « Nous sommes ‘festayres’, pas révolutionnaires ». Quoi que... Je connais de jeunes Basques courageux, et qui s’enflamment rapidement. Ce sont les fêtes de Bayonne, de plus en plus semblables à la Fête de la bière munichoise. On s’éclate, on se bourre, on s’égare même parfois ; on cuve, on décuve, on re-cuve. « La resaca ». Le ressac. La gueule de rail.

 

Après Bordeaux, le train s’envole. Personne au bar. Chacun reste agrippé à son fauteuil, vaguement inquiet. 327 km/h de pointe, faut pas décoller! On fait la course avec les nuages, et on gagne plus d’une heure. C’est ce que l’on appelle le progrès, ma bonn’ dame. Toujours plus vite, toujours plus concurren-ciel et démen-ciel. Quelle avancée de civilisation !! Tout est dopé... au profit, à l’ex-EPO, aux descendants du « pot belge » Oui, mais une heure en avance, c’est aussi une heure perdue pour la rêverie, la transition mélancolique d’un lieu vers l’autre. A quand une civilisation de la lenteur ? Les Zapatistes appellent leur communautés les « caracoles » (escargots). Commençons à construire un monde plus lent, plus jouissif, moins anxiogène, par la résistance quotidienne aux logiques économiques et financières folles autant que prédatrices. Leur monde est sans âme.

 

Le téléphone sonne. C’est Laurent (P.) « Où es-tu ? » « Je vole! » « Tu es devenu pickpocket ? » « Je ne vole qu’aux riches ». Qui dort, dogne, devise du Péri-gourdin Laurent.

 

Arrivée gare de Montparnasse, sur trois pieds. La canne est le prolongement de l’homme. Mais quai’c’est, çà ? Où est passée la fin du quai ? Il ne cesse de s’élastiser. La capitale capitalise tout, le moindre cm². Pisser coûte un euro. C’est cher la goutte ! Le temps presse le pas déjà pressé des voyageurs impatients d’être ailleurs, toujours. Une fourmilière follement affairée (mais à quoi ? à chercher le bonheur où il n’est pas ?) est soudain traversée par des militaires de Vigipirate qui baladent leurs flingues fringants. Je ne sais pas pourquoi, mais cela ne me rassure pas.

 

Je m’approche de Fabien ; Lydie s’impatiente. Sur le chemin, j’achète l’Huma. Vieil atavisme salutaire. Elle titre sur le Venezuela. Elle est bien la seule, avec l’HD, à manifester solidarité. L’internationalisme n’est plus ce qu’il était, surtout en été, mais de grâce, pas de leçon de ceux qui se taisent, ne bougent pas le petit doigt, ou pire encore, participent au lavage de cerveau général. C’est l’honneur de la presse communiste d’être la seule à soutenir, un soutien raisonné mais déterminé, la révolution bolivarienne, à dire à Washington « Bas les pattes! Le Venezuela ne sera pas le Chili ». Michel, notre ami l’Ambassadeur du Venezuela est ovationné. Il lance mille alertes contre l’indifférence, la passivité. L’issue approche, elle peut être sanglante. Elle ne saurait l’être.

 

J’ai également acheté L’Obs qui fait son dossier Guevara, à charge, comme d’habitude, et plein d’erreurs, auxquelles nous répondrons prochainement.

Retour au quai n°8 de Montparnasse. « Pau, rame de queue » claironne une voie nasillarde, celle de « l’hôtesse de train ». Rame de queue ? Maintenant que Bayrou n’est plus ministre, à Pau, on « rame de queue ».

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28 juillet 2017 5 28 /07 /juillet /2017 23:23
VENEZUELA : le bain de sang approche. Que fait la gauche internationale ?
Un pays pétrolier qui résiste à l’Empire depuis plus de quinze ans et qui a sorti du néant ses « fils de rien »

 

Il ne faudra pas venir pleurer demain lorsque l’on assassinera, torturera, « disparaîtra », les militants chavistes. Les précédents historiques sont malheureusement nombreux. (Tout le monde a oublié ? Le Chili ? Salvador Allende ? Pablo Neruda ?... Ndlr)

Les classes dominantes vénézuéliennes veulent une revanche sociale, liquider la « révolution bolivarienne », ou ce qu’il en reste, afin que le peuple des anciens « invisibles » ne relève plus jamais la tête. L’oligarchie veut que ces « fils de rien », auxquels le chavisme a donné statut et dignité, retournent au néant.

On peut émettre des critiques sur la gestion, sur la stratégie du président Maduro. Mais il a été élu, certes de peu, mais élu. Donc légitime. Il propose le dialogue, et a le droit de se défendre contre des émeutiers. La plupart des médias vénézuéliens et étrangers s’acharnent à donner une image chaotique du pays, à mettre sur le dos des chavistes les exactions commises par des groupes violentissimes, masqués, souvent armés, les « guarimbas », qui veulent la guerre civile.

L’opposition vénézuélienne n’est pas toute favorable à ce coup d’Etat permanent, qui va déboucher sur un massacre. Mais les secteurs qui dominent cette opposition sont parvenus à la radicaliser, à instrumentaliser le dépit de secteurs populaires éprouvés. Ils sont majoritairement d’ultra-droite. Ils veulent en découdre, et rapidement désormais. Ouvertement encouragés par la brute va-t-en guerre Trump, ils redoublent d’exactions, de sabotages, de destruction de bâtiments et de services publics, de violences en tout genre.

Le pays étant encore en grande partie capitaliste, l’oligarchie, les propriétaires, les possédants, organisent la guerre économique sur des produits ciblés, et font porter la responsabilité des difficultés structurelles, des pénuries et des queues interminables sur le gouvernement, qui n’est pas tout blanc, mais qui cherche, par la Constituante, une issue pacifique à la crise abyssale.

On peut, voire il faut, critiquer les erreurs du régime, mais n’oublions jamais que les chavistes et le peuple (même si une partie peut s’en éloigner) sont sous le feu permanent d’une véritable guerre menée par les Etats-Unis contre un pays aux énormes ressources pétrolières, et qui a osé résister à « l’Empire » pendant plus de quinze ans et chercher une autre voie que celle de l’inféodation, vers l’indépendance, la justice sociale, le socialisme. Qui a eu le culot, par la voix d’Hugo Chavez, de remettre les dirigeants des Etats-Unis (« ¡Váyanse pal carajo, yanquis de mierda ! ») à leur place.

N’est-il pas temps que la gauche dans son ensemble se ressaisisse et manifeste sa condamnation de l’ingérence étrangère dans un pays souverain, et affirme sa solidarité, fût-elle critique, voire conditionnelle (ni dans l’aveuglement, ni donneuse de leçon), avec la révolution bolivarienne ?

« La solidarité est la tendresse des peuples » disait Che Guevara. Il faut être aveugle, ou inconséquent, pour ne pas saisir ce qui est aujourd’hui en jeu au Venezuela.

Jean ORTIZ, Maître de conférences, université de Pau.

 

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