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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 23:18
Le 25 décembre, un tribunal militaire a prolongé la détention d’Ahed Tamimi. A. Gharabli/AFP  Jeudi 21 décembre, Ahed Tamimi, 16 ans, était arrêtée en Cisjordanie après avoir giflé des militaires, rejoignant ainsi les 700 autres mineurs prisonniers de Tel-Aviv.

Le 25 décembre, un tribunal militaire a prolongé la détention d’Ahed Tamimi. A. Gharabli/AFP Jeudi 21 décembre, Ahed Tamimi, 16 ans, était arrêtée en Cisjordanie après avoir giflé des militaires, rejoignant ainsi les 700 autres mineurs prisonniers de Tel-Aviv.

Stéphane Aubouard - Vendredi, 29 Décembre, 2017 - L'Humanité

 

Il y a une semaine, Ahed Tamimi, 16 ans, icône aux boucles blondes de la lutte des enfants palestiniens contre Israël, était arrêtée à Nabi Saleh, au nord de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Son crime ? Avoir giflé des militaires israéliens qui quelque temps plus tôt avaient tiré à bout portant sur son cousin de 14 ans, Mohammed Tamimi. Une semaine plus tard, tandis que le jeune homme est toujours entre la vie et la mort, l’adolescente, qui devait initialement passer trois jours en garde à vue, attend toujours sa libération. Ce jeudi, elle comparaissait devant un tribunal militaire israélien.

Un scénario banal sur les bords de la mer Morte qui se nourrit notamment de la passivité de grandes démocraties occidentales sourdes et muettes. Les faits sont pourtant avérés et documentés. En 2015, l’ONU avait obtenu le témoignage de 122 enfants palestiniens de Cisjordanie arrêtés par les forces de sécurité israéliennes. Tous y ont vécu l’enfer : passage à tabac, coups de bâton, yeux bandés, coups de pied, violences verbales et menaces sexuelles (Assemblée générale, Conseil de sécurité, rapport du secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, 2015). D’après un rapport de l’Unicef daté de 2016, plus d’un dixième des mineurs incarcérés en Israël sont mis à l’isolement pendant une durée moyenne de treize jours. Jeunes filles et garçons sont embastillés dans des cellules aveugles et sans commodités, une lampe allumée 24 heures sur 24.

Depuis 2015, le nombre de mineurs détenus par Israël a explosé

L’ONG française Ensemble pour la justice en Palestine a récemment alerté sur le nombre croissant des enfants palestiniens emprisonnés. Entre 500 et 700 jeunes gens seraient ainsi jetés en prison chaque année en Cisjordanie. Depuis l’an 2000, plus de 8 000 mineurs ont été détenus, interrogés et inculpés par la justice militaire israélienne. Entre 2015 et 2016, leur nombre aurait triplé. « La plupart sont inculpés pour avoir lancé des pierres et 3 enfants sur 4 subissent des violences physiques lors de leur arrestation, transfert ou interrogatoire », peut-on lire sur le site.

Certes, Israël n’est pas plus tendre avec ses propres enfants. Mais une différence de traitement s’opère dès lors que vous êtes né d’un côté ou de l’autre du mur de séparation. Un rapport du ministère des Affaires étrangères britannique datant de 2012 la décrit avec précision : « Les enfants israéliens peuvent avoir accès à un avocat dans les 48 heures. Ils ne peuvent pas être emprisonnés avant l’âge de 14 ans. Les parents peuvent les accompagner durant l’audition par les forces de l’ordre et la justice », alors que « pour les enfants palestiniens, ils peuvent être incarcérés dès l’âge de 12 ans et détenus 90 jours sans avocat. Aucun enregistrement audio-vidéo n’est possible, ni accompagnement des parents ». Une réalité qui perdure aujourd’hui sans la moindre réaction à l’échelle internationale. Pourtant, une fois la sentence rendue, 60 % des mineurs incarcérés sont transférés des territoires occupés vers les prisons israéliennes, et ce en violation même de la quatrième convention de Genève. Théoriquement, celle-ci protège les civils aux mains d’un État ennemi contre l’arbitraire de celui-ci.

Seule amélioration notable – sur la forme tout du moins – pour les enfants placés sous la férule de la justice israélienne : la création en 2009 de la Military Juvenile Court, une juridiction pour mineurs. Mais certains continuent de purger leur peine dans des prisons pour adultes.

Tel Aviv s’acharne sur Khalida Jarrar

Les autorités israéliennes ont prolongé de six mois la détention de l’avocate palestinienne Khalida Jarrar. Arrêtée en juin 2017, celle-ci est accusée de plusieurs infractions à la sécurité, notamment d’avoir porté le drapeau du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), considéré par Israël comme une formation terroriste.

Stéphane Aubouard - Journaliste

 

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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 18:07
Demonstartors face riot police outside a polling station for the banned independence referendum in Barcelona, Spain, October 1, 2017. REUTERS/Susana Vera

Demonstartors face riot police outside a polling station for the banned independence referendum in Barcelona, Spain, October 1, 2017. REUTERS/Susana Vera

Par Patrick Apel-Muller - Lundi, 2 Octobre, 2017 - L'Humanité

 

Mariano Rajoy a choisi la politique du pire. En choisissant la violence, il radicalise le séparatisme – pourtant jusqu’alors minoritaire dans la population –, pousse les Catalans, horrifiés par la violence policière qui a déferlé sur la région, à rompre avec Madrid. Le pari du premier ministre espagnol est tout à la fois d’apparaître comme le symbole de l’Espagne unie à tout prix et de réveiller les fantômes du franquisme qui hantent puissamment le Parti populaire. Dans les manifestations auxquelles il avait appelé, des milliers de manifestants tendaient le bras à la façon des Phalanges. Ainsi pense-t-il redonner de l’élan à une formation qui a sombré dans les scandales et la prévarication, et que de moins en moins d’électeurs soutiennent.

Visages ensanglantés, personnes âgées frappées par les gardes civils, bureaux de vote occupés… et, en face, des urnes qui s’installent dans les rues et l’acte de voter brandi comme un geste de résistance démocratique. L’Espagne et la Catalogne glissent sur une pente dangereuse, et Bruxelles comme Paris détournent le regard ou gardent le silence. Certains y jugent que l’ordre libéral exige une bonne dose d’autoritarisme ; d’autres se réjouiraient d’une pulvérisation du continent en régions moins capables que les nations d’exprimer une souveraineté populaire ; les derniers se sentent mal placés de réclamer à Madrid un dialogue qu’ils refusent à Paris.

La situation n’a pourtant pas d’autre issue positive qu’une discussion politique et une résolution démocratique. Les forces progressistes espagnoles, mais d’autres aussi, proposent que soient réexaminées les relations entre l’État central et les régions pour que les identités culturelles de ces dernières, ainsi que leurs facultés de décider soient mieux respectées. C’est ce chemin qui doit être exploré, plutôt que les charges matraque en main ou les tirs de balles en caoutchouc.

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20 août 2017 7 20 /08 /août /2017 21:48
PHOTO JAVIER SORIANO/AFP

PHOTO JAVIER SORIANO/AFP

Gaël De Santis -Lundi, 21 Août, 2017 -L'Humanité

La maire de Barcelone a choisi de ne pas ­répondre aux attentats de jeudi dans sa ville et vendredi à Cambrils par une surenchère sécuritaire.

Dans une première déclaration, jeudi, elle a rappelé que Barcelone était une « ville de paix » et que « la terreur ne parviendra pas à ce que nous cessions d’être ce que nous sommes : une ville ouverte au monde, courageuse et solidaire ». Barcelone, qui a accueilli en début d’année une manifestation énorme en faveur de l’accueil des réfugiés, est « fière de sa diversité », a-t-elle fait valoir. Dans le week-end, un grand nombre d’articles ont été publiés s’étonnant de l’absence de bornes anti-intrusion. « Les auteurs de l’attentat voulaient tuer et, s’ils n’avaient pas pu entrer par les Ramblas, ils l’auraient fait par un autre endroit, nous ne pouvons pas emplir une ville comme Barcelone de ­barrières », a-t-elle déclaré. Ada Colau a été élue l’an dernier maire de la capitale catalane grâce à une coalition comprenant Podemos, les communistes et d’autres formations de gauche.

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19 août 2017 6 19 /08 /août /2017 22:36
à New York, des centaines de manifestants protestent contre l’extrême droite. Spencer Platt/Getty Images/AFP

à New York, des centaines de manifestants protestent contre l’extrême droite. Spencer Platt/Getty Images/AFP

Bruno Odent - Jeudi, 17 Août, 2017 - L'Humanité

 

Les « indulgences » revendiquées du président pour les exactions de l’ultradroite à Charlottesville trahissent la collusion avec sa ligne national-libérale.

Chassez le naturel, il revient au galop. Après avoir brièvement donné le sentiment qu’il condamnait les exactions de l’ultradroite à Charlottesville en Virginie, Donald Trump est revenu à la charge dans la nuit de mardi à mercredi en renvoyant dos à dos les initiateurs du rassemblement de la droite nationaliste blanche et les contre-manifestants antifascistes. « Je pense que les deux côtés sont condamnables », a-t-il martelé lors d’une conférence de presse à la Trump Tower, le gratte-ciel du milliardaire de l’immobilier à Manhattan. Il y avait « un groupe mauvais d’un côté » et de l’autre « un groupe très violent », s’est-il justifié, ajoutant dans la rhétorique populiste dont il est coutumier : « Personne ne veut voir cela. Moi, je vous le dis maintenant. »

Pis, le locataire de la Maison-Blanche, arguant qu’il avait suffisamment condamné par ailleurs « les néonazis et différents groupes », s’est payé le luxe de défendre les manifestants. Le rassemblement était destiné à protester contre une décision de la municipalité, qui s’est prononcée pour que soit débaptisée une place portant le nom du général Lee, un des leaders les plus notoires du Sud confédéré esclavagiste. « Il y avait des gens très bien » dans le cortège, a lancé Trump, qui n’a pas hésité à rallier ouvertement la position des manifestants en se demandant sur un ton faussement naïf : « Cette semaine on s’en prend à Robert E. Lee, demain pourquoi pas à George Washington ? »

« Il faut s’opposer d’urgence sur tous les fronts »

D’aucuns invoquent une fois de plus un « dérapage » ou déplorent « le caractère imprévisible » du président comme pour minimiser les conséquences de son comportement sur les équilibres d’une société qui, in fine, ne s’en laisserait pas compter. Pourtant, l’ampleur du rassemblement de Charlottesville devrait constituer une alerte. Tant il illustre la montée en puissance de l’extrême droite. Si les groupuscules néonazis, du Ku Klux Klan et d’autres défenseurs intégristes du drapeau confédéré y figurent en bonne place, la droite ultra a percé bien au-delà de ces organisations, héritières directes des « vieux démons » de l’histoire des États-Unis. De nouvelles mouvances, beaucoup plus larges et donc redoutables, apparaissent. Elles surfent sur « la marée montante d’un racisme trumpiste », souligne Spencer Sunshine, chercheur, spécialiste de l’extrême droite au sein de l’organisation Political Research Associates. Ces groupes qui s’affichent plutôt en costard-cravate qu’avec les cagoules du KKK ou en brandissant des svastikas nazies compteraient désormais, selon lui, des dizaines de milliers de membres et des centaines de milliers de sympathisants sur Internet.

La collusion avec le nationalisme de Donald Trump est d’autant plus forte que ces milieux fascisants sont très présents dans l’entourage immédiat du président. Steve Bannon, son ex-directeur de campagne, devenu chef stratège à la Maison-Blanche, est l’un des grands animateurs de ce mouvement alt-right (pour alternative de droite). Il dirigeait le site d’information Breitbar sur le Net, devenu une « véritable plate-forme » de l’extrême droite. Ex-cadre dirigeant de Goldman Sachs, la célèbre banque d’affaires championne de Wall Street, omniprésente dans le cabinet Trump, il est aussi l’un des stratèges du national-libéralisme, alliant à un forcing pour déréguler la finance une offensive autoritaire pour museler les syndicats.

Les surenchères trumpistes nourrissent certes des états d’âme du côté de la Silicon Valley ou chez quelques patrons, comme le PDG du groupe pharmaceutique Merck, qui ont décidé de quitter le navire des conseillers économiques du président. Mais ces aversions au sommet ne paraissent pas en mesure, pour l’heure, d’enrayer la capacité de séduction de l’oligarque sur les milieux d’affaires. Un autre degré de résistance est nécessaire pour stopper la machine nationaliste, dont on commence à mesurer, au même moment, les dangers sur le front extérieur pour la paix mondiale,

« Il faut s’opposer d’urgence sur tous les fronts », prévient Jeremy Johnson, militant du mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs est importante), omniprésent dans la contre-manifestation de Charlottesville. Et de passer en revue la défense des droits civiques élémentaires, celle des acquis sociaux, jusqu’aux mobilisations antiguerre, « si l’on entend vraiment, précise-t-il, réduire ce terrible danger pour le pays et pour l’humanité ».

Ses amis européens Lors d’une réunion à Coblence, fin janvier, les partis européens proches du FN se réjouissaient de la victoire de leur champion aux États-Unis, Donald Trump. Celui-ci leur rend la pareille. Breitbart News, le site pro-Trump longtemps dirigé par le chef stratège du président des États-Unis, Steve Bannon, publie régulièrement une chronique de Geert Wilders. Par ailleurs, Donald Trump a confié à son voisin Guido Lombardi le soin d’assurer sa communication sur les réseaux sociaux l’an dernier. Celui-ci est italien et homme de référence de la Ligue du Nord à New York. En janvier dernier, c’est lui qui a fait entrer Marine Le Pen à la Trump Tower.

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13 août 2017 7 13 /08 /août /2017 21:06
Des drapeaux nazis, ouvertement brandis samedi en Virginie : une image qui a fait le tour du monde via les réseaux sociaux.

Des drapeaux nazis, ouvertement brandis samedi en Virginie : une image qui a fait le tour du monde via les réseaux sociaux.

Laurence Mauriaucourt - Dimanche, 13 Août, 2017 – Humanite.fr

 

Des violences entre des partisans de l'extrême droite américaine et des contre-manifestants ont causé la mort d'une, voire trois personnes et fait une vingtaine de blessés samedi à Charlottesville en Virginie. La réaction du président Donald Trump qui a renvoyé les deux camps dos à dos, a suscité de vives réactions, dont celle de l’ex-président Obama. Retour sur les faits.

L’information a ajouté l'indignation samedi : une femme de 32 ans a été tuée lorsqu'une voiture a foncé, volontairement selon des témoins, dans une foule de contre-manifestants venus s'opposer à un rassemblement unitaire de la droite radicale américaine: néo-nazis, suprémacistes blancs, Ku Klux Klan (KKK) jusqu'à la droite alternative ou Alt Right, dont une partie au moins avait soutenu Donald Trump à l'élection présidentielle.

Ce sont même trois morts qui sont dénombrés. "Nous avons des gens qui sont venus ici pour provoquer la confusion, le chaos et le trouble, lesquels ont provoqué trois décès", a en effet déclaré Maurice Jones, directeur municipal de Charlottesville, au cours d'une conférence de presse.

Des affrontements entre manifestants des deux camps s'étaient multipliés avant le rassemblement de Charlottesville, finalement annulé mais trop tard par les autorités de cette petite ville historique de l'est des Etats-Unis.

Donald Trump refuse de condamner explicitement les mouvements d’extrême droite

Le président américain Donald Trump a certes condamné les violences de Charlottesville, mais sans se prononcer sur la responsabilité de l'un ou l'autre des camps en présence. "Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles cette énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties", a-t-il déclaré depuis son golf de Bedminster (New Jersey), où il passe ses vacances.

En semblant renvoyer dos à dos les deux camps, le président américain a provoqué l'indignation chez les Démocrates mais aussi un malaise chez les Républicains, son propre parti. "La haine et la division doivent cesser, et elles doivent cesser immédiatement", a lancé le président. Interpellé par des journalistes, il a refusé de condamner spécifiquement les mouvements d'extrême droite.

La démocrate Hillary Clinton, battue par Donald  Trump à l'élection présidentielle de 2016, l'a critiqué, sans le nommer. "Chaque minute où nous permettons à cela de se poursuivre par un encouragement tacite ou par inaction est une honte et un danger pour nos valeurs", a-t-elle tweeté.

Le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio, est lui aussi intervenu sur Twitter. "Très important pour la nation d'entendre le président décrire les événements de Charlottesville pour ce qu'ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs".

Barak Obama cite Mandela

L'ex-président Barack Obama est sorti de sa réserve en citant Nelson Mandela: "Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion".

Dans la soirée, le ministre de la Justice Jeff Sessions a dénoncé pour sa part "l'intolérance raciale et la haine". Les violences de Charlottesville "trahissent nos valeurs fondamentales et ne peuvent être tolérées", a-t-il dit.

Le FBI, la police fédérale, a d’abord annoncé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances dans lesquelles la voiture a foncé sur la foule, tuant la jeune femme et blessant 19 autres personnes. Le conducteur du véhicule a été placé en garde à vue et la police traite les faits comme un "homicide criminel", a déclaré le chef de la police de Charlottesville, Al Thomas. Selon la chaîne de télévision CNN, le suspect, James Alex Fields Jr, 20 ans, originaire de l'Ohio, a été inculpé de meurtre, de blessures et de délit de fuite. Trois autres personnes ont été arrêtées et inculpées.

Témoignages

La vidéo montrant une voiture de couleur sombre percutant un autre véhicule par l'arrière, qui lui-même rentre dans une troisième voiture devant lui, a fait le tour du monde. La voiture responsable de la collision repart alors vivement en marche arrière au milieu des manifestants paniqués.

"On marchait dans la rue quand une voiture, une berline noire ou grise, nous a foncé dessus, elle a percuté tout le monde. Puis elle a reculé et nous a encore heurtés", a déclaré un témoin à l'AFP.

"Une fille au sol a été mutilée. C'était volontaire, ils ont fait exprès de faire marche arrière", a raconté un autre homme qui avait assisté à la scène.

L'annonce de ce rassemblement de mouvements d'extrême droite, qui voulaient dénoncer le projet de démontage de la statue d'un général sudiste et favorable à l'esclavage de la guerre de Sécession, suscitait les plus grandes inquiétudes.

Il se présentait comme l'un des plus importants de cette mouvance politique depuis au moins une décennie avec des centaines de participants, selon les organisations antiracistes.

Dès le début de la journée, de nombreux manifestants arboraient des armes semi-automatiques, comme le permet la loi en Virginie. Et devant de premières échauffourées très violentes, les autorités locales décrétaient l'état d'urgence et l'interdiction du rassemblement.

Drapeaux confédérés et salut nazi

De nombreux partisans de l'extrême droite brandissaient des drapeaux confédérés, que beaucoup d'Américains savent être un symbole de racisme, et certains faisaient le salut nazi.

Les militants anti-racistes agitaient des drapeaux du mouvement Black Lives Matter (BLM), qui proteste régulièrement contre les décès de Noirs victimes d'usage excessif de la force par la police. Ils scandaient des slogans comme "Nous disons non à la peur raciste" ou "Pas de nazis, pas de KKK, pas de fascistes aux USA".

Nazis, go home !

La police a fait usage de gaz lacrymogènes, alors qu'un des contre-manifestants, battu à coups de bâton et de barres en métal, était abandonné baignant dans son sang.

En fin d'après-midi, le centre de Charlottesville était pratiquement désert à part une forte présence des forces de sécurité.

Dans la soirée, le gouverneur de Virginie a attaqué les groupes d'extrême droite. "J'ai un message pour tous les suprémacistes blancs et les nazis qui sont venus aujourd'hui à Charlottesville. Notre message est simple et clair. Rentrez chez vous. Vous n'êtes pas les bienvenus dans cette belle communauté", a-t-il dit.

Si les autorités locales ont finalement fait état d’un bilan de trois morts et 35 blessés, c’est qu’elles y incluent le décès de deux policiers morts dans la chute de leur hélicoptère près de Charlottesville sans qu'un lien explicite avec les affrontements ne soit formellement établi.

Le gouverneur de Virginie Terry McAuliffe en était venu à déclarer l'état d'urgence en raison de la violence des affrontements qui opposaient des centaines de manifestants et de contre-manifestants avant même le début du rassemblement d'extrême droite. Intitulé "Unite the Right Rally", il réunissait des groupes de la droite radicale et identitaire, dont le Ku Klux Klan et des néonazis.

Ces groupes entendaient dénoncer le projet de Charlottesville de déboulonner dans un jardin municipal la statue du Général Lee, un gradé sudiste fervent pro-esclavagiste.

Des centaines de manifestants et de contre-manifestants étaient arrivés dans la matinée à Charlottesville, une ville de l'est de Etats-Unis. Des échauffourées entre les deux camps ont rapidement éclaté, malgré le déploiement de la police anti-émeutes et de la garde nationale.

Des événements prévisibles... 

Le 8 juillet dernier, quelques dizaines de membres encapuchonnés du Ku Klux Klan s'étaient déjà rassemblés dans cette ville décrite comme paisible. Les militants antiracistes se trouvant là furent bien plus nombreux. L’extrême-droite nationaliste, sans aucun doute décomplexée et boostée depuis que Donald Trump s’est installé à la Maison Blanche est apparue davantage rassemblée ce samedi 12 août.

Dans ce contexte, l’on mesure d’autant plus la pertinence du discours prononcé par Angela Davis, lors d’une manifestation féministe et antiraciste, dans les premiers jours après l’élection de Donald Trump.     

 

(Avec AFP) 

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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 20:51
Les vagues de chaleur provoquent déjà de nombreux morts en Europe. En France, celle de 2003 (15 000 décès) a laissé une marque indélébile. Jeff Pachoud/AFP

Les vagues de chaleur provoquent déjà de nombreux morts en Europe. En France, celle de 2003 (15 000 décès) a laissé une marque indélébile. Jeff Pachoud/AFP

Marie-Noëlle Bertrand - Lundi, 7 Août, 2017 - L'Humanité

 

Si le réchauffement persiste sur sa lancée, le nombre de morts qu’il provoque pourrait croître de 5 400 % d’ici à 2100, selon une étude publiée vendredi, qui parle de 152 000 décès.

Le chiffre est tombé vendredi, avec une précision aiguisée comme une faux : d’ici à la fin du siècle, les événements météorologiques extrêmes pourraient provoquer la mort de 152 000 personnes par an en Europe. Soit près de 55 fois plus qu’aujourd’hui, alors que les tempêtes, vagues de chaleur et autres inondations qui frappent l’Union européenne tuent environ 3 000 personnes chaque année. Cette perspective glaçante est avancée par des scientifiques du Centre commun de recherche de la Commission européenne. Cette hausse spectaculaire de la mortalité est quant à elle imputable au réchauffement climatique. Alarmiste ou alarmante ? Décryptage avec Hervé Le Treut, climatologue, directeur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace (IPSL) et coauteur du cinquième rapport du Giec.

 

Que dit l’étude ?

Les scientifiques, dont les résultats sont publiés dans The Lancet Planetary Health, se sont penchés sur les sept catastrophes météorologiques les plus meurtrières qui sévissent en Europe, à savoir les vagues de chaleur et de froid, les incendies, les inondations fluviales et maritimes, les sécheresses et, enfin, les tempêtes. Ils ont étudié les données de 2 300 catastrophes survenues entre 1981 et 2010, et ont croisé le tout avec des modèles climatiques, démographiques et économiques. Au total, deux tiers des Européens (contre 5 % durant la période 1981-2010) pourraient y être exposés plus ou moins violemment. Les vagues de chaleur arrivent en tête des phénomènes les plus meurtriers, provoquant 99 % des décès, lesquels passeraient de 2 700 à 152 000 par an en 2100. Soit une hausse de... 5 400 %. Les morts imputables aux inondations maritimes augmenteraient elles aussi de façon conséquente (+ 3 780 %). Les hausses seraient moins spectaculaires pour les incendies (+ 138 %), les inondations fluviales (+ 54 %) et les tempêtes (+ 20 %).

 

Alarmante ou alarmiste ?

Sorti de sa précision (au millier de morts près), « le chiffre de 152 000 décès par an d’ici à la fin du siècle n’a rien de surprenant », relève Hervé Le Treut. Les vagues de chaleur provoquent déjà de nombreux morts en Europe, rappelle le climatologue. En France, celle de 2003 (15 000 décès) a laissé une marque indélébile. L’étude prédit que l’Europe du Sud sera bien plus touchée que le Nord. Reste de nombreuses inconnues. Les scientifiques sont partis du postulat que les politiques climatiques, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, resteraient équivalentes à celles à l’œuvre. De fait, leurs résultats sont envisagés dans le cadre d’une hausse des températures mondiale de 3 °C. « Mais il est très difficile d’anticiper les politiques à venir », note Hervé Le Treut. Lors de la COP21, la communauté internationale a décidé de limiter le réchauffement global à 2 °C. Chaque pays s’est, depuis, engagé à un certain niveau d’efforts. Néanmoins, ces engagements ne permettent pas, aujourd’hui, de tenir le cap des 2 °C promis. Beaucoup envisagent un réchauffement minimal de 2,8 °C, voire plus. « Mais ces engagements des États ne portent que jusqu’à 2030, reprend Hervé Le Treut. Ce qui va se passer après va énormément compter. »

 

Quelles leçons en tirer ?

Cette étude ne se contente pas de confirmer des craintes. « Elle identifie clairement les zones de vulnérabilités européennes », explique Hervé Le Treut. Une donnée essentielle, si l’on veut pouvoir s’adapter, économiquement, voire physiquement, aux effets du réchauffement. « Quelle que soit son intensité, celui-ci sera un fait, poursuit-il. Il ne faut pas seulement réduire les gaz à effet de serre, mais prendre en compte les changements futurs dans nos politiques d’aménagement. »

L’urbanisme sera un secteur pilote, estime encore Hervé Le Treut, quand les îlots de chaleur, entre autres, se concentreront dans les villes. « Or, modifier une ville prend du temps, souligne-t-il. L’adaptation doit s’anticiper à l’échelle de décennies. »


 

 

 

 

 

Climat. Quand l’Europe crèvera de chaleur !
Climat. Quand l’Europe crèvera de chaleur !
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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 21:49
Le dossier Cuba paru dans L’Obs du 27 juillet 2017, si médiocrement racoleur, relève plus de l’invention littéraire et de « l’histoire complot » que d’une réflexion sur la vie et la pensée de Che Guevara, ce penseur marxiste de premier plan.

Le dossier Cuba paru dans L’Obs du 27 juillet 2017, si médiocrement racoleur, relève plus de l’invention littéraire et de « l’histoire complot » que d’une réflexion sur la vie et la pensée de Che Guevara, ce penseur marxiste de premier plan.

Jean Ortiz - Mardi, 1 Août, 2017

 

Serge Raffy, romancier, journaliste à l’Obs après être passé par le fidélisme, a changé de trottoir, s’est recyclé : « La Dépêche du Midi », « Elle », « Libération »..., hauts lieux, comme chacun sait, de la pensée critique et anti-système. Il est considéré comme un journaliste indépendant... des classes populaires, donc non domestiqué, « objectif », soucieux d’indépendance par rapport à tout ce qui n’est pas le système. Toujours dans le vent des puissants, il leur tourne autour comme mouche fascinée par lumière d'une ampoule. Il leur donne voix face à la menace des millions de « perdants », revanchards. Il butine, du bon côté de la fleur, toujours prêt à adapter sa veste afin de rester dans le vent... libéral, cela s’entend.

Son sang ne fait qu’un tour lorsque les paramilitaires mexicains, colombiens, massacrent des « subversifs », des journalistes, des jeunes Normaliens, des paysans, lorsque des fosses communes de « communistes » s’ouvrent au Guatemala, à la Madalena, en Colombie, lorsque les centaines de prisonniers palestiniens, turcs, kurdes, menacent de briser le blocus médiatique, lorsqu’au fil des ans, les agressions de Washington contre Cuba ont provoqué près de 3 500 morts...

Ami et biographe de Lionel Jospin puis de François Hollande, Serge Raffy partage avec ce dernier l’amour dévorant de la gauche (de gauche), et la proximité avec les faibles. Pourquoi un journaliste, si talentueux, gâche-t-il autant sa plume à la recherche des « secrets » des « grands » (François et Valérie, Nicolas et Carla, etc.), à la défense « des petits » et de leurs « icônes » : Che, Fidel, Chavez, contre les « les ogres » ? Il s’acharne avec panache contre « l’empoisonneuse » : Valérie Trierweiler. Que de talent gaspillé ! Que d’énergie perdue, qui pourrait être consacrée au combat contre le péril du « populisme » de gauche et « les dictateurs » de gauche, contre ces « grands récits »  qui structurent sa mémoire des peuples : les révolutions, les guérillas, les « libertadors », les gouvernements progressistes, les résistances à l’impérialisme des Etats-Unis... !

 

On sait depuis longtemps que Raffy aime Cuba, Fidel, le Che... comme on aime le steak, bien saignant, avec cette haine froide, calculée, cynique, des champions « libéraux » de la « révolution conservatrice », des droits de l’homme creux, élastiques, et à géométrie variable, jusque dans les travers. Serge Raffy ne loupe aucun « anniversaire », pour nous resservir, en tranches aguicheuses, sa biographie de 2003 « Fidel l’infidèle », le traitre, l’apostat, lui, le dernier des géants, un livre que François Hollande n’aurait parrrait-il pas aimé à l’époque, mais qui ne l'a pas dissuadé de se rendre à Cuba (malin et pragmatique, le « président normal »), business économique et politique obligent. Mais rassurez-vous, cette fois-ci, c’est la dernière. Le dossier de l’Obs s’intitule « Les derniers secrets du Che » ... par Madame Irma, sans doute.

 

 

Plus sérieusement et trêve maintenant de plaisanterie.

 

Le dossier Cuba paru dans L’Obs du 27 juillet 2017, si médiocrement racoleur, relève plus de l’invention littéraire et de « l’histoire complot » que d’une réflexion sur la vie et la pensée de Che Guevara, ce penseur marxiste de premier plan. Voilà ce que Raffy, entre autres, veut évacuer. Che serait un rebelle dur, « mystique », parfois sympathique, mais dépourvu de cause, d’idéologie. Un bourlingueur. Serge Raffy a le droit, comme tout un chacun, d’avoir un point de vue sur tout ce qu’il veut. Mais qu’il nous dise clairement d’où il parle, où il se situe... Le dossier de « L’Obs » repose sur des affirmations péremptoires, des « raffyrinades », des contre-vérités, des rumeurs, des ragots, de la boue qui tourne en rond depuis 1967. Tous les historiens devraient apprécier la dernière trouvaille de Raffy : Fidel aurait monté de toutes pièces « l’incroyable supercherie sur la légende de la Sierra Maestra », il aurait trompé son monde, à commencer par les « intellectuels », dont Raffy, en faisant croire à ses « chimères ». Pourquoi les avoir crues alors ? Le ressentiment est d’autant plus acerbe qu’ils se sont sentis dupés...

En vrac, quelques « raffyrinades », relevées dans l’Obs :

1/ « l’ » exécution (du Che) par la police bolivienne », selon Raffy.

En fait, c’est un sous-officier de l’armée, Mario Teran, qui est chargé de le mitrailler, de l’assassiner, après sa capture, blessé ; Che attend, une nuit durant, prisonnier dans la petite école du village de La Higuera. On promet à Teran un voyage aux Etats-Unis. Le Che était traqué depuis des semaines, encerclé par des agents de la CIA, par les troupes spéciales boliviennes (Les « Bérets verts »), formées par des instructeurs nord-américains présents sur le terrain.

 

2/ la guérilla en Bolivie : pour Raffy : « une vingtaine de « desperados », en majorité « Cubains », proches du Che depuis la « Sierra ». C’est faux... la majorité sont des Boliviens.

Et puis le climax !! A mourir de rire : Che Guevara voulait (paraît-il) fonder une « Union des Républiques socialistes d’Amérique latine ». Celle-là, Raffy est allée la chercher loin !!

En fait, le maquis, rassemblait au plus haut une cinquantaine de guérilleros, dont 17 ou 18 Cubains. La majorité des guérilleros étaient des Boliviens, et le groupe nullement des « desperados », mais des combattants très aguerris et politiques, porteurs du projet anti-impérialiste, internationaliste, de la révolution cubaine. Ils ont enduré les pires épreuves. La visée du Che, comme celle de Bolivar, de Marti, était continentale et la base de Ñancahuasu destinée à former des guérilleros vers l’Argentine, le Pérou... mais de là à vouloir créer une URSS latino-américaine, il y a la distance qui sépare la raison de la déraison, du fantasme.

3/ Che était considéré en Bolivie par les paysans comme « un bandit des grands chemins ».

En fait, les paysans boliviens, qui gardaient quelques miettes de la Révolution de 1952, collaborèrent peu avec le Che, c’est vrai (barrière culturelle, peur, etc.). En 1967, le régime bolivien était une dictature militaire, celle du général Barrientos. Che pouvait apparaître comme un guérillero, un révolutionnaire « étranger », mais nullement comme « un bandit ». C’est prendre les paysans boliviens pour des imbéciles.

 

4/ « l’escapade pékinoise du Che », sur décision personnelle, afin de rencontrer Chou en Laï.

Comment peut-on imaginer une seconde que Che ait pu voyager à Pékin sans information ou/et accord du « Comandante en chef »? C’est inventer des affrontements, des ruptures imaginaires. Che et Fidel, globalement sur la même longueur d’onde, partageaient les mêmes approches... mais il était difficile à Fidel, étant donnée sa position, d’avoir la même liberté de ton et de contenu que le ministre Che. Che s’amuse lui-même de la réputation de maoïste et de trotskiste que certains lui font. Lors de son dernier voyage en Chine, début 1965, les Chinois le battent froid, et n’annonceront sa mort que longtemps après octobre 1967.

 

5/ Au retour du Séminaire d’Alger (février 1965, où il prononça une critique implacable du modèle et de l’attitude soviétiques) : un entretien houleux (avec Fidel) qui aurait duré deux jours

« les deux hommes en vinrent quasiment aux mains » (source : Maria la femme de ménage cachée dans une armoire, ou Serge Raffy écoutant par le trou de la serrure ?) Cette thèse de « la rupture » avec Fidel, qui se débarrasse « d’un rival », de surcroît belle gueule, est contredite par toutes les déclarations des deux hommes, de Mexico à la mort de Fidel.

« Le dialogue Che-Fidel, une alchimie révolutionnaire féconde, a connu des tensions, parfois des divergences, mais jamais de rupture (...), de mise à l’écart du Che, comme des voyeuristes l’écrivent sans preuve » (Jean Ortiz, Vive le Che !, p. 219), sans mesurer la force des liens de confiance, d’empathie, d’admiration, qui unissaient les deux hommes.

Che se trouvait déjà en Bolivie lorsque « Granma », en mars 1967, publia quatre éditoriaux contre la bureaucratie ; de même lorsque se tint à La Havane la conférence Tricontinentale (avril 1967), présidée par Fidel, et lors de la première Conférence de l’OLAS, en juillet 1967... Che a choisi la Bolivie de son plein gré, ce pays « maillon faible ». Il avait annoncé à Fidel, dès l’entraînement au Mexique, que lorsque la révolution l’aurait emporté à Cuba, il rejoindrait « d’autres terres » pour y continuer le combat. Fidel a consacré d’importants moyens à la mise en place de la guérilla en Bolivie. Dans le ravin du Yuro, début octobre 1967, rien n’était possible pour sauver le Che.

 

6/ « Che est un mystique au caractère « suicidaire, sacrificiel » Il a « une conception religieuse du pouvoir »

(source : archevêché de La Havane ? ou  Docteur Freud ?) Bref un Che raffyriné, un Che de « zarzuela », d’opérette, un Che relevant de la psychiatrie lourde. Il suffit de lire les textes du Che, les témoignages de ses compagnons, d’être attentif à ses hauts faits du maquis, à son courage inouï, pour comprendre que Che éduque par son exemple, qu’il risque la mort par conviction politique sans compromis, qu’il assume un engagement total porté par l’intime certitude que la lutte peut être victorieuse.

 

7/ « le camp de Segundo Cazalis » : « un centre de réhabilitation pour ouvriers et paysans ».

Les rumeurs venues du camp prétendaient que le Che y formait « par le cachot et la privation de nourriture », des « hommes neufs », une nouvelle catégorie de prolétaires : « les esclaves ouvriers ». Ce terrible camp là, il semble que seul Serge Raffy le connaisse, mais il ne le situe pas. Des biographes de premier plan comme l’Américain Jon Lee Anderson, Pierre Kalfon, Taibo Segundo, n’en font pas état.

Che ministre combat durement l’absentéisme, la bureaucratie, la corruption parmi le personnel , à commencer par les vice-ministres, les « petits chefs », les cadres... Aux coupables de négligence ou de petits délits, Che impose des sanctions disciplinaires : du travail manuel durant quelques semaines dans un « camp de travail » à Guanahacabibes, à l’extrême ouest de Cuba, à 94 km de Pinar del Rio.  Les sanctionnés qui acceptent  de venir couper la canne reviennent ensuite à leur poste de travail au Ministère de l’Industrie. Ceux qui refusent cette sanction par le travail seront livrés à la justice ordinaire, mais ne retrouveront pas leur emploi au terme de leur condamnation.  

Le camp ferme en 1965 lorsque le Che « disparaît ». Dans ce camp, le travail et la discipline s’avéraient durs, mais il est malhonnête d’en faire quasiment un camp de concentration.

 

Approximations :

8/ pseudonyme en Congo « Tato »

En réalité « Tatú »

 

9/ « Son corps est exposé sur la place publique dans la commune de Vallegrande » ...

Non, sur une paillasse à la laverie du petit hôpital de Vallegrande

 

 

Le mensonge ultime :

10/ « il (Che) a ordonné l’exécution d’une centaine d’opposants » lorsqu’il dirigeait la forteresse du port de La Havane. Ah ! « le boucher de La Cabaña ».

Ce bobard va tourner en boucle. Lorsque le Che rentre avec sa colonne à la Havane, Fidel le nomme chef militaire de la forteresse (La Cabaña) qui défend l’entrée du port. C’est ici que vont avoir lieu les procès, certes rapides, mais légaux, de « l’épuration ». Dans les premiers jours de la victoire, le peuple cubain se fait justice par lui-même contre des criminels de guerre, des sbires, des tortionnaires, des « bêtes ». Il se venge des bourreaux. La France a connu cela, l’épuration, à partir de l’été 1944, contre les « collabos », les miliciens, les fascistes français. Entre 10 000 victimes, hypothèse basse et près de 112 000 (enquête de gendarmerie de 1948). A Pamiers, par exemple, dans l’Ariège, les cinq premiers jours de la Libération, le 18 août 1944, un « tribunal du peuple », improvisé, condamne à mort 42 collabos de Vichy. La dictature de Batista (1952-premier janvier 1959) relevait du régime terroriste. Chacun peut consulter la presse de l’époque et se faire une opinion. Parler « d’opposants » exécutés relève d’un ignoble détournement historique. 20 000 morts victimes de la terreur d’Etat batistienne, pour environ 6 600 000 habitants fin 1958. Une proportion faramineuse.

Près de 500 criminels, jugés par des tribunaux constitués, selon l’urgence du moment, sont exécutés. La peine de mort avait été rétablie par le dictateur Batista. La colère populaire grondait. Les lynchages se multipliaient. Fidel Castro met rapidement fin à « l’épuration sauvage » et exige que les procès des bourreaux soient les plus normaux possibles dans une situation de totale anormalité. Jorge Castañeda, le biographe mexicain du Che, devenu néo-libéral après avoir été communiste, écrit dans La vida en rojo (1997) : « il n’y eut pas de bain de sang : (   ) ce qui est surprenant, c’est que le nombre des morts soit resté si petit » (p. 183)

 

Pour salir, criminaliser, les grandes figures de l’histoire des peuples, les révolutionnaires, encore faudrait-il s’appuyer sur autre chose que des a priori idéologiques, des approximations partisanes, de la haine fermentée.

 

 

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28 juillet 2017 5 28 /07 /juillet /2017 23:23
VENEZUELA : le bain de sang approche. Que fait la gauche internationale ?
Un pays pétrolier qui résiste à l’Empire depuis plus de quinze ans et qui a sorti du néant ses « fils de rien »

 

Il ne faudra pas venir pleurer demain lorsque l’on assassinera, torturera, « disparaîtra », les militants chavistes. Les précédents historiques sont malheureusement nombreux. (Tout le monde a oublié ? Le Chili ? Salvador Allende ? Pablo Neruda ?... Ndlr)

Les classes dominantes vénézuéliennes veulent une revanche sociale, liquider la « révolution bolivarienne », ou ce qu’il en reste, afin que le peuple des anciens « invisibles » ne relève plus jamais la tête. L’oligarchie veut que ces « fils de rien », auxquels le chavisme a donné statut et dignité, retournent au néant.

On peut émettre des critiques sur la gestion, sur la stratégie du président Maduro. Mais il a été élu, certes de peu, mais élu. Donc légitime. Il propose le dialogue, et a le droit de se défendre contre des émeutiers. La plupart des médias vénézuéliens et étrangers s’acharnent à donner une image chaotique du pays, à mettre sur le dos des chavistes les exactions commises par des groupes violentissimes, masqués, souvent armés, les « guarimbas », qui veulent la guerre civile.

L’opposition vénézuélienne n’est pas toute favorable à ce coup d’Etat permanent, qui va déboucher sur un massacre. Mais les secteurs qui dominent cette opposition sont parvenus à la radicaliser, à instrumentaliser le dépit de secteurs populaires éprouvés. Ils sont majoritairement d’ultra-droite. Ils veulent en découdre, et rapidement désormais. Ouvertement encouragés par la brute va-t-en guerre Trump, ils redoublent d’exactions, de sabotages, de destruction de bâtiments et de services publics, de violences en tout genre.

Le pays étant encore en grande partie capitaliste, l’oligarchie, les propriétaires, les possédants, organisent la guerre économique sur des produits ciblés, et font porter la responsabilité des difficultés structurelles, des pénuries et des queues interminables sur le gouvernement, qui n’est pas tout blanc, mais qui cherche, par la Constituante, une issue pacifique à la crise abyssale.

On peut, voire il faut, critiquer les erreurs du régime, mais n’oublions jamais que les chavistes et le peuple (même si une partie peut s’en éloigner) sont sous le feu permanent d’une véritable guerre menée par les Etats-Unis contre un pays aux énormes ressources pétrolières, et qui a osé résister à « l’Empire » pendant plus de quinze ans et chercher une autre voie que celle de l’inféodation, vers l’indépendance, la justice sociale, le socialisme. Qui a eu le culot, par la voix d’Hugo Chavez, de remettre les dirigeants des Etats-Unis (« ¡Váyanse pal carajo, yanquis de mierda ! ») à leur place.

N’est-il pas temps que la gauche dans son ensemble se ressaisisse et manifeste sa condamnation de l’ingérence étrangère dans un pays souverain, et affirme sa solidarité, fût-elle critique, voire conditionnelle (ni dans l’aveuglement, ni donneuse de leçon), avec la révolution bolivarienne ?

« La solidarité est la tendresse des peuples » disait Che Guevara. Il faut être aveugle, ou inconséquent, pour ne pas saisir ce qui est aujourd’hui en jeu au Venezuela.

Jean ORTIZ, Maître de conférences, université de Pau.

 

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16 juillet 2017 7 16 /07 /juillet /2017 20:09
Montage AFP

Montage AFP

Le Parti communiste a déploré samedi la venue du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, aux commémorations du 75e anniversaire de la rafle du Vel'd'Hiv.

 

Le 16 juillet, Emmanuel Macron et le premier ministre israélien [ont commémoré] ensemble la rafle du Vél’d’Hiv de 1942, où 13 152 personnes juives, parmi lesquelles plus de 4 000 enfants, ont été arrêtées par la police de Pétain pour être déportées. Ce moment de recueillement devrait envoyer un message fort de paix, selon le PCF, qui souligne que Netanyahou, « dont l’obédience d’extrême droite n’est plus un secret » et « qui, chaque jour, fait obstacle à la construction d’un processus de paix, juste et durable, entre Israéliens et Palestiniens », n’est pas l’homme de ce message. « Nul n’a oublié qu’en octobre 2015, il avait provoqué une indignation unanime, jusqu’au gouvernement allemand, en affirmant, au mépris de la réalité historique et des faits, qu’Hitler n’(avait) pas souhaité exterminer les juifs », rappelle le communiqué. En janvier, le premier ministre israélien avait refusé de participer à la conférence internationale sur le Proche-Orient, la qualifiant l’événement « d’imposture ».

 

Maud Vergnol - Chef de la rubrique Politique

 

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12 mars 2017 7 12 /03 /mars /2017 21:33
Photo Tony Karumba/AFP

Photo Tony Karumba/AFP

avec afp - Dimanche, 12 Mars, 2017 - Humanite.fr

 

Les Nations Unies ont averti ce samedi que le monde est confrontée à la « pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale », avec un risque de malnutrition et de famine pour 20 millions d'habitants de trois pays d'Afrique et au Yémen.

Somalie, Soudan du Sud, Nigeria et Yémen, tous en proie à des conflits armés, sont les pays cités dans la déclaration faite vendredi devant le Conseil de sécurité par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, Stephen O'Brien. Le responsable qui s'est rendu au début du mois au Yémen, au Soudan du Sud et en Somalie, a lancé un appel à une mobilisation urgente, réclamant 4,4 milliards de dollars à la communauté internationale d'ici juillet pour « éviter une catastrophe. » LIRE LA DÉCLARATION (en anglais)

« Les Nations Unies lancent un avertissement, le monde fait face à sa pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, avec plus de 20 millions de gens confrontés à la faim et à la famine dans quatre pays », a-t-il déclaré.

« Sinon, on peut prédire que beaucoup de gens vont mourir de faim, perdre leurs moyens de subsistance et voir annulés les acquis politiques durement gagnés au cours des dernières années », a ajouté M. O'Brien. « Sans des efforts collectifs et coordonnés à l'échelle mondiale, des gens vont tout simplement mourir de faim. Beaucoup d'autres vont souffrir et mourir de maladie. Des enfants vont être retardés (dans leur développement) et manqueront l'école. Des moyens d'existence, des avenirs et des espoirs seront perdus », a averti le secrétaire général adjoint.

Le Yémen, a-t-il souligné, est actuellement le théâtre de la « pire crise humanitaire au monde ». Deux tiers de sa population - 18,8 millions de personnes - ont besoin d'assistance et plus de sept millions « gnorent d'où proviendra leur prochain repas » a-t-il dit en faisant état de déplacements massifs de populations, déracinées par les combats entre forces gouvernementales et houthistes. Le conflit a déjà fait plus de 7.400 morts et 40.000 blessés depuis mars 2015, selon l'ONU.

De récents accords entre les belligérants ont permis l'acheminement d'une aide alimentaire à 4,9 millions de personnes le mois derniers. « Pourtant, toutes les parties au conflit refusent arbitrairement un accès durable aux humanitaires et instrumentalisent l'aide à des fins politiques », a déclaré M. O'Brien. Il a estimé que 2,1 milliards de dollars étaient nécessaires pour aider 12 millions de gens et annoncé qu'une conférence au niveau ministériel aurait lieu le 25 avril à Genève en présence du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres pour lever des fonds.

Au Soudan du Sud, M. O'Brien a dit avoir trouvé « la situation pire que jamais », en raison de la guerre civile qui ravage le pays depuis décembre 2013. Les parties du conflit sont responsables de la famine, a-t-il accusé. Plus de 7,5 millions de personnes ont besoin d'aide, soit 1,4 million de plus que l'an dernier, dans ce pays qui compte 3,4 millions de déplacés. En Somalie, c'est plus de la moitié de la population -- 6,2 millions d'habitants -- qui a besoin d'aide et de protection, dont 2,9 millions menacés par la famine. Près d'un million d'enfants de moins de 5 ans souffriront cette année de grave malnutrition, a-t-il dit, dans ce pays plongé depuis près de trois décennies dans le chaos et la violence entretenus par des milices claniques, des gangs criminels et l'insurrection des islamistes shebab.

« Ce que j'ai vu et entendu lors de ma visite en Somalie était bouleversant - des femmes et enfants marchent des semaines à la recherche de nourriture et d'eau ». « Ils ont perdu leur bétail, les sources d'eau potable se sont asséchées et ils ne leur reste plus rien pour vivre », a-t-il noté, ajoutant qu'on assistait à un vaste mouvement de population vers les centres urbains. Enfin, dans le nord-est du Nigeria, théâtre de l'insurrection des islamistes de Boko Haram depuis 2009, frappé par le changement climatique et victime de la mauvaise gouvernance, plus de 10 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire, dont 7,1 millions sont « confrontées à une grave précarité alimentaire », a dit M. O'Brien. Lors de la Conférence d'Oslo sur le Nigeria et le bassin du lac Tchad le mois dernier, des contributions à hauteur de 672 millions de dollars ont été annoncées, en deçà de l'appel, fixé à 1,5 milliard de dollars.

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