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4 janvier 2018 4 04 /01 /janvier /2018 22:51
On oublie souvent que la République fut proclamée à trois reprises en Espagne et à cinq en Catalogne.

On oublie souvent que la République fut proclamée à trois reprises en Espagne et à cinq en Catalogne.

Jean Ortiz - Jeudi, 4 Janvier, 2018

 

On oublie souvent que la République fut proclamée à trois reprises en Espagne et à cinq en Catalogne.

La « Première République » le fut, en 1873, sur tout le territoire espagnol. Le sentiment national a des racines profondes. Il vient de loin. En 1640, les Catalans se soulèvent contre « l’État central » lors de la « Guerre dels segadors (faucheurs ») soutenus par la France. Ils proclament alors la « République » indépendante, sous protectorat français. Au XVIIIe, Felipe V abolit les « privilèges » (droits spécifiques ancestraux, reconnus par la loi) catalans. La Catalogne commence à connaître un essor économique et industriel. Toutes les tentatives républicaines ont prôné et commencé à réaliser (ou réalisé) la séparation de l’Église et de l’État, sa laïcisation... Autant de thèmes insupportables pour la richissime Église espagnole, propriétaire de banques et de grandes propriétés entre autres, pour l’oligarchie des « terratenientes », pour la finance, pour de nombreux officiers...

 

Les listes républicaines l’emportent contre toute attente partout en Espagne, aux élections municipales d’avril 1931 ; le roi Alfonso XIII, qui embaucha le dictateur Primo de Rivera, fait ses valises et la République est proclamée le 14 avril, quasi simultanément, à Barcelone et à Madrid.

 

A Barcelone, elle est décrétée même une heure avant Madrid par les maires, et du haut du balcon de l’actuelle Generalitat, par Francesc Maciá, (leader de centre-gauche de l’ERC, la Gauche républicaine de Catalogne). Il devient le premier président de la Generalitat. La proclamation espère « que les autres peuples d’Espagne se constituent en République ». En août 1931, les forces progressistes et révolutionnaires, puissantes et combatives en Catalogne, instaurent un gouvernement catalan, un parlement, une  langue officielle , etc. L’aspiration républicaine porte en elle une forte exigence sociétale et sociale. Ici, majoritairement, on est Espagnol et Catalan, ou Catalan et Espagnol... La revendication d’autonomie englobe surtout la reconnaissance des droits, de la spécificité catalane, de la culture et de la langue...

 

L’ERC, qui a gagné les municipales, porte un projet de « République fédérale » ; il sera négocié à la baisse, et deviendra le « Statut spécifique » de 1932, plus modéré. En Catalogne comme ailleurs, des milliers de journaliers ne possèdent aucun arpent de terre. Dans les usines, les patrons n’hésitent pas à recruter des tueurs pour liquider les « meneurs » des grèves et des luttes sans quartier. Les anarchistes, le groupe « Los Solidarios », pratiquent l’auto-défense.

 

En décembre 1933, le président de la Generalitat, Luis Maciá, décède, et un autre « républicain modéré », une grande figure, Lluís Companys, lui succède. Il est déjà à cette étape, difficile d’étiqueter le mouvement autonomiste, l’exigence identitaire. Pour beaucoup, ils sont « globalement de gauche ». Il existe deux puissantes forces populaires : les anarchistes de la CNT-FAI et la socialiste UGT. Les communistes du PSUC, pour qui va primer la défense de cette République contre le fascisme, se renforceront plus tard.... Le trotskisant POUM et les anarchistes considèrent la Deuxième République comme « bourgeoise ». Les deux logiques en présence sont irréconciliables et vont s’affronter durement. En août 1937, le gouvernement envoie la Onzième division de l’Armée populaire républicaine pour mettre au pas, par les armes, le libertaire « Conseil d’Aragon », après avoir en mai réprimé l’insurrection populaire anarcho-syndicale à Barcelone (Telefónica), au moment où siègent au gouvernement trois ministres anarchistes. Les unités qui firent le « sale boulot » étaient pour la plupart commandées par des communistes. Ce sang versé, entre antifascistes, reste encore aujourd’hui objet de ressentiments fratricides, ineffaçables, du moins difficiles à dépasser...

 

En octobre 1934, les conservateurs avaient gagné les élections générales, conséquence des promesses sociales non tenues par la République. Face à « l’incumplimiento », les engagements non respectés, l’UGT et le PSOE appellent à la grève générale. Les mineurs de Asturies se soulèvent. La « révolution des Asturies » s’organise en « République socialiste des Asturies ». En réponse, l’armée massacre les mineurs. Pour protester contre la « fascisation, la restauration en marche », le 6 octobre 1934, Lluís Companys, président de la Generalitat, proclame l’Etat catalan, au sein de la République fédérale espagnole. Un éphémère État qui sera, lui aussi, noyé dans le sang. Le président Companys est arrêté, emprisonné, et le gouvernement autonome catalan suspendu. Lluís Companys est condamné à 30 ans de prison. A Madrid, le gouvernement est aux mains des forces les plus conservatrices : la CEDA, les « Radicaux », Rénovation nationale... A Barcelone, le général Domingo Batet a étouffé l’initiative du président de la Generalitat, Lluís Companys.

 

Force majoritaire , enracinée depuis des décennies en Catalogne, l’anarchiste CNT-FAI mène, depuis la fin du XIXe, une lutte des classes frontale. Elle engage, surtout après février 1936, (victoire électorale du Front populaire) un processus révolutionnaire de « collectivisations », particulièrement à la campagne, d’appropriation collective et sociale des moyens de production, y compris du petit commerce et de l’artisanat. Mais elle refuse de prendre le pouvoir politique, à la tête de la Generalitat. Le « golpe » civico-militaire de juillet 1936 accélère le mouvement.

 

Les « collectivités », (« début de révolution » selon les libertaires), leur opportunité, se trouvent contestées par les communistes, par de larges secteurs du PSOE, des « azagnistes », des nationalistes catalans, et par les autres petits partis républicains modérés. Ils les considèrent comme une dispersion de forces face à la prioritaire et urgente résistance antifasciste, afin de « gagner d’abord la guerre » par la consolidation d’une Armée populaire républicaine. Pour que, notamment, la Catalogne retrouve un statut d’autonomie. Pour des milliers de pauvres, d’ouvriers, de sans terre, la révolution esquisse une société nouvelle, solidaire : le communisme libertaire. L’identité ne va pas sans la « question sociale ». Les miliciens luttent à la fois contre le fascisme et pour la révolution.

 

C’est seulement en février 1936, lorsque le Front populaire gagne les élections, que des milliers de prisonniers politiques, dont Lluís Companys, sont libérés. Ce dernier redevient Président de la Generalitat, le parlement et les autorités catalanes. Le « statut catalan », démocratique, adopté en octobre par les « cortés », garantit l’autonomie. Lors de la défaite militaire des Républicains, en janvier-février 1939 (Barcelone tombe le 26 janvier), la Generalitat est abolie par les franquistes victorieux, et le président Companys se réfugie en France. Là, avec la complicité de Vichy, la Gestapo l’arrête le 13 octobre 1940, et le livre à Franco. Ce dernier le fusille le 15 octobre 1940 au Château de Montjuic.

 

La revendication d’autonomie des catalanistes est, dans ces années 1930, globalement « de gauche », comme elle le sera, beaucoup plus, sous le franquisme. Elle implique le mouvement ouvrier. Aujourd’hui, les principaux leaders du mouvement indépendantiste, qui est devenu majoritaire pour la première fois en 2015, appartiennent pour la plupart à la cossue bourgeoisie catalane, très libérale et « européiste ». L’indépendantisme est teinté d’aspects « patriotards ». Mais l’essentiel est ailleurs. La République, celle que voudrait la bourgeoisie catalane, n’est pas la nôtre, mais elle ouvre une brèche au peuple et la monarchie se retrouve frappée d’illégitimité, elle qui reste la pièce maîtresse du continuisme franquiste.

 

Parler catalan conduisait, sous le franquisme, à la torture et à la prison. Communistes du PSUC, anarchistes, groupes de lutte armée, catalanistes, chanteurs, menèrent alors une résistance irréductible et quotidienne. Les « 33 tours » de Luis Llach , María del Mar Bonnet (des Canaries), Raimón, Pi de la Serra... circulent clandestinement.

 

En 1979, la Catalogne retrouve son statut d’autonomie, repris dans la constitution de 1978. Cette dernière garantit, par son article 137, le paiement de la dette bancaire privée avec des moyens publics, dans son article 38, la liberté d’entreprise dans le cadre de l’économie de marché, et dans l’article 8, stipule que l’armée est garante de l’unité nationale. Toujours selon la constitution de 1978, l’Espagne s’organise en 17 « communautés autonomes », dont trois « historiques ». Les forces de droite ont dû céder sur la vision centraliste, uniforme, uninationale, de l’État espagnol, dont le centre est, selon elles, Madrid. La démocratisation de l’État espagnol, même si elle reste à réaliser, pour une Espagne plurinationale, a toutefois marqué des points.

 

En mars 2006, les parlements catalan et espagnol votent un texte comportant la notion de « nation » à propos de la Catalogne, au sein d’un ensemble fédéral, ainsi qu’un « statut catalan élargi » (ouvrant plus de compétences).

 

Rajoy et le PP mettent le feu aux poudres. Ils affichent mépris et intransigeance. En 2010, le néo-franquiste Rajoy fait annuler par le Tribunal Constitutionnel, la notion de « nation » ainsi que le nouveau statut. Le 11 septembre 2012, jour de la « Diada », fête nationale catalane, un flot humain réclame le droit de décider, le retour au statut élargi. Pour la première fois, lors du référendum de 2015, le mouvement, jusqu’ici « autonomiste », devient majoritairement « indépendantiste ».

 

On connaît la suite. Madrid persiste dans son refus de négocier, de prendre en compte l’aspiration sociale et démocratique des Catalans.

Quelles qu’en soient les conséquences !


 

 

 

 

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3 janvier 2018 3 03 /01 /janvier /2018 20:43
Éditorial. Soupçon de connivence !

Par Sébastien Crépel - Mercredi, 27 Décembre, 2017 – L'Humanité

 

Emmanuel Macron a, paraît-il, une qualité extraordinaire : il fait ce qu’il a dit qu’il ferait. On nous l’a répété à longueur de média en cette fin d’année. Ce don serait tellement hors du commun qu’il se passerait de la moindre preuve, le regain de popularité du chef de l’État dans les enquêtes d’opinion suffisant à en constater l’évidence. Subtilement, un glissement s’opère ainsi au profit du président et de la majorité les plus mal élus de la Ve République : la légitimité d’une politique ne se mesurerait plus à son approbation par les Français, mais au seul fait d’avoir été prétendument annoncée avant l’élection.

On pourrait aussi demander leur avis à ceux qui font les frais de ces soi-disant « promesses » tenues, par exemple en interrogeant les salarié-e-s de chez Pimkie. Deux cents d’entre elles et eux pourraient être remercié-e-s l’an prochain par la famille Mulliez, les fondateurs d’Auchan, qui pointent au quatrième rang des fortunes de France. Ces milliardaires propriétaires de la marque de vêtements auraient toutes les raisons de dire « merci Macron », puisque les ordonnances leur donnent la possibilité d’éviter les tracasseries d’un plan social en cas de licenciements économiques pour leur préférer la voie de la « rupture conventionnelle collective », sans obligation de reclassement ni indemnités supralégales. Or, non seulement de telles régressions sociales n’ont jamais été évoquées pendant la campagne – le contenu des ordonnances ayant été caché puis nié par ses auteurs une fois le texte dévoilé dans la presse une semaine avant les législatives –, mais Emmanuel Macron avait aussi indiqué que son projet de rendre le licenciement moins coûteux avait pour objectif de « lever les freins à l’embauche en CDI »… On voit ce qu’il en est dans le cas de Pimkie.

Le chef de l’État ne joue pas plus franc-jeu que ses prédécesseurs. Être journaliste et affirmer le contraire sans sourciller est problématique dans une démocratie malade du soupçon de connivence du pouvoir et des « médias ».

 

Sébastien Crépel - journaliste

 

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1 janvier 2018 1 01 /01 /janvier /2018 21:11
Selon l'Insee, le porte-monnaie des familles serait pénalisé de 4,5 milliards d’euros, à « structure de consommation » identique à 2017... Photo : Philippe Huguen/AFP

Selon l'Insee, le porte-monnaie des familles serait pénalisé de 4,5 milliards d’euros, à « structure de consommation » identique à 2017... Photo : Philippe Huguen/AFP

Loi de finances - Sébastien Crépel - Vendredi, 22 Décembre, 2017 - Humanite.fr

 

Contrairement aux promesses de l’exécutif, la facture des prélèvements s’alourdira sensiblement en 2018 pour les ménages qui ne bénéficieront pas des cadeaux réservés aux plus riches.

L’intox d’un budget pour « redonner du pouvoir d’achat aux Français » aura fait long feu. Dans sa note de conjoncture publiée mardi soir, l’Insee se penche sur les effets attendus des mesures fiscales d’Emmanuel Macron l’an prochain. Et là, surprise. Même si l’institut a pris d’infinies précautions en précisant après coup qu’il livrait un « simple éclairage sur l’incidence de ces différentes mesures sur l’évolution du pouvoir d’achat des ménages » et en aucun cas une « prévision d’évolution des prélèvements », il n’en relève pas moins qu’« en moyenne sur l’année 2018, les prélèvements obligatoires sur les ménages augmenteraient légèrement, notamment sous l’effet de la fiscalité indirecte ». Conséquence pour le porte-monnaie des familles, celui-ci serait pénalisé de 4,5 milliards d’euros, à « structure de consommation » identique à l’année précédente, précise l’Insee. L’explication tient dans le calendrier subtilement décalé des baisses et des hausses de prélèvements qui « interviendront à des période différentes de l’année ». Au total, « la combinaison de ces hausses et de ces baisses augmenterait les prélèvements obligatoires de 4,5 milliards d’euros » l’an prochain.

Une hausse moyenne de 300 euros par foyer fiscal 

Ainsi, si la baisse des cotisations sociales promise aux salariés s’effectuera en deux temps, en janvier puis en octobre, limitant ses effets sur l’année, la hausse de la CSG de 1,7 point se fera sentir dès le 1er janvier dans le budget des ménages. Idem pour la hausse des taxes sur le tabac et sur les carburants, ou encore pour l’augmentation de 0,27 point de la cotisation à la retraite des fonctionnaires, toutes applicables au 1er janvier. En revanche, une mesure comme l’abattement de 30 % de taxe d’habitation pour 80 % des foyers ne sera pleinement effective qu’en novembre, au moment du paiement de la taxe pour les ménages non mensualisés.

Mais ce n’est pas tout. Pour faire leur calcul, les statisticiens de l’Insee ont inclus fort logiquement au titre des baisses d’impôts profitables aux ménages pris dans leur ensemble, sans distinction de revenus ou de patrimoines, des mesures comme le réaménagement de l’impôt sur la fortune (ISF) ou encore la mise en place du « prélèvement forfaitaire unique » sur les revenus du capital. Or si celles-ci ont un fort impact budgétaire « positif » dans le solde global des baisses et des hausses d’impôt (4,5 milliards d’euros), elles ne profiteront dans les faits qu’aux classes les plus aisées.

Si on corrige donc l’estimation de l’Insee en neutralisant les effets de ces mesures pour les foyers trop « pauvres » pour en bénéficier, c’est-à-dire la quasi-totalité, la facture devrait alors s’alourdir d’autant et avoisiner les 9 milliards d’euros pour tous ceux qui n’ont ni résidence secondaire, ni portefeuille d’actions. Soit, au bas mot, une moyenne de 300 euros de hausse de prélèvements par foyer fiscal pour 2018…

 

Sébastien Crépel - journaliste


 

 

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 23:18
Le 25 décembre, un tribunal militaire a prolongé la détention d’Ahed Tamimi. A. Gharabli/AFP  Jeudi 21 décembre, Ahed Tamimi, 16 ans, était arrêtée en Cisjordanie après avoir giflé des militaires, rejoignant ainsi les 700 autres mineurs prisonniers de Tel-Aviv.

Le 25 décembre, un tribunal militaire a prolongé la détention d’Ahed Tamimi. A. Gharabli/AFP Jeudi 21 décembre, Ahed Tamimi, 16 ans, était arrêtée en Cisjordanie après avoir giflé des militaires, rejoignant ainsi les 700 autres mineurs prisonniers de Tel-Aviv.

Stéphane Aubouard - Vendredi, 29 Décembre, 2017 - L'Humanité

 

Il y a une semaine, Ahed Tamimi, 16 ans, icône aux boucles blondes de la lutte des enfants palestiniens contre Israël, était arrêtée à Nabi Saleh, au nord de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Son crime ? Avoir giflé des militaires israéliens qui quelque temps plus tôt avaient tiré à bout portant sur son cousin de 14 ans, Mohammed Tamimi. Une semaine plus tard, tandis que le jeune homme est toujours entre la vie et la mort, l’adolescente, qui devait initialement passer trois jours en garde à vue, attend toujours sa libération. Ce jeudi, elle comparaissait devant un tribunal militaire israélien.

Un scénario banal sur les bords de la mer Morte qui se nourrit notamment de la passivité de grandes démocraties occidentales sourdes et muettes. Les faits sont pourtant avérés et documentés. En 2015, l’ONU avait obtenu le témoignage de 122 enfants palestiniens de Cisjordanie arrêtés par les forces de sécurité israéliennes. Tous y ont vécu l’enfer : passage à tabac, coups de bâton, yeux bandés, coups de pied, violences verbales et menaces sexuelles (Assemblée générale, Conseil de sécurité, rapport du secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, 2015). D’après un rapport de l’Unicef daté de 2016, plus d’un dixième des mineurs incarcérés en Israël sont mis à l’isolement pendant une durée moyenne de treize jours. Jeunes filles et garçons sont embastillés dans des cellules aveugles et sans commodités, une lampe allumée 24 heures sur 24.

Depuis 2015, le nombre de mineurs détenus par Israël a explosé

L’ONG française Ensemble pour la justice en Palestine a récemment alerté sur le nombre croissant des enfants palestiniens emprisonnés. Entre 500 et 700 jeunes gens seraient ainsi jetés en prison chaque année en Cisjordanie. Depuis l’an 2000, plus de 8 000 mineurs ont été détenus, interrogés et inculpés par la justice militaire israélienne. Entre 2015 et 2016, leur nombre aurait triplé. « La plupart sont inculpés pour avoir lancé des pierres et 3 enfants sur 4 subissent des violences physiques lors de leur arrestation, transfert ou interrogatoire », peut-on lire sur le site.

Certes, Israël n’est pas plus tendre avec ses propres enfants. Mais une différence de traitement s’opère dès lors que vous êtes né d’un côté ou de l’autre du mur de séparation. Un rapport du ministère des Affaires étrangères britannique datant de 2012 la décrit avec précision : « Les enfants israéliens peuvent avoir accès à un avocat dans les 48 heures. Ils ne peuvent pas être emprisonnés avant l’âge de 14 ans. Les parents peuvent les accompagner durant l’audition par les forces de l’ordre et la justice », alors que « pour les enfants palestiniens, ils peuvent être incarcérés dès l’âge de 12 ans et détenus 90 jours sans avocat. Aucun enregistrement audio-vidéo n’est possible, ni accompagnement des parents ». Une réalité qui perdure aujourd’hui sans la moindre réaction à l’échelle internationale. Pourtant, une fois la sentence rendue, 60 % des mineurs incarcérés sont transférés des territoires occupés vers les prisons israéliennes, et ce en violation même de la quatrième convention de Genève. Théoriquement, celle-ci protège les civils aux mains d’un État ennemi contre l’arbitraire de celui-ci.

Seule amélioration notable – sur la forme tout du moins – pour les enfants placés sous la férule de la justice israélienne : la création en 2009 de la Military Juvenile Court, une juridiction pour mineurs. Mais certains continuent de purger leur peine dans des prisons pour adultes.

Tel Aviv s’acharne sur Khalida Jarrar

Les autorités israéliennes ont prolongé de six mois la détention de l’avocate palestinienne Khalida Jarrar. Arrêtée en juin 2017, celle-ci est accusée de plusieurs infractions à la sécurité, notamment d’avoir porté le drapeau du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), considéré par Israël comme une formation terroriste.

Stéphane Aubouard - Journaliste

 

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27 décembre 2017 3 27 /12 /décembre /2017 21:31
Éditorial. Là où l’humanité crie ! ( Celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas ! Ndlr )

Mardi, 26 Décembre, 2017 - L'Humanité

 

Faut-il le dire, au lendemain de Noël, l’Humanité et ses lecteurs se sentent plus proches de l’homélie du pape François que des circulaires du ministre de l’Intérieur français et de la loi antimigrants que diligente Emmanuel Macron...

« Dans les pas de Joseph et de Marie, se cachent de nombreux pas », a expliqué le souverain pontife, « nous voyons les traces de familles entières qui, aujourd’hui, se voient obligées de partir ».

Et il a évoqué « les traces de millions de personnes qui ne choisissent pas de s’en aller mais qui sont obligées de se séparer de leurs proches, sont expulsées de leur terre ».

Et de préciser : « Dans beaucoup de cas, ce départ est chargé d’espérance, chargé d’avenir ; dans beaucoup d’autres, ce départ a un seul nom : la survie. Survivre aux Hérode de l’heure qui, pour imposer leur pouvoir et accroître leurs richesses, n’ont aucun problème à verser du sang innocent. »

Ces mots ont de la force, quand, dans les neiges des Alpes, des réfugiés, politiques ou économiques, sont traqués par des policiers, quand ceux qui les secourent ou leur ouvrent leurs portes sont poursuivis devant des tribunaux, quand un régime veut transformer les associations en auxiliaires. De bonnes paroles sur l’aide au développement ne suffisent pas ; des actes urgents doivent bousculer la violence de l’ordre du monde.

Nous aurons encore demain des désaccords avec le pape lorsque nous défendrons le droit des femmes à disposer de leur corps ou celui de chaque être de vivre la sexualité de son choix. Mais qu’on les trouve dans une crèche de Bethléem ou au cœur des solidarités populaires les raisons de se dresser, les points de vue communs peuvent devenir des rencontres.

Alors que des Noëls profanes ou chrétiens sont célébrés, celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas peuvent se retrouver dans le devoir que Jaurès fixait à tous : Aller « où la vérité souffrait, où l’humanité criait ».

Patrick Apel-Muller Directeur de la rédaction de l'Humanité

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25 décembre 2017 1 25 /12 /décembre /2017 20:06

La fonctionnaire et syndicaliste SUD passait jeudi 14 décembre en conseil de discipline pour s'être confiée à l'Humanité.fr

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1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 22:36
« Il n’a pas de respect pour les élus et leur travail », dénonce Cécile Cukierman, chef de file des élus communistes. A.-C. Poujoulat/AFP

« Il n’a pas de respect pour les élus et leur travail », dénonce Cécile Cukierman, chef de file des élus communistes. A.-C. Poujoulat/AFP

Pierre DUQUESNE - Mercredi, 29 Novembre, 2017 - L'Humanité

Auvergne-rhône-alpes.  Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes ne rate pas une occasion d’utiliser sa région pour servir son ambition nationale. Les coups de com de celui que l’on annonce à la tête de LR cachent une conception inquiétante de la démocratie.

Laurent Wauquiez pourra s’en vanter. Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) sera l’une des premières régions de France à voter son budget 2018. Réunis à partir d’aujourd’hui (mercredi 29 novembre, Ndlr) au siège du conseil régional, à Lyon, les élus auront un jour et demi pour se prononcer sur les 4 837 pages de la commission permanente, en plus des 2 315 pages des délibérations permanentes. « Cette session a été avancée pour servir l’ambition nationale de Laurent Wauquiez. Il sera très occupé au mois de décembre par l’élection à la présidence du parti “Les Républicains” », dénonce Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste au sein de l’assemblée régionale.

Cela fait longtemps que celui qui rêve de mettre ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy instrumentalise sa région pour faire des coups médiatiques. Quitte à annoncer des mesures qui ne relèvent pas forcément de la compétence régionale, en particulier dans le domaine de la sécurité. Lundi, il s’est rendu à la gare Perrache pour assister à une démonstration des hommes de la Surveillance générale ferroviaire (la Suge). Sous les yeux de Wauquiez, en parka rouge, des hommes en uniformes noirs plaquaient au sol des délinquants potentiels. Mise en scène millimétrée et couverture assurée dans la presse locale. Au passage, Laurent Wauquiez annonce le doublement des effectifs de la Suge (filiale de la SNCF) et le financement de vidéosurveillances dans les gares. « Ça va commencer par une phase où on va arrêter plus de délinquants. Et ensuite, lorsqu’on leur aura fait comprendre que chez nous on ne rigole plus, on arrivera à faire reculer la délinquance. » Sarko peut se rhabiller, le super-héros, maintenant, c’est Wauquiez.

Tous les corps intermédiaires sont dans le viseur

Celui-ci joue « le tout-sécuritaire, en surfant dès que possible sur la peur des gens », rapporte Cécile Cukierman. Raison pour laquelle, après les attentats de novembre 2015, il a installé des portiques anti-armes à l’entrée des lycées ou encore promu la clause Molière, destinée à obliger les salariés des chantiers à parler français. Deux échecs patents. Un lycéen est récemment resté coincé dans ces portiques, en réalité de simples tourniquets. Quant à la clause Molière, le préfet de région s’est opposé à cette politique discriminatoire et contraire au Code du travail.

Cette agitation médiatique a l’intérêt de camoufler le cœur de sa politique. Au prétexte de l’austérité généralisée – 400 millions d’euros sur le mandat –, cet énarque compte se débarrasser de tous les corps intermédiaires.

« Il est prince en son royaume », souligne Cécile Cukierman, qui tire le signal d’alarme sur la « conception de la démocratie » du probable dirigeant de LR. « Toute coproduction d’une politique locale avec les territoires, les élus locaux, les associations ou des acteurs économiques est désormais bannie. » La politique économique est désormais aux mains des chefs d’entreprise. Une nouvelle agence, coprésidée par le PDG de Michelin, détermine la distribution des crédits en la matière. D’un autre côté, cet énarque a profité de la fusion des régions pour réorganiser les services. Avec un but : supprimer des postes et concentrer tous les pouvoirs. « Il n’y a plus de politique de développement des territoires, avec des critères prédéfinis, mais une politique de guichet », rapporte Cécile Cukierman. Chaque dossier de subvention est déposé auprès d’un élu référent du territoire désigné par Laurent Wauquiez. Toutes les décisions sont validées par le cabinet du président, « omniprésent », qui va jusqu’à définir les politiques dans les territoires. « L’hyperprésidentialisme de la Ve République semble avoir contaminé notre collectivité. On vote aujourd’hui pour un exécutif, mais il n’y a qu’un chef à la région et tout le monde l’a bien compris », déplorait en septembre Corinne Morel Darleux, élue du groupe Rassemblement citoyens, écologistes et solidaires. Toute association environnementale ou sociale est assimilée à la gauche et voit ses dotations sabrées. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. L’UNI, association d’étudiants de droite, s’est vu attribuer 50 000 euros et 120 millions d’euros ont été offerts aux lycées privés, la plupart catholiques.

Même politique clientélisme pour les élus, priés de se mettre dans le rang s’ils veulent obtenir des subventions. Brutal, Laurent Wauquiez ne cherche pas à être aimé. Pour l’élue communiste, il met une pression telle sur les acteurs locaux qu’ils se trouvent face à « une offre qu’il est difficile de refuser »…

 

 

 

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27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 21:30
Ce matin devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, des militants manifestent contre le renouvellement du permis du glyphosate. Photo : Emmanuel Dunand/AFP

Ce matin devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, des militants manifestent contre le renouvellement du permis du glyphosate. Photo : Emmanuel Dunand/AFP

Jean-Jacques Régibier - Lundi, 27 Novembre, 2017 – Humanite.fr

 

En passant du camp des abstentionnistes à celui des partisans de la prolongation, l’Allemagne a fait pencher de manière décisive la décision de l’Union européenne en faveur d’un renouvellement de l’autorisation du glyphosate dans l’UE pour 5 ans.

On la disait paralysée par ses négociations gouvernementales, excluant qu’elle puisse décider d’une mesure aussi impopulaire auprès des écologistes allemands que la prolongation de l’autorisation du glyphosate en Europe. Erreur. Contre toute attente, Angela Merkel a fait passer en 15 jours l’Allemagne d’un vote d’abstention à un vote POUR l’autorisation de l’herbicide controversé de Monsanto. Compte tenu de l’importance de la population allemande dans l’UE (elle représente 16% de la population globale de l’Union), l’Allemagne a en effet permis de faire pencher la balance en faveur de la prolongation.

Ce revirement était décisif puisque rappelons que pour passer, la proposition de la Commission européenne avait besoin de disposer d’une majorité qualifiée d’au moins 55% des Etats membres représentant 65% de la population européenne. Or avant aujourd’hui, ce chiffre n’avait pas été atteint. Avec le renfort de l’Allemagne, ainsi que de la Roumanie, de la Bulgarie et de la Pologne, qui elles aussi s’était abstenues lors de la précédente consultation début novembre, la prolongation a été obtenue de justesse : les 18 pays pro-glyphosate représentent exactement 65,71% de la population européenne.

Sans l’Allemagne, ce chiffre n’aurait pas pu être atteint. Y-a-t il un rapport entre ce volte-face de l’Allemagne et le fait que la compagnie allemande Bayer va racheter Monsanto, l’actuel fabricant américain du glyphosate ? Il  est clair en tous cas qu’Angela Merkel aurait voulu favoriser la société allemande qui va désormais tirer des bénéfices de la vente du glyphosate, qu’elle ne s’y serait pas prise autrement.

9 pays contre, dont la France

Les autres pays ont maintenu la position qu’ils avaient adoptée il y a 15 jours. Dans le camp des abstentionnistes, ne reste que le Portugal. Ont voté contre la proposition de la Commission européenne de ré-autoriser le glyphosate pour 5 ans, 9 pays qui ne pouvaient en aucun cas se prévaloir, ni de la majorité numérique, ni de leurs population qui ne représente que 32% des habitants de l’Europe: la Belgique, la Grèce, la Croatie, le Luxembourg, Malte, la France, l’Autriche, l’Italie et Chypre.

La France avait annoncé qu’elle s’opposerait au renouvellement du glyphosate pour 5 ans, ce qu’elle a fait, mais sans qu’on sache plus précisément quelle est sa proposition. Ce matin sur France Info, la secrétaire d’état auprès du ministre de la transition écologique, Brune Poirson, a répété que « l’enjeu est de sortir le plus rapidement possible de cette substance chimique, en tous cas en France, » en refusant de préciser sous quels délais pourrait s’effectuer cette sortie du glyphosate ( « on ne va pas chipoter sur les années, » a-t-elle ironisé ), sachant que ce n’était pas non plus la question du jour.

Dans ce contexte de propos approximatifs, le député socialiste européen Eric Andrieux ( S et D ), qui a déjà alerté à plusieurs reprises sur les ambiguïtés de la position française, rappelait, avant le vote de cet après-midi à Bruxelles, qu’il fallait en rester aux faits : « le gouvernement français est pour un renouvellement de 3 ans de cette molécule potentiellement cancérigène pour 500 millions d’Européens, » expliquait-il.

« Il ne suffit pas de s’opposer au renouvellement du glyphosate, il faut l’interdire. »

Rappelons également qu’à aucun moment la Commission européenne n’a proposé l’interdiction du glyphosate, comme de nombreux députés européens le souhaitaient, et comme ils l’avaient voté au Parlement européen dans une résolution non-contraignante (nous en avons une preuve ironique aujourd’hui) demandant la fin du glyphosate en Europe d’ici 2022. « La seule perspective acceptable est l’interdiction pure et simple, » martelaient hier encore les Verts (Verts-ALE). Même position du côté de la Gauche unitaire européenne dont l’un des députés, Younous Omarjee (GUE-GVN) rappelait ce matin  qu’« il ne suffit pas de s’opposer au renouvellement du glyphosate, il faut l’interdire. »

Le glyphosate, le désherbant de Monsanto le plus vendu au monde,  jugé potentiellement cancérigène par une Agence de l’OMS, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a donc de beaux jours commerciaux devant lui. D’autant que cette réautorisation ne signifie pas du tout que le glyphosate disparaitra dans 5 ans, bien au contraire. D’abord, comme le rappelle Eric Andrieux, c’est techniquement impossible, car « en prenant en compte la réglementation européenne sur les pesticides, on est reparti pour 8 ans minimum de glyphosate, » explique-t-il. Il reste cependant une alternative, c’est que les pays qui veulent aller vers la fin du glyphosate, interdisent eux-mêmes ce pesticide sur leurs territoires. C’est, en principe, juridiquement possible.

 

Que va faire la France ? Si, comme le souhaite Nicolas Hulot et sa secrétaire d’État, elle veut s’engager dans la voie de l’interdiction, la voilà donc qui se retrouve, après le vote de Bruxelles, au pied du mur.

 

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26 novembre 2017 7 26 /11 /novembre /2017 20:52
Photo AFP

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Vendredi, 24 Novembre, 2017 - L'Humanité

Le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin. Un bon havane et taillons la route !

 

«  Reset » Et si nous nous intéressions à ce moment délirant qui traverse la société, la nôtre, où la distinction entre l’œuvre et l’auteur s’avère impossible, où il devient improbable d’entrevoir la différence entre la réalité et la représentation, entre le réel et l’imaginaire, et où des brigades moralisantes vont bientôt se transformer en office de « comité de censure » pour tout et n’importe quoi.

Ne lisons plus Céline et Simenon (et bien d’autres).

Ne regardons plus de films de Polanski ou d’Hitchcock (et tant d’autres).

N’écoutons plus Jim Morrison ni Gainsbourg (et mille autres).

Par peur de passer pour un pédophile ou un fasciste, un déviationniste ou un transgresseur hideux, évitons toute création artistique venant de personnages un peu fous, drogués et/ou très alcooliques, parfois déviants sur le plan éthique et politique.

Aseptisons-nous du crâne au pied, jusque dans nos moindres pensées.

Changeons notre disque dur, oublions notre savoir livresque et notre culture ambivalente, brûlons nos neurones et appuyons sur « Reset » et « Echap » une bonne fois pour toutes, comme sur les réseaux sociaux, quand il suffit d’effacer un « ami » de sa liste, d’enlever un tweet ou un post et de passer à autre chose en pratiquant l’amnésie à tous les temps.

Bienvenues, blanches colombes. Le monde nouveau vous tend les bras. Souriez, vous êtes filmés. Vous voilà beaux et présentables aux plus offrants. Et si vous avez des doutes, taisez-vous, esprits faibles ! Certains réfléchissent à votre place. Ils disposent d’un « temps de cerveau disponible », hégémonique et assez inépuisable.

 

Interdire On nous a menti. Dieu n’est pas un fumeur de havanes. Et Sganarelle n’a jamais dit : « Qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre. » Dom Juan a-t-il seulement existé dans la tête de Molière ? La bonne parole divine s’est donc exprimée : « Je ne comprends pas l’importance de la cigarette dans le cinéma français », a déclaré Agnès Buzyn, alias ministre de la Santé (à ne pas confondre avec la prison du même nom). Ainsi, nous serions tous conditionnés, incités « culturellement » à fumer. Imbéciles que nous sommes !

Nous nuisons gravement à notre propre santé et nous ne le savions pas ! Géniale idée, l’hypothèse d’interdire toute apparition de clopes dans le cinéma – ne parlons pas de la voie publique, ce qui arrivera tôt ou tard. Mais, alors, interdisons de nos écrans, immédiatement, les verres de whisky, de petites ou de grandes marques d’ailleurs, le mal est équivalent.

Interdisons revolvers et colts de tous les westerns, et bien sûr Magnum et Glock que les policiers manipulent : ils raniment nos envies de meurtres.

Interdisons les fusils à lunette, parce que, franchement, tuer de loin, c’est moche.

Interdisons les hold-up : ils réveillent en nous les primo-délinquants que nous fûmes.

Interdisons les polars et demandons à Gallimard de renoncer à sa « Série noire ».

Interdisons les couteaux, les fourchettes, baguettes chinoises et japonaises des cuisines aménagées : un accident volontaire arrive si vite.

Interdisons les cordes à sauter, afin de ne pas réactiver nos goûts de crime ou de suicide par pendaison.

Interdisons les grandes tablées conviviales, qui ne sont que débauches de vin et de mets trop riches pour nos artères.

Interdisons les scènes de sexe : le risque est trop grand de devenir accros.

En fait, interdisons l’amour : c’est sale, la confrontation des corps, et souvent ça finit mal.

Interdisons les Noirs, les Arabes, les musulmans, les Métèques et les migrants, de même que les communistes, les gauchistes, les sartriens et les marxiens : manquerait plus qu’on fasse de la politique en plus.

Interdisons les rêves et les cauchemars : on ne sait jamais où ils nous embarquent.

Interdisons la liberté : trop dangereux.

Interdisons la procréation et les naissances : ça se termine toujours au cimetière.

Ah ! le bloc-noteur allait oublier l’essentiel : et si on interdisait d’abord la connerie, histoire de dégager le terrain. Pour tailler la route. Et allumer un bon havane.

 

Allez, vive la Rêvolution (la vraie) !

 

Jean-Emmanuel Ducoin - Rédacteur en chef

 

 

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20 novembre 2017 1 20 /11 /novembre /2017 21:53
Atteintes à la planète : alerte des scientifiques
« Il sera bientôt trop tard... »

 

Ce sont les mots de 15 000 scientifiques de 184 pays, dont un millier de français. Ils lancent un nouvel appel à la mobilisation de l’opinion publique et des autorités publiques face à la dégradation de notre environnement… et donc de la survie de l’humanité.

Toutes les préconisations qu’ils formulent méritent l’attention et doivent susciter des débats afin de déboucher sur l’action concrète, utile, individuelle, bien sûr, mais surtout collective au travers de politiques publiques audacieuses. Ils ont raison car depuis leur précédent appel en 1992, leurs études montrent l’aggravation de l’état de la planète, résultante de la pression exercée par l’activité humaine.

Climat, biodiversité, ressources naturelles et humaines… tout passe à la moulinette du système capitaliste. Une autre utilisation de l’argent et un autre monde s’imposent pour construire un nouveau mode de développement, de production et de consommation respectueux de l’environnement. Les milliards enfouis dans les paradis fiscaux sont aujourd’hui un véritable enfer face à ces défis. Nous voulons une COP fiscale au service de la COP climatique

Aux côtés des scientifiques, nous relayons leur appel et sommes déterminés à agir afin de contribuer, avec nos militant-e-s et nos élu-e-s, à l’émergence d’un « raz-de-marée d’initiatives organisées à la base » pour ouvrir la voie à une révolution sociale et écologique !

 

 

 

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