Jean Ortiz - Jeudi, 18 Décembre, 2014
CUBA : ils l’ont dans ...l’os !
Par le seul fait d’avoir tenu tête pendant si longtemps à l’impérialisme le plus puissant, Cuba a contribué au « changement d’ère » que vit aujourd’hui l’Amérique latine.
Dieu qu’ils ont du mal à le digérer !! Dans la dignité et l’honneur, sans quémander, sans renoncer à ce qu’il est, en toute souveraineté, David a fini par terrasser Goliath. Le droit l’a emporté sur la piraterie impérialiste, sur une sale et interminable guerre d’usure, d’asphyxie ; elle dure depuis plus de cinquante ans. Rarement une révolution et un peuple auront été si longtemps agressés, dénigrés, en violation des lois internationales. Du « Projet Cuba » de mars 1960 (Eisenhower) à l’ « Opération Mangosta » de Kennedy, du débarquement yankee (repoussé en 72 heures) de la Baie des Cochons (avril 1961) aux « sanctions totales » de février 1962, décrétées par Washington, l’état de siège économique, financier, commercial, le harcèlement multiforme, n’auront jamais cessé. Des sanctions drastiques, près de 1000 milliards de dollars de coût estimé, des lois pour étrangler un pays rebelle, pour tenter de renverser le régime de Cuba l’insoumise, ce « mauvais exemple » de résistance face à « l’empire ». Par le seul fait d’avoir tenu tête pendant si longtemps à l’impérialisme le plus puissant, Cuba a contribué au « changement d’ère » que vit aujourd’hui l’Amérique latine. En octobre 2005, la vieille brute de président Bush déclarait : « peu de pays ont défié notre nation autant que Cuba ». Il était pour une fois lucide. Alcooltest négatif. Les Cubains sont attachés viscéralement à leur indépendance parce que, en quelque sorte, c’est la révolution qui a inventé Cuba, permis l’épanouissement d’une nation mise sous tutelle néocoloniale depuis l’amendement Platt de 1901. Par ce texte, appendice à la constitution cubaine, les États-Unis se réservaient le droit d’intervenir à tout moment dans l’île pour y défendre leurs intérêts...
Alors, devant cette gifle historique, nos médiocrates s’étouffent, ergotent, déforment, manœuvrent, enfument. La décision d’engager un processus pour en finir avec la guerre de basse intensité contre Cuba serait à mettre au compte de la colombe Obama. La pitoyable romancière de quai de gare, Zoé Valdès, tourne en boucle, crachant haine et mensonge, en service commandé. Il faut bien manger...
Washington et sa « politique cubaine » étaient de plus en plus isolés internationalement. Aux États-Unis même, le blocus, devenu un « problème intérieur », faisait de moins en moins recette dans l’opinion. Depuis une quinzaine d’années, Cuba a brisé l’étau qui l’isolait, a été réintégrée dans la communauté latino-américaine, et y joue un rôle moteur au niveau des processus d’intégration (CELAC, ALBA).
Autant de défaites pour les maîtres du monde. L’Europe a même dû revoir son ostracique et cynique « position commune ». Une Europe bien mal placée pour s’ériger en donneuse de leçons « démocratiques». Et voilà que ces diafoirus doivent remballer. On comprend dès lors leur salive amère. Mais ils n’ont pas renoncé pour autant à miner en sous main, avec d’autres méthodes. Sablons le champagne sans retenue mais sans ingénuité. Le méchant loup n’est pas devenu agneau, même si ses dents sont plus élimées.
Retenons que la Résistance, la dignité finissent toujours par payer !
La communauté internationale exhorte les États-Unis à mettre fin aux sanctions contre Cuba
Salim Lamrani
Partout dans le monde, des voix s’élèvent pour réclamer à Washington la fin de l’état de siège économique contre Cuba et l’adoption d’une politique plus rationnelle.
Lors du sommet régional de la Communauté des Caraïbes tenu à La Havane en décembre 2014, les quinze États-membres ont unanimement réclamé aux États-Unis la fin des sanctions contre Cuba. Par son président Gaston Browne, premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, la CARICOM a exhorté Washington à abandonner la mentalité de la Guerre Froide : « J’appelle le président Obama à lever immédiatement cet embargo absurde ».
Depuis plus d’un demi-siècle, les États-Unis imposent des sanctions économiques extrêmement sévères qui affectent toutes les catégories de la population cubaine et tous les secteurs de la société. Dotées d’un caractère extraterritorial et rétroactif, elles constituent une grave violation du Droit international et représentent le principal obstacle au développement économique de l’île.
En octobre 2014, pour la 23ème année consécutive, 188 pays ont voté pour la levée des sanctions contre Cuba lors de la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies. Washington s’est une nouvelle fois vu infliger un camouflet politique cinglant, se retrouvant isolé sur la scène internationale. Seul Israël a apporté son soutien aux États-Unis.
De nombreuses voix se sont élevées aux États-Unis pour réclamer un changement de politique à l’administration démocrate. Hillary Clinton, secrétaire d’État durant le premier mandat de Barack Obama, avait exhorté l’actuel président à assouplir l’état de siège contre Cuba, et même à éliminer complètement les sanctions en raison de leur caractère anachronique, cruel et inefficace. « L’embargo n’a pas atteint ses objectifs », a-t-elle souligné dans son ouvrage Hard Choices, ajoutant que l’hostilité vis-à-vis de l’île était très mal perçue en Amérique latine et constituait un obstacle au développement des échanges avec les pays du Sud.
Charlie Crist, ancien gouverneur démocrate de la Floride, où réside la plus grosse communauté cubano-américaine des États-Unis, a également fait part de sa circonspection quant au maintien des sanctions. « Je suis arrivé à la conclusion que nous devons lever l’embargo. La définition de la folie est de refaire la même chose est d’espérer un résultat différent », a-t-il souligné, en rappelant le caractère irrationnel de la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de Cuba.
La Chambre de commerce des États-Unis, qui représente le monde des affaires et près de 3 millions d’entreprises, a appelé la Maison-Blanche à établir une nouvelle relation avec La Havane. Thomas Donohue, son président, s’est rendu à Cuba et a lancé un appel aux responsables politiques étasuniens : « Trop longtemps, la relation entre nos nations a été définie par nos différences. Il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre des relations entre les États-Unis et Cuba, et ce moment, c'est maintenant […]. Il est temps d'éliminer les barrières politiques établies de longue date et de gommer nos différences. C'est dans l'intérêt du peuple américain et des entreprises américaines ». Donohue a été charmé la beauté de l’île : « Cuba est un endroit merveilleux ». Il a appelé Obama à lever les restrictions qui pèsent sur les citoyens étasuniens, lesquels sont interdits de séjour à Cuba, alors qu’ils peuvent se rendre dans n’importe quel autre pays du monde : « Nous souhaitons que les Américains qui n’ont pas de famille à Cuba puissent également voyager ».
Dans un long éditorial, le New York Times a enjoint Washington à changer de politique et à établir une relation plus apaisée avec La Havane :
« Pour la première fois depuis plus de 50 ans, un changement de politique aux États-Unis et à Cuba rend politiquement possible le rétablissement de relations diplomatiques formelles et le démantèlement de cet embargo insensé. […] M. Obama devrait saisir l’opportunité de mettre un terme à une longue ère d’inimitié et aider la population qui a énormément souffert […]. Le gouvernement [cubain] a fait part de sa disposition à rétablir les relations diplomatiques avec les États-Unis sans conditions. En guise de premier pas, l’administration Obama devrait éliminer Cuba de la liste du Département d’État des nations soutenant le terrorisme […]. Le gouvernement des États-Unis reconnaît que La Havane joue un rôle constructif dans le conflit en Colombie en accueillant des pourparlers entre le gouvernement et les leaders de la guérilla. Depuis 1961, Washington a imposé des sanctions pour se débarrasser du régime castriste. Au fil du temps, il est devenu évident pour de nombreux responsables américains que l’embargo est un échec cinglant. […]. Un sondage récent montre qu’une ample majorité de Cubains-américains de Miami sont désormais opposés à l’embargo. Une majorité significative d’entre eux est favorable au rétablissement de relations diplomatiques, reflétant ainsi le point de vue de l’ensemble des Américains ».
Même l’Église catholique cubaine a fortement critiqué la politique des États-Unis lors de la Conférence des Évêques catholiques de Cuba (COCC). « La population souffre de l’isolement dont est l’objet Cuba de la part des États-Unis car cette politique contribue à accroître les difficultés des plus faibles ».
En persistant à appliquer une politique obsolète datant de la Guerre froide, qui affecte les secteurs les plus fragiles de la société cubaine, Washington se retrouve isolé au sein de la communauté internationale qui ne comprend pas cet acharnement à maintenir un état de siège inefficace et contreproductif. Désormais, le seul pays d’Amérique à ne pas disposer de relations diplomatiques et commerciales normales avec Cuba sont les États-Unis. A deux ans de la fin de son second mandant, Barack Obama serait avisé de prêter une oreille attentive à cette exhortation unanime et d’accepter le rameau d’olivier tendue par La Havane.