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20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 23:05

Pour une fois que le journal le plus lu au monde (le New York Times, nous dit-on !) publie un texte dont notre ami Salim Lamrani estime que ce ne sont que des vérités, ne nous privons pas de le lire et de le faire lire sans modération !

Les 10 vérités du New York Times sur les sanctions économiques des États-Unis contre Cuba  !

            Le plus prestigieux quotidien au monde a lancé un appel au Congrès étasunien afin qu’il mette un terme à l’état de siège qui asphyxie le peuple cubain[1].

 

1.      Les sanctions économiques totales ont été imposées par l’administration Kennedy en 1962 dans le but de renverser le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro. Cette politique hostile, qui n’a eu de cesse d’être renforcée par les différents gouvernements étasuniens, à quelques exceptions près, est un échec total.

 

2.      Une grande majorité des citoyens étasuniens et l’immense majorité des Cubains souhaitent la levée des sanctions économiques anachroniques, cruelles et inefficaces. « Un nombre croissant de parlementaires des deux partis ont entrepris des démarches encourageantes dans ce sens ces derniers temps », avec l’introduction de différents projets de loi destinés à mettre un terme à l’état de siège économique.

 

3.      Les citoyens étasuniens peuvent visiter n’importe quel pays au monde, y compris la Chine, le Vietnam et la Corée du Nord, mais ne sont pas autorisés à se rendre à Cuba en tant que touristes ordinaires.

 

4.      « L’embargo […] a fait du mal au peuple cubain ».

 

5.      « L’embargo nuit de manière substantielle aux entreprises étasuniennes. Les capitaux étrangers se précipitent à Cuba afin d’obtenir des parts de marché, en en laissant le moins possible pour les entreprises étasuniennes lorsque les sanctions seront levées ».

 

6.      Sans changement rapide de la politique étrangère vis-à-vis de Cuba et sans l’élimination des sanctions, les intérêts étasuniens seront inévitablement affectés. « Ce qui risque de se passer, c’est que lorsque les Américains seront autorisés à voyager à Cuba, ils logeront dans des hôtels espagnols, mangeront de la nourriture allemande et utiliseront des ordinateurs chinois ».

 

7.      Pendant des années les législateurs d’origine cubaine « ont contrôlé la politique vis-à-vis de Cuba » et « ont favorisé l’embargo ». Les hommes politiques étasuniens ont longtemps suivi cette voie de crainte de perdre l’électorat cubano-américain.

 

8.      Les temps ont changé. Selon un sondage du 21 juillet 2015, 72% des Américains sont favorables à une levée des sanctions économiques. « 55% des Républicains soutiennent la fin de l’embargo ».

 

9.      Désormais, se prononcer pour le maintien des sanctions contre Cuba, comme l’ont fait deux des candidats républicains aux élections présidentielles de 2016, Marco Rubio et Jeb Bush, constitue un pari risqué. Parmi les Cubains-Américains, 40% déclarent qu’ils apporteraient un soutien à un candidat qui poursuivrait la politique de rapprochement avec La Havane entreprise par Barack Obama. Seuls 26% affirment qu’ils ne voteraient pas en faveur d’une telle politique. Au sein de la communauté latino-américaine des États-Unis, 34% sont favorables au dialogue avec Cuba et seuls 14% ont exprimé leur désaccord à ce sujet.

 

10.  Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidence de 2016, a bien compris cette nouvelle réalité et a lancé un appel à la levée des sanctions économiques contre Cuba lors d’un discours à Miami, bastion de la communauté cubaine, en juillet 2015.

 

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les États-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano.

Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

 

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18 août 2015 2 18 /08 /août /2015 21:32

Voici l'interview de notre ami Salim Lamrani sur Radio Sputnik à propos de la visite historique du secrétaire d’État étasunien John Kerry à La Havane.

Des sujets épineux entre les États-Unis et Cuba !

© REUTERS/ Jonathan Ernst - 21.07.2015 - Valérie Smakhtina

La normalisation des relations entre les États-Unis est Cuba est censée tourner définitivement la page de la « guerre froide » sur la continent américain. Cependant, les obstacles sont nombreux aussi bien de la part de Washington que de La Havane.

Des sujets épineux entre les États-Unis et Cuba !

Après 54 ans de rupture, les deux pays ont rouvert leurs ambassades, ce qui constitue une nouvelle étape concrète du rapprochement historique engagé en décembre par les Présidents Barack Obama et Raul Castro et qui met fin à la politique d'hostilité et de non-communication. Désormais, le gouvernement de la Havane et de Washington pourront dialoguer directement sans passer par l'intermédiaire de la Suisse.

La réouverture respective des ambassades a également une portée symbolique, affirme Salim Lamrani, enseignant et essayiste français, maître de conférences à l'université de La Réunion, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. « Les Etats-Unis reconnaissent que la politique d'hostilité, d'isolement vis-à-vis de Cuba est un échec, qu'elle est obsolète et contreproductive. Au lieu d'isoler La Havane, elle a isolé Washington, puisque les Etats-Unis sont le seul pays de l'Amérique qui ne dispose pas de relations diplomatiques et consulaires normales avec Cuba. »

Ce pas vers le changement de l'époque ne résout portant pas le différend entre Washington et La Havane. Les sanctions économiques constituent un obstacle majeur à la normalisation des relations entre les deux pays. Il reste également la question du camp de Guantanamo, les milliards de dollars d'indemnisation réclamés par les Américains expropriés à la révolution, l'extradition des fugitifs réfugiés à Cuba qui sont recherchés par la justice américaine. Salim Lamrani nous décrypte les sujets épineux point par point.

 

 « Si les comptes sont faits des deux côtés, le compte des Etats-Unis sera largement déficitaire », annonce l'expert en répondant à la question de l'indemnisation pour les biens confisqués après la révolution cubaine. Ainsi, La Havane a exprimé sa disposition à dialoguer sur ce sujet à condition que soit mise sur la table les dommages causés à l'île par les sanctions imposées depuis 1962.

En ce qui concerne la question des fugitifs, « la décision d'accorder un asile politique est un point qui relève de la souveraineté d'un Etat, c'est toujours à discuter », témoigne Salim Lamrani. La demande des Américains se heurte, côté cubain, à l'extradition de Luis Posada Carriles qui vit tranquillement à Miami. En 1976, l'ancien agent de la CIA a commis un attentat à la bombe de l'avion de ligne cubain en 1976 qui a fait 73 victimes.

Quant au camp de Guantanamo, le différend est facile à résoudre du point de vue juridique, parce que l'accord, signé en 1902, était imposé par la force. Depuis 1959, Cuba refuse d'encaisser le chèque de 4.000 dollars par an en expliquant qu'il s'agit d'une occupation qui se fait contre la volonté du peuple cubain et qu'il s'agit d'une occupation illégitime du territoire souverain. Selon Salim Lamrani, la résolution qui ne peut être que diplomatique dépend de Washington qui, jusqu'à présent, affirmait que cela ne faisait pas parti de l'agenda des négociations.

Par ailleurs, le débat sur la levée de l'embargo est intéressant. « Il s'agit de savoir si le rapprochement procédé par Washington est un rapprochement tactique ou s'il s'agit d'un changement stratégique, constate Salim Lamrani. A mon avis, il s'agit d'évolution en tactique. C'est-à-dire que les États-Unis n'ont pas renoncé à leur objectif de changement de régime. Pour ce qui est des sanctions économiques, le Président américain Barack Obama a lancé un appel au Congrès l'invitant à adopter des dispositifs nécessaires à y mettre fin. Néanmoins il convient de rappeler qu'Obama dispose de toutes les prérogatives exécutives nécessaires pour détricoter le réseau des sanctions économiques. » Plus précisément, il peut, par exemple, autoriser les entreprises américaines à faire du commerce directement avec les entreprises cubaines, ou autoriser Cuba à utiliser le dollar dans ces transactions internationales, ou encore autoriser les entreprises états-uniennes à acquérir les matières premières cubaines et, vice-versa, autoriser Cuba à utiliser, sur le marché international, des produits contenant plus de 10% de matières premières américaines. La chose est plus compliquée dans le domaine du tourisme « ordinaire », mais il est toujours possible d'élargir la liste de 12 catégories de citoyens autorisés à se rendre sur l'île. Par contre, Barack Obama aura du mal à nommer officiellement l'ambassadeur américain à Cuba sans l'accord du Congrès. Mais il peut toujours nommer le chef de la « section d'intérêt des États-Unis », le titre qui, sur le fond, ne changera rien parce que les liens diplomatiques seront rétablis.

« Le temps fait son œuvre et l'exil historique tend à disparaître », conclut Salim Lamrani. Reste à savoir, si les États-Unis, d'un côté, sont prêts à satisfaire les demandes hypertrophiées de La Havane et si, d'autre part, Cuba, à la croisée des chemins, choisit entre les États-Unis, qui l'avait « oppressé » depuis plus d'un demi-siècle, la Russie, partenaire traditionnel de l'île, et la Chine qui projette d'y installer des missiles nucléaires.


Lire la suite : http://fr.sputniknews.com/analyse/20150721/1017153489.html#ixzz3j3ghT5fS

 

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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 21:47
Le drapeau de l'organisation État islamique.  Photo : AFP/YouTube/Arbeen unified Press Office

Le drapeau de l'organisation État islamique. Photo : AFP/YouTube/Arbeen unified Press Office

Gaël De Santis - Lundi, 17 Août, 2015 - L'Humanité

 

L'éditorial de Gaël de Santis.

En Syrie, elles ont libéré Kobané en janvier. Elles ont libéré Hassaké fin juillet. En Irak, elles sont venues en aide aux Yezidis sur le mont Sinjar.

En Syrie, elles ont libéré Kobané en janvier. Elles ont libéré Hassaké fin juillet. En Irak, elles sont venues en aide aux Yezidis sur le mont Sinjar. « Elles » ? Ce sont les forces kurdes, seules à combattre réellement, de front et au sol, en Syrie et en Irak, Daesh. Qu’elles aient pour nom Unités de protection du peuple (YPG), Unités de protection des femmes (YPJ) ou Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), elles devraient être considérées comme des forces de libération.

 

Et pourtant, elles sont seules. Les Occidentaux ont bien constitué, avec des alliés douteux, une coalition anti-Daesh. Mais les voilà ennuyés. S’ils reconnaissent le rôle de la résistance kurde, ils n’entendent pas l’appuyer. François Hollande a certes reçu à l’Élysée la commandante Nassrine Abdallah en février. Mais depuis, les Kurdes ne reçoivent que peu d’appui diplomatique.

 

Il y a une raison à cela : la volonté de ne pas froisser Ankara, qui a pourtant traîné des pieds à s’engager contre Daesh. En difficulté, incapable de former une majorité au Parlement, le président islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, qui souhaite renforcer ses pouvoirs, ne verrait probablement pas d’un mauvais œil la tenue d’élections anticipées. Il entend se refaire une santé sur le dos du Parti démocratique des peuples (HDP), formation progressiste qui a créé la surprise aux législatives de juin, en rassemblant 13 % des voix, sur une ligne antilibérale, laïque, féministe. Le HDP, qui veut panser les plaies de la Turquie et demande que chaque partie « retire son doigt de la gâchette », voit ses militants pourchassés. En outre, la guerre a repris contre le PKK qui a subi des dizaines de frappes aériennes, contre trois pour Daesh.

 

En 2013, un cessez-le-feu avait été décrété par le leader du PKK, Abdullah Öcalan, aujourd’hui emprisonné et privé de parole. C’est au moins à cette étape qu’il faut revenir. La France et l’Union européenne pourraient commencer par retirer le PKK de la liste des organisations terroristes.

« Erdogan attaque le mouvement qui combat et défait l’“État islamique” » !

Combattants kurdes - Entretien réalisé par Pierre Barbancey -

Lundi, 17 Août, 2015 - L'Humanité

Turquie. Porte-parole du PKK, Zagros Hiwa dénonce la politique du régime turc, qu’il accuse d’être le « cheval de Troie » de Daech au sein de la coalition.

Turquie. Porte-parole du PKK, Zagros Hiwa dénonce la politique du régime turc, qu’il accuse d’être le « cheval de Troie » de Daech au sein de la coalition.

Mont Kandil (Kurdistan d’Irak),
 envoyé spécial.  Zagros Hiwa Porte-parole 
du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)

 

La Turquie a annoncé que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avait abandonné ses positions sur le mont Kandil à la suite des bombardements. Est-ce exact ?

Zagros Hiwa Ce sont des mots vides de sens. Dire que nous avons quitté le mont Kandil relève de la propagande du pouvoir turc. Le PKK, c’est le peuple. Les gens sont le PKK. Le PKK est partout. C’est le mouvement démocratique des Kurdes, partout dans la région. Erdogan veut que nous partions et que nous arrêtions de nous battre pour nos droits. Il demande l’impossible ! Nous avons une responsabilité : défendre le peuple là où il est, y compris dans les moments difficiles.

 

Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan (Irak), a également fait des déclarations demandant que le PKK quitte le territoire. Que répondez-vous ?

Zagros Hiwa La famille Barzani et leur parti, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), nous ont effectivement dit de partir. Mais faut-il lui rappeler que lorsque Daech (l’« État islamique » – NDLR), a commencé à avancer, leurs troupes ont fui. Ce sont les combattants du PKK qui ont affronté ces islamistes, qui sont venus à la rescousse des Yezidis du mont Sinjar, complètement encerclés. Aujourd’hui, Daech contrôle 75 % du Kurdistan du Sud (Kurdistan d’Irak – NDLR) et tient la grande ville de Mossoul. Daech est sans doute la plus brutale et la plus terrible organisation de toute l’histoire.

 

Que comptez-vous faire ?

Zagros Hiwa Nous allons renforcer et approfondir notre présence dans la région. Le peuple va devoir affronter des moments difficiles tant qu’Erdogan d’un côté et Daech de l’autre seront présents. Si nous quittons le mont Kandil, rien ne dit que les habitants ne vivront pas le même cauchemar et les mêmes horreurs que les Yezidis, qu’ils ne vivront pas les mêmes souffrances avec les hommes égorgés, les femmes violées ou vendues comme esclaves. Une nouvelle période de notre lutte commence. Nous sommes prêts à nous défendre contre toute menace, quel qu’en soit le coût.

L’aviation turque a bombardé le village de Zergele, sur le mont Kandil, faisant huit morts civils et des dizaines de blessés. Ankara affirme que ce hameau était une base du PKK. Que cherche Ankara ?

Zagros Hiwa Le bombardement de Zergele avait deux buts. Le premier concerne la situation au Moyen-Orient. La politique d’Erdogan est d’implanter la puissance de la Turquie dans la région avec, comme outil, Daech. La disparition de l’« État islamique » pourrait créer un vide politique qu’Erdogan comblerait alors. Mais la résistance des Kurdes contre Daech est un problème pour lui. Ses bombardements ne sont que la réponse à notre résistance face aux djihadistes. Erdogan dit participer maintenant à la coalition contre l’« État islamique ». En réalité, il est le cheval de Troie de Daech au sein de la coalition car il attaque le mouvement qui se bat et défait les islamistes.

Les motivations d’Erdogan sont également basées sur des considérations de politique intérieure. Il veut changer le système parlementaire en un système présidentiel qui ferait de lui l’homme fort du pays et du Moyen-Orient. En réalité, il veut être comme Pinochet. Mais la lutte pacifique du Parti démocratique des peuples (HDP) et son score aux dernières élections législatives (le HDP a obtenu 13 % des votes et 80 députés – NDLR) ont grippé sa machine : son parti, l’AKP, n’a pas obtenu la majorité absolue et il ne peut pas changer la Constitution comme il le voulait. Maintenant, il se venge avec ses raids aériens. Ce qu’il fait s’apparente à un coup d’État masqué. Il envoie son armée contre les combattants du PKK et sa police contre les militants du HDP. Erdogan espère ainsi qu’en cas d’élections anticipées le HDP ne puisse franchir la barre des 10 % et n’ait plus de représentants au Parlement.

 

Êtes-vous prêts à un nouveau cessez-le-feu ?

Zagros Hiwa Comment parler de cessez-le-feu alors que l’aviation a effectué plus de 140 sorties et a frappé plus de 600 fois ? Il a brisé le cessez-le-feu que nous avions décrété unilatéralement. Nous allons intensifier notre lutte. Pas seulement militairement mais aussi politiquement, culturellement, socialement, en établissant notre système démocratique. C’est pour cela que nous nous battons, pas pour tuer comme le fait Erdogan.

 

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10 août 2015 1 10 /08 /août /2015 22:21

Paul Elek - Lundi, 10 Août, 2015 - Humanite.fr

 

L’actualité me frappe de plein fouet et je cède à la tentation d’interrompre ma chronique, pourtant à peine naissante. Comment ne pas parler de ce qu’il s’est passé, de ce qu’il se passe ? Ali Dawabsheh, 18 mois est mort. Victime de la barbarie coloniale.

Graffiti au camp de réfugiés d'al-Azza FlickR [Nous dirions plutôt "Graffe", ce qui est différent ! Ndlr]

Graffiti au camp de réfugiés d'al-Azza FlickR [Nous dirions plutôt "Graffe", ce qui est différent ! Ndlr]

C’est au moment où je vous écris que j’apprends que son père a succombé à ses blessures. Je ne suis pas journaliste, mais je peux vous raconter ce que vous ne trouverez pas dans les articles de presse. Les larmes et la rage, la tension diffuse qui s’est ressentie cette semaine. Quelques affrontements nourris par la colère ont éclaté ici et là. Des jeunes lancent des pierres à la fin d’une manif et voilà que l’armée tire, fait un nouveau martyr. J’ai surtout l’impression que drame après drame, l’horreur ne semble jamais prendre fin. 

Le sujet est sur toutes les lèvres, et si dans mon quotidien je suis souvent arrêté avec joie dans les rues du vieux souk, cette fois-ci les visages sont marqués par l’effroi. Les multiples politesses des jours normaux laissent place très vite à leur souci de le faire savoir, nous faire savoir.  J’ai le sentiment que même évoquée brièvement, la mort de ce jeune enfant fait surtout ressortir le cortège funèbre de ces violences continuelles. En effet, de cette affaire, je retiens ce festival d’histoires que l’ont m’a racontées. Bienvenue dans la société d’après le mur ! De la fausse couche provoquée par le jet d’une grenade, aux humiliations physiques en passant par les tags racistes, les pressions psychologiques, et le vol de maison, de terres vous n’imaginez pas comment la liste est longue. Pourtant, je ne rentrerai pas dans les détails. Ce qui compte, c’est de ne pas croire à l’acte solitaire, au loup isolé qui frappe sans raison. Toutes ces atrocités font système,  il y a le feu à la bergerie et sincèrement c’est le berger qui l’a foutu ! Encore aujourd’hui, des colons ont tenté de s’approprier illégalement une maison palestinienne à Al Khalil. Bien que délogés par la police israélienne, suite à l’action rapide en justice d’organisations palestiniennes, l’incitation à s’en emparer vient du gouvernement. Ce même gouvernement dont les partis les plus extrêmes ne se cachent même pas de leurs velléités expansionnistes et de leur racisme affligeant, pour toute personne qui se respecte.  

Des morts, il y en a eu d’autres et quand certains ne les voient que comme une statistique dans un pays lointain et dénuée de sens, il est impossible de ne pas les voir comme le symptôme d’une société malade. C’est simple, ces histoires sont toutes différentes mais il en ressort une chose : l’impunité. Le gouvernement semble aveuglé par le mur qui nous sépare d'Israël, amnistiant par la même occasion les colons. Mais détrompez-vous, Israël sait. D’ailleurs, son peuple a réagi avec force et nombreux sont les israéliens qui ne sont pas dupes de ces agissements. Le fanatisme les a d’ailleurs frappé, en plein cœur. Sachez qu’on peut y mourir pour aimer. Vous me direz c’est malheureusement probablement le cas partout. Pourtant, difficile de ne pas faire le lien, entre ces assassins de la gay pride et ces fanatiques d’après le mur. C’est un même monde, une même idée, un même projet et généralement un seul peuple qui en fait les frais. Laissez-moi le temps de trouver les mots pour le dire et le temps pour l’écrire. La prochaine fois, je vous raconterai comment on tente de faire mourir une ville et comment ils résistent.


 

Chronique d'Hébron. Le cortège des martyrs - Un étudiant raconte son quotidien en Palestine !
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9 août 2015 7 09 /08 /août /2015 22:35
Il y a 70 ans les USA larguent une seconde bombe atomique, sur Nagasaki, sans aucune raison politique ou militaire !
Lors de la cérémonie du 70e anniversaire du bombardement, le maire de la ville a fustigé la politique militariste du premier ministre et la tentative de réinterprétation de la Constitution pacifique, héritée de l’après-guerre.

Lors de la cérémonie du 70e anniversaire du bombardement, le maire de la ville a fustigé la politique militariste du premier ministre et la tentative de réinterprétation de la Constitution pacifique, héritée de l’après-guerre.

Paul Tibbets, le pilote américain qui largua la bombe atomique sur Hiroshima en août 1945, est mort le 1er novembre 2007, à l'âge de 92 ans.

 Le 6 août 1945, alors jeune lieutenant-colonel de l'US Air Force, il était aux commandes du bombardier SuperFortress B-29 "Enola Gay" qui a largué, hors tests, la première bombe atomique de l'histoire de l'humanité. Paul Tibbets n'avait que 30 ans lorsqu'il décolla aux commandes du SuperFortress B-29 d'une base américaine dans les Iles Mariannes avec ses 11 membres d'équipage. Le bombardier avait été baptisé "Enola Gay", le prénom de la mère de Paul Tibbets.

 

 

Ils n'étaient pas tous d'accord pour larguer la bombe sur Hiroshima !

Le premier test nucléaire s'était déroulé avec succès moins d'un mois plus tôt, le 16 juillet 1945, dans le désert du Nouveau-Mexique. Dès lors tout va aller vite. Le 24 juillet, le président Harry Truman approuve la décision de mener une campagne de bombardements atomiques contre le Japon jusqu'à sa capitulation. Le 31 juillet, Truman donne l'ordre de bombarder Hiroshima "dès que le temps le permet".

Les scientifiques avaient prévenu Paul Tibbets : l'avion devra voler à 31.000 pieds (9.448 mètres) et la bombe explosera à quelque 600 mètres d'altitude. Quarante-trois secondes s'écouleront entre le moment où "Little Boy" (le surnom de la bombe) quittera les soutes de l'appareil et la déflagration. Si l'équipage veut survivre, il devra s'être éloigné de quelque 12,8 km au cours de cette poignée de secondes.

Les douze hommes triés sur le volet qui grimpent à bord de l'Enola Gay, à 02H45 le 6 août 1945, sont équipés d'un parachute, d'un pistolet et d'un gilet de protection. Au commandant de bord, le médecin de la base remet une petite boîte contenant douze pilules de cyanure. Puis le chapelain fait une prière, on prend des photos. L'Enola Gay décolle.

Lorsque l'avion arrive au-dessus d'Hiroshima, le temps est dégagé et l'équipage voit distinctement la côte et les bateaux ancrés dans le port, puis le pont qui constitue l'objectif. Il est 08H15 à Hiroshima lorsque la bombe est larguée. Tibbets bascule immédiatement son avion dans un virage sur l'aile droite à 155 degrés. Seul Bob Caron, qui se tient à la place du mitrailleur de queue, est capable d'apercevoir la gigantesque boule de feu et de prendre des photos. L'avion est rattrapé par l'onde de choc, qui le secoue modérément. Puis tous voient le "champignon géant de couleur pourpre".

Paul Tibbets se retourne vers l'équipage: "Les gars, vous venez juste de larguer la première bombe atomique."

 

Ils n'étaient pas tous d'accord pour larguer la bombe sur Hiroshima !

Le souffle, le feu et le rayonnement ont tué 140.000 personnes. Beaucoup d'autres ont été marqués et blessés à vie. La plupart des victimes de la bombe étaient des femmes, des enfants, des personnes âgées et des civils pas impliqués dans la guerre. On compte aussi parmi les vicitimes des prisonniers de guerre américains et alliés, ainsi que des milliers de Coréens contraints au travail forcé.

"Si Dante s'était trouvé avec nous dans l'avion, il aurait été terrifié", a raconté des années plus tard Paul Tibbets. "La ville que nous avions vu si clairement dans la lumière du jour était maintenant recouverte d'une horrible salissure. Tout avait disparu sous cette effrayante couverture de fumée et de feu."

De retour au sol, c'est l'enthousiasme général. Tibbets reçoit la Distinguished Service Cross.

Reçu bien plus tard à la Maison Blanche, Truman lui dira: "Ne perdez pas le sommeil parce que vous avez planifié et rempli cette mission. C'était ma décision. Vous n'aviez pas le choix."

Tibbets s'est glorifié tout au long de son existence de n'avoir jamais perdu le sommeil. Il est allé jusqu'à reconstituer le bombardement d'Hiroshima en 1976, lors une fête aérienne au Texas. Il a expliqué, avec constance, que la destruction d'Hiroshima, puis celle de Nagasaki, trois jours plus tard, étaient absolument nécessaires pour provoquer la reddition des Japonais et éviter ainsi une reconquête sanglante du Japon, île par île.

[Lire l'interview de Paul Tibbets dans Paris Match n°856 du 4 septembre 1965, à comparer au "cas" de Claude Eatherly le pilote de l'avion de reconnaissance d'Hiroshima.]

Tibbets a consacré une partie de sa vie a dénoncer les "révisionnistes" qui remettaient en cause la necessité et la moralité du bombardement des villes japonaises. Tibbets faisait valoir que cette décision cruciale avait alors recueilli un large consensus parmi les responsables militaires. À tort.

Le choix de larguer la bombe nucléaire sur Hiroshima ne faisait pas l'unanimité

Deux historiens, Leo Maley III et Uday Mohan, reviennent dans History News Network sur le débat qui a précédé la décision du Président Truman.

Ils rappellent que six parmi les sept généraux et amiraux les plus gradés ("wartime five-star officers") étaient réservés ou hostiles à l'usage de l'arme nucléaire.

L'amiral William Leahy, chef d'état-major particulier du Président Truman y était hostile. Il rapportera, en 1950, dans ses mémoires que "les Japonais étaient déjà battus et prêts à capituler. L'usage de cette arme barbare à Hiroshima et à Nagasaki n'a apporté aucune contribution matérielle à notre combat contre le Japon. En étant le premier pays à utiliser cette bombe, les États-Unis ont adopté des normes éthiques semblables à celles des barbares du Haut Moyen Âge. Je n'avais pas été formé à faire la guerre de cette manière. Les guerres ne peuvent pas être gagnées en détruisant les femmes et les enfants."

Le Général Eisenhower alors Commandant en chef des forces alliées en Europe s'opposa à l'utilisation de la bombe lors d'une réunion en juillet 1945 avec le Secrétaire de la guerre, Henry Stimson : "Je lui ai dit que j'étais contre pour deux raisons. D'abord, les Japonais étaient prêts à se rendre et il n'était pas nécessaire de les frapper avec cette chose terrible. En second lieu, je détestais voir notre pays être le premier à utiliser une telle arme."

L'amiral William "Bull" Halsey, commandant de la troisième flotte, qui avait conduit  l'offensive américaine contre les "Home Islands" japonaises dans les derniers mois de la guerre, déclara publiquement en 1946 que "la première bombe atomique était une expérience inutile."

"Ce n'est qu'en contestant et en résistant à la vision confortable de l'Histoire que les Américains pourront se confronter, de manière honnête et critique, à l'un des épisodes les plus dérangeants de leur passé" concluent Leo Maley III et Uday Mohan.

Leo Maley III a enseigné à Massachusetts-Amherst University et au College Park de l'Université du Maryland. Uday Mohan est directeur de la recherche a l'institut d'études Nucléaires de l'American University.

Leo Maley III et Uday Mohan,
"Not Everyone Wanted to Bomb Hiroshima"
,
History News Network.

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 23:40
DÉBUT DE L'ÈRE NUCLÉAIRE => LA PREMIÈRE BOMBE ATOMIQUE LANCÉE PAR LE GOUVERNEMENT ÉTASUNIEN PULVÉRISE LA VILLE JAPONAISE D’HIROSHIMA, LA DEUXIÈME SUIVRA TROIS JOURS PLUS TARD SUR NAGASAKI... !

Collectif Amérique Latine Résistances

 

GOUVERNEMENT USA : LANCE LA PREMIÈRE BOMBE ATOMIQUE
 

Le jour où le monde a changé. Hiroshima, 6 août 1945
 

Par John Hersey*

DÉBUT DE L'ÈRE NUCLÉAIRE => LA PREMIÈRE BOMBE ATOMIQUE LANCÉE PAR LE GOUVERNEMENT ÉTASUNIEN PULVÉRISE LA VILLE JAPONAISE D’HIROSHIMA, LA DEUXIÈME SUIVRA TROIS JOURS PLUS TARD SUR NAGASAKI... !

A 8 h 15 du matin, le 6 août 1945, le bombardier B-29 américain baptisé « Enola-Gay » et piloté par le commandant Paul Tibbets lâchait sur la ville japonaise de Hiroshima la première bombe atomique de l’histoire. C’était la fin de la seconde guerre mondiale, et le début de l’ère nucléaire. La bombe allait tuer, d’un coup, 100 000 personnes, et provoquer des formes inédites de souffrance humaine. L’Américain John Hersey fut l’un des premiers journalistes étrangers à se rendre sur place. Paru d’abord dans The New Yorker, son témoignage est considéré comme l’un des classiques du reportage de guerre.

Ce matin-là, avant 6 heures, il faisait si clair et si chaud déjà que la journée s’annonçait caniculaire. Quelques instants plus tard, une sirène retentit : la sonnerie d’une minute annonçait la présence d’avions ennemis, mais elle indiquait aussi, par sa brièveté, aux habitants de Hiroshima qu’il s’agissait d’un faible danger. Car chaque jour, à la même heure, quand l’avion météorologique américain s’approchait de la ville, la sirène retentissait.

Hiroshima avait la forme d’un ventilateur : la cité était construite sur six îles séparées par les sept fleuves de l’estuaire qui se ramifiaient vers l’extérieur à partir de la rivière Ota. Ses quartiers d’habitations et de commerces couvraient plus de six kilomètres carrés au centre du périmètre urbain. C’est là que résidaient les trois quarts des habitants. Divers programmes d’évacuation avaient considérablement réduit sa population. Celle-ci était passée de 380 000 âmes avant la guerre à quelque 245 000 personnes. Les usines et les quartiers résidentiels, ainsi que les faubourgs populaires, se situaient au-delà des limites de la ville. Au sud se trouvaient l’aéroport, les quais et le port sur la mer intérieure saupoudrée d’îles (1). Un rideau de montagnes fermait l’horizon sur les trois côtés restants du delta.

Le matin était redevenu calme, tranquille. On n’entendait aucun bruit d’avion. Alors, soudain, le ciel fut déchiré par un flash lumineux, jaune et brillant comme dix mille soleils (voir Comme dix mille soleils). Nul ne se souvient avoir entendu le moindre bruit à Hiroshima quand la bombe a éclaté. Mais un pêcheur qui se trouvait sur sa barque, près de Tsuzu, dans la mer Intérieure, vit l’éclair et entendit une explosion terrifiante. Il se trouvait à trente-deux kilomètres de Hiroshima et, selon lui, le bruit fut beaucoup plus assourdissant que lorsque les B-29 avaient bombardé la ville d’Iwakuni, située à seulement huit kilomètres.

Un nuage de poussière commença à s’élever au-dessus de la ville, noircissant le ciel comme une sorte de crépuscule. Des soldats sortirent d’une tranchée, du sang ruisselant de leurs têtes, de leurs poitrines et de leurs dos. Ils étaient silencieux et étourdis. C’était une vision de cauchemar. Leurs visages étaient complètement brûlés, leurs orbites vides, et le fluide de leurs yeux fondus coulait sur leurs joues. Ils devaient sans doute regarder vers le ciel au moment de l’explosion. Leurs bouches n’étaient plus que blessures enflées et couvertes de pus...

Des maisons étaient en feu. Et des gouttes d’eau de la taille d’une bille commencèrent à pleuvoir. C’étaient des gouttes d’humidité condensée qui tombaient du gigantesque champignon de fumée, de poussière et de fragments de fission qui s’élevait déjà plusieurs kilomètres au-dessus de Hiroshima. Les gouttes étaient trop grosses pour être normales. Quelqu’un se mit à crier: « Les Américains nous bombardent d’essence. Ils veulent nous brûler ! » Mais c’étaient des gouttes d’eau évidemment, et pendant qu’elles tombaient le vent se mit à souffler de plus en plus fort, peut-être en raison du formidable appel d’air provoqué par la ville embrasée. Des arbres immenses furent abattus ; d’autres, moins grands, furent déracinés et projetés dans les airs où tournoyaient, dans une sorte d’entonnoir d’ouragan fou, des restes épars de la cité : tuiles, portes, fenêtres, vêtements, tapis...

Sur les 245 000 habitants, près de 100 000 étaient morts ou avaient reçu des blessures mortelles à l’instant de l’explosion. Cent mille autres étaient blessés. Au moins 10 000 de ces blessés, qui pouvaient encore se déplacer, s’acheminèrent vers l’hôpital principal de la ville. Mais celui-ci n’était pas en état d’accueillir une telle invasion. Sur les 150 médecins de Hiroshima, 65 étaient morts sur le coup, tous les autres étaient blessés. Et sur les 1 780 infirmières, 1 654 avaient trouvé la mort ou étaient trop blessées pour pouvoir travailler. Les patients arrivaient en se traînant et s’installaient un peu partout. Ils étaient accroupis ou couchés à même le sol dans les salles d’attente, les couloirs, les laboratoires, les chambres, les escaliers, le porche d’entrée et sous la porte cochère, et dehors à perte de vue, dans les rues en ruines... Les moins atteints secouraient les mutilés.

Des familles entières aux visages défigurés s’aidaient les unes les autres. Quelques blessés pleuraient. La plupart vomissaient. Certains avaient les sourcils brûlés, et la peau pendait de leur visage et de leurs mains. D’autres, à cause de la douleur, avaient les bras levés comme s’ils soutenaient une charge avec leurs mains. Si on prenait un blessé par la main, la peau se détachait à grands morceaux, comme un gant...

Beaucoup étaient nus ou vêtus de haillons. Jaunes d’abord, les brûlures devenaient rouges, gonflées, et la peau se décollait. Puis elles se mettaient à suppurer et à exhaler une odeur nauséabonde. Sur quelques corps nus, les brûlures avaient dessiné la silhouette de leurs vêtements disparus. Sur la peau de certaines femmes – parce que le blanc reflétait la chaleur de la bombe, et le noir l’absorbait et la conduisait vers la peau –, on voyait le dessin des fleurs de leurs kimonos. Presque tous les blessés avançaient comme des somnambules, la tête dressée, en silence, le regard vide.

Des silhouettes humaines sur les murs

Toutes les victimes ayant subi des brûlures et les effets de l’impact avaient absorbé des radiations mortelles. Les rayons radioactifs détruisaient les cellules, provoquaient la dégénération de leur noyau et brisaient leurs membranes. Ceux qui n’étaient pas morts sur le coup, ni même blessés, tombaient très vite malades. Ils avaient des nausées, de violents maux de tête, des diarrhées, de la fièvre. Symptômes qui duraient plusieurs jours. La seconde phase commença dix ou quinze jours après la bombe. Les cheveux se mirent à tomber. Puis vinrent la diarrhée et une fièvre pouvant atteindre 41 degrés.

Vingt-cinq à trente jours après l’explosion survenaient les premiers désordres sanguins : les gencives saignaient, le nombre de globules blancs s’effondrait dramatiquement tandis qu’éclataient les vaisseaux de la peau et des muqueuses. La diminution des globules blancs réduisait la résistance aux infections ; la moindre blessure mettait des semaines à guérir ; les patients développaient des infections durables de la gorge et de la bouche. A la fin de la deuxième étape – si le patient avait survécu – apparaissait l’anémie, soit la baisse des globules rouges. Au cours de cette phase, beaucoup de malades mouraient d’infections dans la cavité pulmonaire.

Tous ceux qui s’étaient imposé un certain repos après l’explosion avaient moins de risques de tomber malades que ceux qui s’étaient montrés très actifs. Les cheveux gris tombaient rarement. Mais les systèmes de reproduction furent affectés durablement : les hommes devinrent stériles, toutes les femmes enceintes avortèrent, et toutes les femmes en âge de procréer constatèrent que leur cycle menstruel s’était arrêté...

Les premiers scientifiques japonais arrivés quelques semaines après l’explosion notèrent que le flash de la bombe avait décoloré le béton. A certains endroits, la bombe avait laissé des marques correspondant aux ombres des objets que son éclair avait illuminés. Par exemple, les experts avaient trouvé une ombre permanente projetée sur le toit de l’édifice de la chambre de commerce par la tour du même bâtiment. On découvrit aussi des silhouettes humaines sur des murs, comme des négatifs de photos. Au centre de l’explosion, sur le pont qui se situe près du Musée des sciences, un homme et sa charrette avaient été projetés sous la forme d’une ombre précise montrant que l’homme était sur le point de fouetter son cheval au moment où l’explosion les avait littéralement désintégrés...


Août 2005

 

*John Richard Hersey (1914-1993), journaliste à Time Magazine et au New Yorker. Auteur, entre autres, de A Bell for Adano (prix Pulitzer, 1945) et de Hiroshima (New York, 1946), d’où sont tirés les extraits publiés ici. Il a consacré sa vie à la lutte antinucléaire.

Lire aussi : Comme dix mille soleils

(1) NDLR. Hiroshima est situé au sud-ouest de l’île de Honshu, la plus grande de l’archipel nippon, au bord de la mer Intérieure formée par cette île et celles de Shikoku et Kyushu.

Source : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/HERSEY/12425


 

 

DÉBUT DE L'ÈRE NUCLÉAIRE => LA PREMIÈRE BOMBE ATOMIQUE LANCÉE PAR LE GOUVERNEMENT ÉTASUNIEN PULVÉRISE LA VILLE JAPONAISE D’HIROSHIMA, LA DEUXIÈME SUIVRA TROIS JOURS PLUS TARD SUR NAGASAKI... !
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4 août 2015 2 04 /08 /août /2015 22:05

Sylvie Jan - Dimanche 2 Août 2015

 

Comme ce texte nous parle, surtout à quelques jours du 101ème anniversaire de l'assassinat de Jean Jaurès, infatigable militant de la PAIX !

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Dimanche 2 août 2015. Le Parvis des Droits de l'Homme à Paris s'offre aux manifestants pour marquer un triste anniversaire, celui du génocide engagé contre les Yézidis.

 

Ces populations qui vivaient d'élevage, tranquillement en retrait dans leurs montagnes, dont les croyances pacifiques et les superstitions ancestrales rythmaient paisiblement leur quotidien, ont vu déferler l'horreur à ne pas en croire leurs yeux. D'où venaient ces monstres qui coupaient les têtes des enfants devant leurs parents, éventraient les femmes enceintes, torturaient les adolescents, enlevaient les petites filles et les jeunes femmes pour les vendre comme esclaves, comme objets sexuels violables à volonté ?

Voilà un an qu'une délégation de France-Kurdistan se rendaient en Turquie. Durant notre séjour, des maires de la région nous ont permis d'aller à la rencontre des réfugiés Yézidis, nouvellement arrivés et accueillis dans des usines désaffectées et réhabilitées en urgence pour eux, dans des camps, des gares d'autocars, dans des maisons prêtées par des habitants.

Oui, bien sûr, nous voulions les rencontrer, leur dire notre solidarité,  mais aucun d'entre nous ne pouvait imaginer ce que nous allions découvrir, voir et entendre. Est-ce possible de se préparer psychologiquement à l'inimaginable ?

A Cizré, Nusaybin et Mardîn, nous avons croisé des centaines de regards d'enfants qui ne l'étaient plus. Nous avons écouté, les yeux dans les yeux, des pères témoigner des têtes coupées de leurs filles et fils, rebondissant dans les flots de la rivière, rouge de sang. Nous avons regardé les pieds d'un jeune homme robuste, terriblement gonflés, transformés en énormes ampoules et crevasses, pour avoir parcouru des centaines de kilomètres dans la montagne brûlante, sans chaussures.  Nous avons reçu dans nos ventres et nos cœurs les cris des femmes, hurlant le désespoir de l'incompréhension. « Pourquoi ? ». « Pourquoi font-ils ça ? ». Nous avons aussi à jamais en mémoire des sourires, incroyables de dignité, comme pour nous dire, regardez-nous, regardons-nous, nous sommes vivants, nous sommes entre vivants, entre humains. Restons humains, sourions-nous, saluons-nous, embrassons-nous. Et nous nous sommes embrassés. Nous avons photographié des familles fières d'avoir amené les leurs jusqu'à ces refuges et des enfants seuls au monde  spontanément recueillis.  Nous avons promis de relayer leur demande  : « Dîtes en rentrant chez vous que ce sont les combattants du PKK qui nous ont sauvé ». Nous l'avons fait.

Une année s'est écoulée. Depuis Daesh a progressé et perdu.  La résistance de Kobané a ouvert les yeux au monde. Les combattantes de l'YPJ ont, pour un temps, été des héroïnes. La presse internationale, les progressistes du monde se sont intéressés au projet politique, démocratique, féministe porté par le PYD, parti politique du Rojava, proche du PKK. Dans plus d'une centaine de pays des manifestations ont dit leur soutien à la ville de Kobané, devenue emblème des valeurs universelles.

Mais très vite, Daesh a trouvé des points d'appui en Turquie, en la personne de R.T. Erdogan, inquiet des élections à venir et des risques de perdre sa majorité absolue, inquiet d'avoir un rempart démocratique à sa frontière turco-syrienne, inquiet des regards du monde vers ce nouveau parti le HDP, devenu capable de rassembler les intelligences citoyennes, turques et kurdes, capable d'imaginer une nouvelle démocratie pour une Turquie moderne, respectueuse de sa merveilleuse mosaïque des peuples.  Inquiet, tellement inquiet par les forces de défense du PKK, qui ont donné à vérifier au monde leur engagement pour les valeurs universelles. En réponse, R.T. Erdogan, dans sa folie dominatrice, fait le choix d'une répression sanglante et bombarde le PKK qui gagne contre Daesh et a sauvé les Yézidis.


Mais personne ne peut tuer les idées. 

Personne ne peut tuer l'intelligence des peuples.

Coûte que coûte, ceux-ci peuvent toujours faire le choix de s'unir et contre la guerre, de reconstruire la paix.

Je ne me lasserai jamais d'y croire [nous non plus, Ndlr].

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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 22:12
Meurtre d’un bébé palestinien - Gaël De Santis - Lundi, 3 Août, 2015 - L'Humanité
 
Le meurtre d’un nourrisson palestinien, brûlé vif vendredi lors d’une attaque de colons, a été condamné largement en Israël. Mais seule une partie de l’opposition met clairement en cause la politique de colonisation menée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou.
 
 
 
REUTERS

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L’horreur, vendredi, à Douma, en Cisjordanie. Quatre hommes masqués ont lancé des cocktails Molotov sur la maison de la ­famille Dawabcheh. Le bébé de dix-huit mois, Ali, n’en réchappe pas. Il est mort, brûlé vif. Ses parents et son frère se trouvent dans un état « critique ». Les auteurs, des colons, sont recherchés par les autorités israéliennes. Si l’identité des agresseurs est inconnue, les visages des responsables indirects sont, eux, bien connus. Ce week-end, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a eu beau jeu d’user de mots durs. Il a qualifié l’incendie d’« attaque terroriste », un vocable qu’il utilise habituellement pour désigner les actions de la résistance palestinienne.

 

Mahmoud Abbas va saisir 
la Cour pénale internationale

Le chef de gouvernement, qui a rendu – fait exceptionnel – visite aux parents, a même promis « d’arrêter les meurtriers et de les traduire en justice ». Cela masque mal que sous son règne les actions des extrémistes implantés dans les colonies ont rarement fait l’objet de poursuites.

On compte 11 000 attaques de colons ces dix dernières années en Cisjordanie, ­rappelle l’Autorité palestinienne, tandis que l’ONG israélienne Yesh Din relève que quinze maisons palestiniennes ont été brûlées depuis 2008 sans que les auteurs ne soient inquiétés.

Le gouvernement israélien, et celui qui en tient les commandes depuis 2009, ­Benyamin Netanyahou, portent une ­responsabilité énorme. « Les partis de droite au gouvernement ne peuvent s’arrêter à la condamnation, en se lavant les mains », a dénoncé Dov Khenin, membre du Parti communiste israélien et député de la Liste unie. Depuis des années, le premier ministre n’a cessé de jouer avec le feu en s’appuyant sur les lobbies et les partis colonialistes. Certes, l’action des colons, rassemblés vendredi sous le mot d’ordre « le prix à payer », fait suite à la destruction, mercredi, de deux maisons inachevées dans la colonie de Beit El, à la demande de la Cour suprême israélienne. Mais ce même mercredi, le gouvernement a fait savoir qu’il autorisait la construction « immédiate » de 300 logements dans cette même colonie. Ce n’est pas la première fois qu’une telle annonce est prononcée. Les nouveaux logements pullulent notamment à Jérusalem-Est et autour de ce qui doit devenir la capitale de l’État de Palestine. Et pour cause : au sein du gouvernement de Netanyahou, qui voit la participation de l’extrême droite, les colons se sont arrogé de bonnes places. Le Foyer juif de Naftali Bennett détient ainsi le portefeuille de la justice.

En Cisjordanie, l’émotion a été vive. En témoignent les manifestations dès vendredi, journée au cours de laquelle deux adolescents ont également été tués par l’armée d’occupation. Tout le week-end, de jeunes Palestiniens ont affronté les ­soldats israéliens.

Peu confiante en la capacité de Tel-Aviv à faire justice, l’Autorité ­palestinienne, par la voix de son président, ­Mahmoud Abbas, a annoncé qu’il allait saisir la Cour ­pénale internationale, dont les ­Palestiniens sont membres depuis cette année. Le camp de la paix, en Israël, s’est également mobilisé. Des rassemblements se sont tenus samedi dans de nombreuses villes du pays. À Tel-Aviv, le mot d’ordre était « Stop à la haine », mais parmi les forces politiques, seules la formation de gauche Meretz et la Liste unie ont clairement mis en cause la politique de colonisation, relève un communiqué du Parti communiste israélien.

À Jérusalem, le cortège a pris un tour particulier : les manifestants se sont rendus sur les lieux où, jeudi dernier, un extrémiste religieux a blessé à coups de couteau six participants à la Gay Pride.

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 22:20

Pierre Barbancey - Lundi, 27 Juillet, 2015 - L'Humanité

 

Lors de nos discussions avec nos ami-e-s Turcs, nous n'arrivons pas à leur faire comprendre que Recep Tayyip Erdogan n'a absolument rien à voir avec l'admirable Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la première république laïque de Turquie. Comme nous aimerions qu'ils et elles puissent lire l'article de ce jour et comprendre qu'une relative réussite économique ne fait pas de ce dirigeant quelqu'un d'honnête, loyal et droit, quelqu'un de démocrate !

Turquie: manifestation contre le pouvoir et pour la paix

Pendant des années, la Turquie a soutenu les djihadistes de l’«État islamique» qui transitent par son territoire. La guerre déclarée par Ankara ne vise pas tant à éradiquer l’«EI» qu’à juguler les victoires obtenues sur le terrain par les Kurdes. D’où les attaques visant le PKK d’Abdullah Öcalan.

Soumise à de nombreuses critiques et pressions depuis plusieurs mois pour son attitude pour le moins ambiguë vis-à-vis de l’organisation de l’« État islamique » (Daech) et son refus de participer aux frappes de la coalition dirigée par les États-Unis, la Turquie vient de changer de stratégie. Prenant prétexte d’un attentat dans la ville de Suruç, où 32 jeunes militants d’une organisation de gauche venus aider à la reconstruction de Kobané (Kurdistan de Syrie) ont trouvé la mort, Ankara a décidé de lancer des raids aériens sur les positions djihadistes. Dans le même temps était annoncée la signature d’un accord entre la Turquie et les États-Unis – tous deux membres de l’Otan pratiquement depuis sa création –, permettant aux avions américains d’utiliser les bases turques.

Un timing impeccable. On pourrait qualifier ainsi ce qui s’est passé en Turquie en moins d’une semaine. Quatre jours après l’attentat-suicide meurtrier attribué à l’« État islamique » (« EI ») qui a visé des militants turcs de la Fédération des associations des jeunes socialistes (marxistes) venus dans la ville frontalière de Suruç (sud) et qui comptaient se rendre à Kobané (Kurdistan de Syrie), des chasseurs F-16 de l’armée de l’air turque ont bombardé des cibles de l’organisation djihadiste en territoire syrien. Immédiatement après, le premier ministre, Ahmet Davutoglu, prenait l’air martial. « L’opération menée contre l’“EI” a rempli son objectif et ne s’arrêtera pas », affirmait-il devant la presse. « Ce qui s’est passé depuis quelques jours montre que la situation n’est plus sous contrôle, renchérissait le président et homme fort du pays, Recep Tayyip Erdogan, ce n’est pas une opération d’une nuit, elle continuera avec détermination. » Un vocabulaire intéressant quand on y songe. « La situation n’est plus sous contrôle. » Elle l’était donc. Or, ladite situation se matérialisait ainsi : passage de milliers de recrues venus remplir les rangs de l’« État islamique » en Syrie alors que tous les soutiens à Kobané étaient bloqués, transit quasi officiel d’armes, de munitions et de matériels lourds, y compris à l’aide de train, et enfin pactisation de l’armée turque avec les éléments de Daech (l’acronyme arabe de l’« EI »). Un contrôle « made in Erdogan », en quelque sorte.

Les calculs du président Erdogan après son échec relatif aux élections

Lorsqu’on sait la puissance et l’omniprésence du redoutable service de renseignements turc, le MIT – dont la griffe, comme celle du loup gris, apparaît dans l’assassinat des militantes kurdes à Paris au début de l’année 2013 –, on se demande comment l’information d’un possible attentat n’aurait pas pu filtrer. Peu importe pour le pouvoir turc. Erdogan, qui comptait surfer sur un raz-de-marée lors des élections législatives du mois de juin et renforcer son pouvoir personnel, a vu son étoile pâlir nationalement et internationalement. Soumis à de rudes pressions américaines pour l’utilisation des bases militaires qui raccourciraient les vols des missions des avions de la coalition et pressés de changer d’attitude vis-à-vis de l’« État islamique », Ankara s’est finalement plié à une nécessité politique, non sans un savant calcul.

Bombardements sur les positions de l’« État islamique » – sans que l’on sache vraiment ce qui est touché et le volume de destruction obtenu – mais, surtout, des opérations militaires contre les bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et, pour faire bonne mesure, une série de rafles dans les principales villes turques, visant avant tout les militants de gauche (une jeune femme a ainsi été tuée lors d’une interpellation), pro-kurdes, et subsidiairement des responsables de l’« EI » qui ont pignon sur rue. Parmi eux, Halis Bayancuk, également connu sous le nom d’Ebu Hanzala. C’est un salafiste considéré comme un des leaders spirituels de Daech en Turquie. Bayancuk avait déjà fait l’objet d’une interpellation, l’année dernière, dans le cadre d’une série d’opérations contre al-Qaida, avec laquelle il était soupçonné d’avoir eu des liens dans le passé. Mais, étrangement, les autorités n’ont pas pu recueillir assez de preuves pour le poursuivre en justice et il avait été libéré !

Les pourparlers de paix 
avec le PKK sont compromis

En réalité, Erdogan joue un coup à plusieurs bandes. Pressé, il donne maintenant des gages à son allié américain sans pour autant participer formellement à la coalition mise en place. Selon la presse turque, l’accord passé avec Washington ne concernerait pas seulement l’utilisation des bases mais également la mise en place d’une « zone libérée de l’“État islamique” » qui s’étendrait sur 98 kilomètres de long et 40 de large. Sous ce prétexte, il s’agit en réalité d’empêcher les forces kurdes de Syrie, politiquement dirigées par le Parti de l’union démocratique (PYD), de progresser vers l’ouest et de relier Kobané, qu’elles ont libérée en début d’année, avec Afrin, toujours sous la menace d’une attaque du Front al-Nosra (la branche d’al-Qaida en Syrie). Pour la Turquie – Erdogan ne l’a jamais caché –, il convient d’aider l’Armée syrienne libre (ASL). Cette stratégie a reçu l’aval de Washington. Le vice-conseiller à la Sécurité nationale, Ben Rhodes, a rappelé que les États-Unis considéraient le PKK comme une « organisation terroriste » et estimé que la Turquie avait « le droit de mener des actions contre des cibles terroristes ».

Le gouvernement turc sait qu’en agissant de la sorte il risque de détruire complètement le cessez-le-feu décrété et observé par le PKK depuis 2013 et que la reprise de pourparlers de paix s’avère de plus en plus difficile. Une fois n’est pas coutume, le président du Kurdistan d’Irak, Massoud Barzani, qui entretient pourtant d’excellentes relations avec la Turquie, a émis une protestation après des bombardements turcs en territoire kurde irakien en arguant : « Des années de négociations valent toujours mieux qu’une heure de guerre. » Ce qui ne semble pas être l’avis de Recep Erdogan, qui préfère considérer sur un même plan les égorgeurs de l’« État islamique » et les combattants du PKK venus secourir les yezidis encerclés par les djihadistes et 
réfugiés sur le mont Sanjar.

Un accord qui permet au président Erdogan, affaibli après son échec relatif aux élections, de reprendre la main : les attaques en Syrie contre l’« État islamique » s’accompagnent d’opérations militaires contre les forces de défense du peuple, la branche armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), non seulement dans ses fiefs du sud-est de la Turquie mais également au nord de l’Irak. Ce faisant, Erdogan espère faire d’une pierre deux coups : affaiblir le PKK et empêcher les Kurdes de Syrie d’unifier leur territoire, le Rojava. En réalité, depuis la chute de Tall Abyad – ville frontalière où pouvaient transiter les recrues et le matériel de l’« EI » – les islamistes sont en déroute. L’intervention turque, aussi paradoxal que cela puisse paraître, pourrait permettre aux djihadistes de reprendre leur souffle.

Les combattantes et combattants Kurdes résistent encore et toujours ! Elles et ils ont toute notre solidarité !

Les combattantes et combattants Kurdes résistent encore et toujours ! Elles et ils ont toute notre solidarité !

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26 juillet 2015 7 26 /07 /juillet /2015 20:27
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Jean Ortiz - Dimanche, 26 Juillet, 2015

 

 

Le crime se prépare, comme en 1973 au Chili de l’Unité Populaire. La campagne de discrédit, de déstabilisation, contre Caracas, s’accélère avec le déchaînement,  l’activisme, des vraies droites, des fausses gauches, et des médias « libres » internationaux.

 

Pour le chef d’orchestre, les États-Unis, il faut reprendre la main en Amérique latine, notamment afin de mettre en place les Zones de libre-échange transatlantique et transpacifique, vastes entreprises de recolonisation. Cela passe par le renversement, « électoral » et/ou insurrectionnel de la révolution vénézuélienne, pièce maîtresse du puzzle émancipateur continental, et dont la chute provoquerait, selon le gouvernement étatsunien, des « effets domino », des réactions en chaîne. Caracas est en effet l’architecte du système souverain d’intégration continentale, insupportable pour les intérêts géoéconomiques de Washington, dans une région qu’il dominait sans partage depuis le 19ème siécle et la « doctrine Monroe » (1823). « L’empire » voudrait en finir avec les « restes du chavisme » : Petrocaribe, l’Alba, l’Unasur, la Celac, les président(e)s Correa, Kichner, Dilma, Morales et Maduro, ces empêcheurs d’impérialiser en rond.

 

Le crime se prépare contre Caracas, la nouvelle opération « Sortie » se met en place, et la solidarité gronde peu.

Rappelons qu’au Venezuela l’essentiel de l’économie est encore aux mains du secteur privé et 80% des médias à l’opposition, que la droite relaie toutes les ingérences extérieures ( le néo-franquiste parti Populaire espagnol a proposé que le prix Sakharov 2015 soit attribué à cette droite putschiste vénézuélienne...à défaut de Franco, déjà décédé).

 

Ingérences et provocations s’accélèrent à l’approche des législatives du 6 décembre, notamment en utilisant le différend territorial entre le Venezuela et la Guyana (ex Guyane britannique), au sujet de l’Esequibo. Le gouvernement de la Guyana et son nouveau président David Granger, manipulés, refusent de reconnaître l’accord de Genève de 1966, qui déclare « zone en litige » l’Esequibo.

La campagne d’intox est grassement et salement financée par le lobby pétrolier yankee, par la multinationale pétrolière Exxon Mobil, qui a obtenu de la Guyana des concessions juteuses (« Bloque Starbroke ») dans la zone en litige, et opère, exploite le brut, sans précautions et en toute illégalité.

Caracas s’en tient à une « attitude diplomatique de paix », soutenue par le Mercosur lors de sa récente réunion au Brésil, tout en revendiquant « ses droits historiques » ; mais l’occasion est trop belle pour Washington qui tente de transformer en conflit bilatéral le différend territorial.

La sous-secrétaire américaine pour l’hémisphère sud, Roberta Jackson, jette de l’huile sur le feu. Le décret du président Obama considérant le Venezuela comme une « menace  pour la sécurité des États-Unis », couvre tous les mauvais coups.

La guerre économique (pénuries, accaparement, stockage, détournements, corruption grandissante, spéculation sur la monnaie, inflation importante) se poursuit de plus belle et fatigue la population. Les groupes paramilitaires se préparent... Lorsque le gouvernement se défend, que la justice arrête et juge ceux qui confondent opposition et sédition, la révolution est accusée par les « troïkistes » de là-bas (et d’ici), de « totalitarisme », de « violation des droits de l’homme ». Les séditieux deviennent des « martyrs », des « dissidents », des « prisonniers politiques ». Henry Kissinger reçut le Nobel de la paix après le crime commis au Chili... Un grand classique.

Pas de liberté hors du marché.

Pas touche au capitalisme, indépassable et bienfaiteur de l’humanité.

Les mêmes je vous dis, FMIisés, Merkélisés, qui n’aiment les peuples qu’enchaînés, soumis, bien saignants...

Si nous ne réagissons pas à la hauteur des enjeux, si nous cédons au pilonnage, j’ai peur que demain nous disions : « Qu’elle était belle cette révolution ! ».

Venezuela : Le crime se prépare !
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