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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 18:58

Le désordre qui naît au cœur même de la mécanique capitaliste provoque de grands traumatismes.

Mais cette crise 
de l’horlogerie du sys­tème retentit aussi dans tous les aspects de la vie, même la plus ordinaire, et parfois la plus inattendue. Ainsi, au fil des jours, le clapotis de l’actualité multiplie ces «petits faits», souvent dans la confusion et le désarroi, qui naissent à la source de la crise.


On a pu lire, récemment, par exemple, dans un journal quotidien, un appel péremptoire à la jeunesse française: «Barrez-vous!» Si c’était une invitation à parcourir le monde, les nouvelles géné­rations n’ont pas attendu les auteurs de ce texte pour prendre la route, et elles mani­festent en effet une belle ardeur à filer aux quatre coins de la planète. Autrefois, les continents, au mieux, s’ignoraient, au pire, se combattaient: ils apprennent aujour­d’hui à se connaître.

Mais ce n’est pas cet esprit internationa­liste, qui nous est cher, qui anime l’appel à se «barrer». La chose semble en effet hanter l’homme le plus riche de France et d’Europe: Bernard Arnault. Il n’est pas le seul dans ce petit monde huppé-là: le cofondateur de Facebook, Eduardo Saverin, à la veille de devenir multimil­liardaire par l’introduction en Bourse, a renoncé à la nationalité américaine pour échapper à l’impôt «made in USA » et s’est installé à Singapour. C’est décidé­ment un réflexe pavlovien du côté de la richesseGavroche extrême. Il y en a d’autres aussi qui sont tentés par le grand départ. Sur une embarcation de fortune. Ils fuient la famine. Parfois au large d’une île italienne ou d’un rivage africain, ils en meurent. Noyés. Alors, jeunesses, «battez-vous»!

Et puis, on dit que l’Espagne est toute retournée par la confidence d’un des plus grands joueurs de football du monde, Ronaldo, qui opère dans un des plus grands clubs du monde, le Real Madrid. 
Il a avoué à la télévision ne pas être heureux. Le peuple espagnol, soumis au garrot de la paupérisation absolue par les dignitaires de Bruxelles, comprend mal ce chagrin d’un homme rémunéré comme Crésus. Encore, 
et décidément sans fin, la problé­matique de l’argent, 
le seul marqueur dominant et écrasant de notre société: en fin de compte, un footballeur est une mar­chandise pour des marchands sur un mar­ché, non? Et voilà, par-dessus le marché, c’est le cas de le dire, que Barcelone 
est animée par une gigantesque manifestation au nom 
de la Catalogne et de l’Europe… Karl Marx a expliqué, 
il y a longtemps, que le nationalisme est comme 
une super­stition apaisante dans les états de crise…

Et ceci, encore. La contraception régresse parmi les jeunes femmes défavorisées parce que les pilules sont trop chères. Misère de misère…! Et fallait-il donc ajouter au désastre industriel et humain de PSA à Aulnay-sous-Bois, d'Arcelor-Mital à Florange et aux autres drames qui menacent dans les entreprises, ces petites défaites culturelles symboli­ques, le renoncement au Centre national de la musique, au musée de la Photo, à une extension de l’Opéra-Bastille pour la Comédie-Française… Cela n’a aucun rap­port? Peut-être… Mais la même racine, le système et sa guerre.

On n’en finirait pas de ce catalogue au fil des temps que nous vivons. Il faut sans doute aussi y ajouter sans attendre le som­bre granit glacé d’une pensée funeste: un écrivain et éditeur français, Richard Millet, 
a exalté le geste pour sa qualité littéraire d’Anders Breivik, le tueur de Norvège, bras armé du fascisme moderne…

La crise marque au fer rouge le cycle contre-révolutionnaire que l’histoire tra­verse depuis près de quarante ans.

 

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