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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 23:58
Salaires des patrons : révoltant !

Le vent de contestation qui souffle dans le pays aurait-il gagné les actionnaires des grou­pes du CAC 40 ? Après le vote de défiance de 54% des actionnaires de Renault contre le salaire du PDG Carlos Ghosn, fixé à 7,2 millions d’euros, et son passage en force pour maintenir coûte que coûte ses émoluments, la fronde s’est quelque peu étendue aux petits porteurs de Sanofi. Seuls 63% des actionnaires réunis en assemblée générale ont approuvé le salaire mirobolant d’Olivier Brandicourt, PDG du géant pharmaceutique, qui atteint 16,7 millions d’euros pour 2015. Dans le milieu très feutré de la finance, les rému­nérations des dirigeants sont habituellement approuvées à la quasi-unanimité par des détenteurs d’actions, trop contents de voir leurs dividendes gonfler.

Cette courte majorité s’apparente donc à une critique frontale de l’indécence des salaires patronaux. « J’ai voté contre (la rémunération d’Olivier Brandicourt) parce que ce sont des salaires délirants par rapport à la misère du monde », a confié à l’AFP une retraitée action­naire de Sanofi, à l’issue de l’assemblée générale à Paris. « Ce sont des rémunérations scandaleuses, décidées par des conseils d’administration consanguins qui ne vont pas scier la branche sur laquelle ils sont assis », a affirmé à l’agence de presse un autre petit porteur de Sanofi, ancien expert-comptable. Si les détenteurs d’actions du géant pharma­ceutique ne découvrent certainement pas la marche de l’économie capitaliste aujourd’hui, peut-être craignent-ils que la démesure de ces émoluments ne soit pas soutenable à long terme. En effet, d’après le palmarès établi par le quotidien les Échos, les rémunérations des grands patrons ont augmenté de 4% l’année dernière, hors bonus différé et autres actions de performance, alors que les entreprises du CAC 40 ont vu leurs bénéfices reculer de 7%.

Peut-être aussi craignent-ils que ces généreuses rétributions ne révoltent les salariés, soumis, eux, à des sacrifices permanents. Sanofi, pour débaucher Olivier Brandicourt du groupe pharmaceutique Bayer, a offert à son nouveau dirigeant un bonus de bienvenue de 4 millions d’euros sur deux ans, sa rémunération fixe et variable n’atteignant « que » 4,4 millions d’euros, complétée par un pactole de 12,7 millions d’euros sous forme d’options de souscription d’actions et d’actions de performance. « Pendant ce temps-là, on a trois plans de restructuration en cours qui vont se traduire par un minimum de 650 suppres­sions d’emplois, et on craint que ça n’atteigne plutôt le millier », dénonce Thierry Bodin, coordonnateur CGT du groupe Sanofi. En plus de ces suppressions de postes, les sala­riés n’ont obtenu aucune augmentation générale des salaires cette année, explique le syn­dicaliste. Pire, le groupe pharmaceutique entend imposer au personnel de la division Sanofi-Pasteur, qui produit des vaccins, un accord de compétitivité qui se solderait par la perte de jours de RTT, donc un accroissement du temps de travail, sans contrepartie.

Une configuration qui devient quasi systématique dans les grands groupes. Chez Renault, les salariés sortent à peine d’un accord de compétitivité qui a supprimé 8 260 emplois, gelé leurs salaires et augmenté leur temps de travail de 6% depuis 2013, que le construc­teur annonce déjà vouloir négocier un nouvel accord de ce type. Chez PSA Peugeot-Citroën, le PDG Carlos Tavares a trouvé moyen de doubler son salaire entre 2014 et 2015, empochant 5,24 millions d’euros au titre du dernier exercice.

Pour justifier ces sommes, le patron du constructeur automobile a expliqué lors d’une audition à l’Assemblée nationale, qu’il se considère « comme un joueur de football ou un pilote de Formule 1 ». « Il y a un marché », a-t-il ajouté. Alors que, là aussi, les salariés ont souffert des gains de productivité imposés par le biais d’un « nouveau contrat social » avec 17 000 suppressions d’emplois, selon les décomptes de la CGT, gel des salaires et pertes de RTT. Et là encore, la menace d’un nouveau plan de compétitivité se profile alors que des mesures d’austérité ont déjà été prises sur le site de Rennes, actant une « mode­ration salariale » sur trois ans et la perte de jours de congé pour les anciens. De quoi don­ner du grain à moudre au ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, qui a menacé de « légiférer » si les pontes du CAC 40 ne faisaient pas preuve de plus de retenue sur leurs salaires.

Même si, dans les faits, en allégeant la fiscalité des actions gratuites par le biais de la loi Macron, le ministre a objectivement contribué à gonfler les poches patronales !

 

Si l'on peut dire ?

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