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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 22:01

Samedi dernier avait lieu une « cérémonie donnant le nom de Bernard Bordiau au Parc des Sports et de Loisirs, en présence de sa famille ». Notre camarade et amie Colette Bordiau avait, en donnant son accord clairement expliqué qu'elle ne souhaitait pas que cette cérémonie donne lieu à une récupération politique quelle qu'elle soit !

Hommage à Bernard Bordiau et attitude du Maire de Lempdes

Mais voilà, nous avons eu droit :

  • à une déclinaison du programme du Maire sortant pour les prochaines élections municipales
  • aux larmes de crocodile d'un sénateur regrettant la baisse drastique ou devons-nous dire dramatique des dotations aux collectivités locales (mais qu'avez donc vous voté Monsieur le Sénateur ? Vous avez oublié ? Même si vous avez voté le report de l'âge de départ en retraite, il vous faudrait peut-être songer à la vôtre ?)
  • enfin à une brève intervention de notre député André Chassaigne, qui a rappelé qu'au-delà du militantisme sportif, associatif et syndical Bernard était un militant communiste exemplaire !
Hommage à Bernard Bordiau et attitude du Maire de Lempdes

Quand Bernard nous a quitté, en août 2003, j'étais à l'autre bout de l'Europe et n'avais pu envoyer les mots exprimant ma peine et le saluant que par un fax quelque peu poussif. Cet hommage a été lu à l'époque, me dit-on, par l'ami Jean-Michel.

Je me faisais une joie, si l'on peut dire, de prononcer cet hommage. Les feuillets dans mes mains étaient à la vue de tous quand le Maire a clôt la cérémonie avant que je ne puisse prendre la parole par un péremptoire :

« Et maintenant nous allons prendre le verre de l'amitié ! (je me demande si ce dernier mot n'est pas un peu impropre) »

Avant de publier ce texte qui fut quelque part censuré samedi, je vous livre une citation de Sitting Bull, juste pour rappeler que Bernard fut militaire, mais, je crois comme Sitting Bull définit les "Warriors" :

Hommage à Bernard Bordiau et attitude du Maire de Lempdes

Salut Bernard, c'est Michel !

 

Combien de fois l'as-tu entendue cette phrase ? Au téléphone ou plus souvent entre midi et 1 h du matin, quand je débarquais chez vous (avant midi c'est l'aube, après 1 h du matin c'est un peu tard).

Je débarquais pour donner des nouvelles du front, de cette grève des postiers dans ce centre de tri tout neuf, tout moderne et conçu pour broyer les hommes, pour le plus souvent voir avec toi comment les communistes lempdais pouvaient prendre position dans telle bagarre avec les soc (prononcer sausse), avec la droite lempdaise, avec le maire ou sur quelques sujets épineux : la gauche plurielle, Clermont-communauté, l'incinérateur, plus récemment sur l'attitude que nous devions avoir pour les élections cantonales ou régionales.

Tu n'avais pas toujours une idée bien arrêtée et commençait par bougonner, là intervenait Colette avec son sourire lumineux qui, de quelques mots traçait une piste de réflexion et on pouvait débattre, proposer, construire, s'engueuler au besoin.

C'est Michel, disais-je, oui, Michel qui parle pour Michèle, Boris et Magali bien sûr, mais aussi pour Pierre Bielher, Antoine Rivas, Anne Maynier et cet autre Bernard, Bernard Quinton que tu connaissais moins. Ces derniers, tous militants dévoués, combattants exemplaires pour le progrès social et un monde meilleur, fauchés trop tôt par la camarde qui semble prendre un malin plaisir à retirer de ce monde les âmes honnêtes, loyales et droites, fer de lance du mouvement social et du combat politique.

On en viendrait à reprendre les adages populaires, tu sais « Ce sont les meilleurs qui s'en vont et les plus malheureux qui restent ».

Malheureux ce n'est rien de le dire, moi tellement de ne pas être là en personne pour te saluer une dernière fois, malheureux tous ceux qui n'ont pu être là aujourd'hui car avoues que tu as choisi la période la pire pour partir, celle où la France d'en bas souffle, se ressource pour les luttes à venir, celle où la France d'en haut commet ses mauvais coups à la sauvette (déclarations de guerre dans le passé, décret Balladur sur les 42 annuités, augmentations en tout genre),

Enfin je suppose que tu as choisi ce moment par discrétion, pour ne pas déranger, c'est bien de toi !

Bernard, mon ami, mon frère, mon camarade, combien de dizaines d'hectolitres de colle avons-nous étalé sur les murs pour coller des centaines d'affiches, combien d'heures à distribuer des tracts pour faire avancer les idées communistes, faire progresser cette société vers notre idéal de justice, d'humanité !

Et quand nous nous retournions en arrière, il y a quelques semaines encore pour faire le bilan à l'aube de ce siècle encore tout neuf, ton pessimisme congénital (mais non, réalisme disais-tu), ton pessimisme dis-je avais beau jeu de tailler en pièce mon optimisme habituellement inébranlable.

Même ma maxime préférée (tu sais « L'optimiste est un imbécile heureux, le pessimiste est un imbécile malheureux ») n'y faisait rien. Il fallait que j'utilise l'arme ultime, cette longue marche dans l'arrondissement de Saint-Anthème par une température caniculaire à distribuer des tracts dans des coins ignorés de Dieu, je ne sais pas, mais de beaucoup d'hommes c'est sûr, longue marche qui contribua, c'est avéré, à l'élection d'un député communiste dans le Puy de Dôme, André Chassaigne, le grand Dédé, dont j'aurai tant souhaité qu'il puisse me remplacer pour ce dernier salut (mais il était là, samedi, et cela faisait du bien).

Oui, bon d'accord, malgré la taille et l'envergure du « Dédé », le bilan est plus que mince, puisque nous faisions ensemble l'analyse que la régression sociale continuée par ce gouvernement (rappel : c'était en 2003, mais des fois, en 2014, on s'interroge...) ramène la France d'en bas, (nous on aimait bien dire la classe ouvrière, mais le terme est un peu restrictif, il est vrai), ramène la France disais-je à la situation de la classe ouvrière du 19ème siècle.

Mais tu as vu le mouvement social de ce printemps 2003 ? Tu as vu la place qu'y ont pris tes camarades qu'ils soient de la CGT, de la FSU ou du Parti Communiste ?

Tu as vu l'écho qu'il a trouvé dans cette société française que l'on croyait définitivement soumise à la droite réactionnaire et au patronat du MEDEF triomphant ?

Et tu crois que ce combat obstiné, interminable que tu as mené au sein de la CGT et de ton Parti n'y est pour rien ?

Non Bernard, mon ami, mon frère, mon camarade, ton combat, notre combat n'a pas été vain. Et s'il n'est pas achevé, tu n'y es, nous n'y sommes pour rien. Avec les communistes et sympathisants (maintenant du Front de Gauche) de Lempdes et du canton, Carmen, Rosemonde, Michèle (Bouchet et Farges), Colette, Marie-Thérèse, Lila, Magali, Alain, Jean, les Michel (Borie, Pays et moi), Boris, Samuel et tous les autres (Elsa, Jean-Claude, Olivier, Marie-Jo, Pierre, Claude, Eddy, Joël, Philippe, Fabrice, Pauline, Tristan) et toutes celles et tous ceux qui me pardonneront de ne pas les citer, tu as combattu autant et du mieux que tu as pu, mais l'adversaire est coriace et les alliés peu fiables (ce n'est rien de le dire à certains niveaux), mais ta lutte, la nôtre va continuer, sois en sûr mon camarade.

 

Et pour Colette, Alexandra, Franck, Florence, Stan, Ludmilla et les autres, tous les autres, tel Spartacus joué par les « Jolie Môme », pour ce combat, tu reviendras Bernard, et tu seras des millions.

 

Salut Bernard, c'était Michel et tous les communistes, tes camarades, tes amis !

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commentaires

M
Très bel hommage qui valait certainement mieux que certains discours !<br /> Hors sujet :<br /> Michel , tu connais mon gout pour la chanson....pourquoi ne pas profiter de ton blog pour faire connaitre quelques chanteurs du genre Jean Marc LE BIHAN ou Serge UTGE ROYO , Eric FRASIAK par exemple et illustrer ainsi quelques uns de tes articles ! Articles toujours aussi intéressants...merci aux participants à l'élaboration de ton blog !
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