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21 décembre 2013 6 21 /12 /décembre /2013 22:57
L’éternité de la Françafrique ? Petite guerre humanitaire ?

L’éternité de la Françafrique ?

 

Édouard Glissant avait prévenu.

 

« Comme les dernières lueurs d’une bou­gie qui s’éteint : ce sont les plus féroces », disait-il à propos du séisme planétaire des identités « racines » liées à des territoires « fuyants, instables, déréglés » et confron­tées à l’inexorable émergence de ce qu’il nommait « identité-relation ».

 

Le poète caribéen a toujours préféré le métissage et la « mondialité » au génocide de l’intelligence humaine que porte la « mondialisation ». Il notait que les princi­paux conflits contemporains avaient pour cible des laboratoires emblématiques de ce creuset, de Sarajevo à Beyrouth. L’Afri­que ne fait pas exception et encore plus de par le caractère artificiel de frontières découpées par les anciennes puissances colonialistes. Esclavage, colonisation, tra­vail forcé, contrats commerciaux... Les formes ont changé et, passé la claque des indépendances pour ceux qui en tiraient profit, le pillage des ressources a pu se poursuivre sous d’autres formes, jusqu’à devenir le système que résume le néolo­gisme Françafrique.

 

D’autres parlaient de négritude. Leopold Sédar Senghor s’est éteint fin 2001 sans qu’aucune autorité française ne ressente la nécessité d’assister à ses obsèques... Pour le Sénégalais Fadel Dia, « avec lui peut-être s’est éteinte notre préférence France ». Du génocide au Rwanda, avant cette date, au sinistre discours de Dakar, le fossé n’a cessé de se creuser. La politique africaine de François Hollande est mar­quée d’un sceau : la réponse militaire à des tragédies, se muant en intervention en sous-traitant de la puissance américaine, Et si nous écoutions le nouveau président malien ? Ibrahim Boubacar Keïta rappelle que si France et Afrique « sont condam­nées à cheminer ensemble », cela ne pou­vait se faire en piétinant les prérogatives nationales, ni en ouvrant la voie à des « nettoyages ethniques » dans le nord de son pays.

 

La « lueur féroce » s’allume en Centrafri­que cette fois et appelle une réaction inter­nationale. Bangui, capitale à la population elle aussi mélangée, bruisse déjà d’airs de revanche sanglante. Est-ce à la France de jouer seule un rôle de gendarme là où les Africains pourraient assumer un rôle com­mun ? Et n’est-ce pas sur ce point la rai­son de l’absence au « sommet de l’Ély­sée » d’un grand pays comme l’Afrique du Sud ? Le ministre de l’Économie apporte sa touche à la vision que porte le gouver­nement sur le continent-avenir de l’huma­nité : un immense marché. Qu’importent les fléaux sanitaires – sida en tête –, l’es­pérance de vie en berne dans l’Afrique noire francophone, l’exode des jeunes et l’isolement des vieux... L’aide réelle à la coopération atteint à peine le quart des engagements internationaux pris par la France.

 

Les temps changent et ont changé. 
Quand l’admettra-t-on ?
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