La ministre des Affaires sociales déclare que « quand on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps ».
Elle reprend à son compte l’antienne, à l’époque, des partisans UMP et Medef de la réforme Woerth-Sarkozy de 2010. L’un des Messieurs Retraite du PS, le député parisien Jean-Marie Le Guen, évoquait de son côté toutes les pistes possibles de financement. Toutes ? Il se trouve qu’elles reposent entièrement sur les salariés et les retraités eux-mêmes.
La mort de Pierre Mauroy a réuni les hommages que l’homme socialiste méritait [Nous ne partageons pas complètement ce jugement, n'ayant pas oublié que c'est lui qui a "liquidé" le tissu industriel du Nord-Pas de Calais, Ndlr].
Son gouvernement, comprenant quatre ministres communistes, mit en œuvre la retraite à soixante ans, une ligne de partage entre gauche de progrès social et réaction qu’il défendit encore voilà trois ans au Sénat. Le tournant de la rigueur austéritaire des années suivant 1983, et le début de la conversion au libéralisme d’une partie de cette gauche élue sur une promesse de changement, peut se mesurer : entre 1982 et aujourd’hui, la part des richesses créées par le travail consacrée aux salaires brut n’a cessé de baisser ; celle accaparée par les revenus financiers a quasi doublé, atteignant près de 310 milliards d’euros l’an passé. Et l’on ne pourrait pas trouver là-dedans de quoi financer des mesures de justice sociale ?
Prenons l’exemple de Michelin. Le groupe annonce une quasi-fermeture de son site de Joué-lès-Tours. 700 salariés sont sur la sellette. Un nouveau sinistre industriel et social est en vue. En quoi l’allongement de la durée de cotisation accordera-t-il une meilleure retraite à ceux à qui on supprime le droit au travail aujourd’hui ? Le groupe de pneumatiques affirme qu’il agit au nom de la compétitivité. À lire de plus près ses documents financiers, on pourra se rendre compte que le mot est plus que jamais synonyme de rente. Ses ventes ont déjà baissé en 2012 ? Son bénéfice a augmenté d’un quart. Les dividendes versés aux actionnaires ont progressé d’un tiers depuis 2010. Et ces derniers sont encore assurés d’une « rentabilité opérationnelle » à deux chiffres en 2013.
Les jeunes, condamnés à rester à la porte de l’emploi stable. Les autres salariés, invités à voir reculer un peu plus l’espérance d’une vraie vie après le travail. Les retraités d’aujourd’hui, contraints à se serrer un peu plus la ceinture et à prendre un petit boulot que n’auront pas les premiers... « L’État ne peut pas tout. » La phrase de Lionel Jospin sonna le glas, à l’automne 2001, d’une rupture de gauche avec le pouvoir chiraquien, et lança Le Pen sur les rails d’un score historique. Sauf à spéculer sur une réédition symétrique de cet affrontement en 2017, va-t-on laisser Michelin et autres rapaces du CAC 40 imposer leur loi d’airain ? Ou des choix politiques peuvent-ils leur être imposés ?
Avant le sommet européen de Bruxelles qui s’est tenu jeudi et vendredi, François Hollande avait fait preuve d’une grande autorité : on allait voir ce qu’on allait voir, la Commission Européenne n’allait pas dicter à la France sa réforme des retraites.
Hollande se couche une nouvelle fois devant la Commission Européenne
Avant le sommet européen de Bruxelles qui s'est tenu jeudi et vendredi, François Hollande avait fait preuve d'une grande autorité : on allait voir ce q... [commission européenne,françois ...
Communiqué de Martine Billard du Parti de gauche
Alors devant cette énième déception (Sont-ils vraiment encore capables de nous décevoir ? Question que nous posons aux militant-e-s et électeurs-trices du parti socialiste).
Sachant qu'alors que les militants du Front de gauche avaient collés une bonne partie de l'après-midi d'hier, ils ont été largement recouverts cette nuit par la peste brune.
Nous allons finir ce dimanche par une note d'humour, nos amis Marcel et Jacky nous ayant conseillé d'égayer le blog avec cette carte postale de collection :