Après avoir obtenu en mars la signature du traité Merkel-Sarkozy, la chancelière allemande demande la construction d’une Europe fédérale, quitte à en passer par une UE à deux vitesses.
Angela Merkel assume. Elle est prête pour une fuite en avant fédéraliste austéritaire. Si besoin en petit comité. « Nous n’avons pas besoin uniquement d’une union monétaire, mais aussi d’une union fiscale, avec une politique budgétaire plus commune », a dévoilé la chancelière allemande. « Nous ne devons pas rester immobiles parce que l’un ou l’autre ne veut pas encore suivre », a-t-elle précisé. Cela instaurerait de fait une Europe à deux vitesses. Ainsi, elle prépare le terrain des prochains rendez-vous européens.
Plusieurs pays demandent que l’Union européenne (UE) réoriente sa politique et invoquent, à côté de l’austérité, le besoin de croissance. Avant de passer un compromis, Berlin souhaite s’assurer que l’austérité sera bien appliquée et que sera maintenue à l’avenir l’orientation d’une UE qui ne remette pas en cause la domination des marchés financiers en diminuant les dettes publiques, en précarisant le marché du travail, en organisant la stagnation des salaires et en réformant les systèmes de retraite.
Avec sa déclaration, Angela Merkel poursuit sa stratégie. Celle qui a conduit à la signature, en mars, par vingt-cinq pays de l’UE du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, qui interdit les déficits publics. C’était la condition posée par Berlin pour accepter la fondation du mécanisme européen de stabilité, le fonds de secours qui prête aux pays en difficulté en échange de politiques d’austérité draconiennes.
Dans les échéances attendues, la chancellerie veut s’assurer de ne pas perdre la main. Le 17 juin, se sont tenues les élections en Grèce, où la coalition de la gauche radicale (Syriza) est devenue le deuxième parti du pays (avec 28,69 % des voix, de peu derrière le parti de droite,Nouvelle Démocratie (ND), vainqueur, avec 29,66 % des voix).
. Or cette formation refuse le plan d’austérité de la troïka (FMI, BCE, UE). En outre, du fait de l’explosion de la bulle spéculative immobilière, les banques espagnoles ont besoin d’une recapitalisation d’un montant supérieur à 60 milliards d’euros, soit une ponction de 5 % de la richesse produite en Espagne en une année. Les finances de l’État espagnol ne le permettent pas et celui-ci a obtenu l’aide du fonds de secours. Cela revient à solliciter la garantie des autres pays sur les emprunts visant à sauver le système bancaire espagnol. Le Royaume-Uni a dit qu’il se placerait hors d’une union bancaire et veillerait au respect des intérêts de la City.
Berlin n’est pas seul à pousser pour davantage d’intégration. La Commission, le Conseil et la Banque centrale européenne planchent sur un « approfondissement de l’union économique et monétaire » censé sauver la monnaie unique, conformément aux décisions du Conseil.
C'est pourquoi il faut signer et faire signer la lettre ouverte à François Hollande pour un référendum sur le Pacte budgétaire proposée par l'association ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne).
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