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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 14:13

Même dans la torpeur de l’été, alors que la chaleur a pris ses quartiers et que les âmes vagabondes rêvent de caresser le sable chaud, les nouvelles noires de l’austérité continuent leur chevauchée. On nous parle froidement de chiffres, toujours à la baisse. Matignon se félicitait d’être parvenu à signer un « pacte » avec les collectivités territoriales, confirmant une sinistre diminution 
de leur dotation de 1,5 milliard d’euros"...

 

Pour les villes, 
les départements ou les régions, de plus en plus sollicités par les habitants du fait de la crise, l’effet ciseau est redoutable. Des budgets qui augmentent, des crédits 
qui baissent et au bout, tout au bout de la chaîne, 
des amortisseurs sociaux qui cassent, des aides sociales qui s’effritent, des offres culturelles ou de loisirs qui disparaissent.

 

Dans ce cadre, le rapport parlementaire qui attire l’attention sur la baisse continue de la fréquentation des colonies de vacances a ceci de salutaire qu’il remet dans la lumière un droit sacrifié par la crise, le droit aux vacances. Chaque année, les Français, comme les Européens d’ailleurs, sont un peu plus nombreux à ne pas partir. Plus d’un 
se prive de vacances et 
la grande majorité évoque comme cause première un manque de moyens financiers. Les ouvriers 
et employés sont les premiers frappés par cette inégalité. Quant aux enfants, qui devraient se réjouir d’aller gambader loin de chez eux, ils sont aujourd’hui près de 3 millions (25 %) à n’être jamais partis.

Du bonheur qui fait grandir

Pourtant, depuis 1998, les vacances sont reconnues comme un droit du citoyen. Michèle Demessine, ancienne secrétaire d’État au Tourisme 
du gouvernement Jospin, a fait inscrire ce droit dans la loi contre les exclusions. L’acte a contribué à ancrer un peu plus l’idée que le départ en vacances fait partie de la norme sociale. En être privé représente une forme d’exclusion. Une discrimination particulièrement violente quand il s’agit d’enfants. Pouvoir se reposer, découvrir des lieux inconnus, faire des rencontres, apprendre de nouvelles activités est essentiel au bien-être de chacun. « Mon éducation s’est faite pendant les vacances », avait coutume de dire le poète anglais Osbert Sitwell. Il se trouve que, dès sa naissance, la colonie de vacances s’est donné une fonction éducative, pas au sens de l’apprentissage des savoirs comme à l’école, au sens des apprentissages de la vie, de la sociabilité, de l’autonomie, autant de qualités qui aident à être adulte et citoyen.

 

Dans les années 1960, la « colo » représentait même un des marqueurs sociaux de la gestion 
des municipalités de gauche – socialistes le plus 
souvent, communistes tout le temps – et des gros comités d’entreprise (EDF, La Poste, France Télécom, SNCF, etc.) Les « jolies colonies de vacances » assuraient la prise en charge des gosses des familles populaires, tout en permettant leur rencontre avec ceux issus de milieux sociaux différents. Une mixité génératrice de solidarités, qui apportait une sécurité : même avec un faible niveau de vie, il était possible d’offrir des vacances aux enfants.

 

Pour parvenir à reconstruire cette perspective, les collectivités territoriales ne peuvent pas être laissées seules à la tâche. Matignon pourrait, avec elles, signer 
un « pacte » qui, pour une fois, se chiffre à la hausse.

Quant aux enfants, qui devraient 
se réjouir d’aller gambader loin 
de chez eux, 
près de 3 millions ne sont jamais partis en vacances.

 

Du bonheur qui fait grandir
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