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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 22:49

Pour la neuvième fois, la justice  française a rejeté la demande de libération  du militant révolutionnaire libanais Georges  Ibrahim Abdallah. Le plus ancien prisonnier  politique en Europe, qui vient d’entamer  sa 31e année de prison au centre pénitentiaire  de Lannemezan (Hautes-Pyrénées).  Libérable depuis 1999, Georges Abdallah,  symbole de la résistance palestinienne,  fait face à un véritable acharnement politique. 

 

Pour son avocat Jean-Louis Chalanset : « l’atteinte à la  séparation des pouvoirs (était) flagrante  (…). Une nouvelle fois, les États-Unis ont  imposé au gouvernement français leur  volonté de se venger ». 

 

Condamné à la perpétuité en 1987

Membre des Fractions armées  révolutionnaires libanaises  (Farl), il est arrêté en  1984 à Lyon pour détention  d’un faux passeport algérien.  Deux ans plus tard, il est  condamné à quatre ans de prison.

 

L’affaire aurait pu en rester là si  la France n’avait pas alors été plongée dans  une vague d’attentats, dont celui de la rue de  Rennes perpétué par des islamistes chiites  proches de l’Iran. George Abdallah est dans  le même temps inculpé de complicité d’assassinat  d’un attaché militaire états-unien,  le lieutenant-colonel Charles Ray, d’un  membre des services secrets israéliens, du  diplomate Yacov Barsimentov et, à Strasbourg,  du consul général des États-Unis, Robert Onan  Homme. Tous entièrement tournés à l’époque  dans le soutien aux crimes israéliens au Liban  et à la lutte contre les progressistes libanais et  palestiniens. Lors du procès de 1987, une cour  d’exception, où les États-Unis se constituent  partie civile, condamne Georges Abdallah à  perpétuité, une peine assortie de quinze ans  de prison. À l’époque, l’Humanité écrit :  « Washington a gagné, sous les applaudissements  de Tel-Aviv (…). Le procès Abdallah a  été de bout en bout piloté pour et par une puissance  étrangère. » 

 

Quand le pouvoir exécutif empiète sur le pouvoir judiciaire

Les majorités politiques changent mais  l’acharnement se poursuit. Selon des câbles  diplomatiques révélés par WikiLeaks, le médiatique  avocat Georges Kiejman, qui représente  les intérêts de la partie civile américaine,  s’inquiétait déjà en 2007 de la demande de  libération formulée par Georges Abdallah.  Avec le soutien de Washington et de la direction  de la surveillance du territoire (DST), il fait  alors pression sur le ministère de la Justice  français afin que cette requête n’aboutisse  pas.

 

L’ambassadeur américain en France  fait part de sa « gratitude » au garde  des Sceaux de l’époque, Pascal  Clément. En 2012 et 2013, le  même activisme aboutira à  un rejet judiciaire similaire.  Pourtant, en 2012, une décision  favorable avait été rendue  par le juge d’application des  peines, puis en appel, mais la  Cour de cassation avait finalement  déclaré la demande  irrecevable.  La justice a en outre rejeté hier la demande  de bénéficier d’une année probatoire,  préalable à une libération. Selon Me Chalanset,  cette année aurait pu être effectuée  au sein d’un établissement pénitentiaire  plutôt qu’en régime de semi-liberté ou sous  surveillance électronique compte tenu des  menaces qui pèsent sur la vie de Georges  Abdallah. « Le pouvoir exécutif empiète sur  la justice, qui a estimé qu’il pouvait bénéficier  d’une libération conditionnelle s’il était expulsé  », a expliqué Me Chalanset à l’issue  du verdict. Il suffirait en effet à la France  de signer un arrêté d’expulsion pour le  Liban. Beyrouth a d’ores et déjà donné son  accord pour accueillir Georges Abdallah,  qui n’a cessé de faire valoir aux juges parisiens  sa volonté de reprendre son métier  d’enseignant au pays du Cèdre. 

 

Au moment où les lignes semblent bouger  en Europe autour de la reconnaissance  d’un État palestinien, la France fait le  choix de condamner la résistance à travers  Georges Abdallah. Peut-être Paris devrait-  il méditer cette phrase du révolutionnaire  datée de mai 2013 : « Les  prisonniers palestiniens, en dépit des longues  années, sont toujours là, debout face à leurs  geôliers, incarnant la résistance héroïque  de la Palestine et prouvant à tous les Ben  Gourion que la Palestine, non seulement  vivra, mais elle vaincra certainement. »  

 

L’État s’acharne sur Georges Abdallah
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