Hogan, un bleu du pays vert

L’Irlandais Phil Hogan succède comme commissaire européen en charge de l’Agriculture au Roumain Dacian Ciolos, que le gouvernement de son pays n’a pas reproposé.

Dacian Ciolos avait l’avantage de bien connaître l’agriculture du fait de sa formation d’ingénieur agronome, son cycle de formation l’ayant aussi conduit à effectuer de longs séjours en France. Mais il n’était qu’un commissaire (de droite) parmi 27 autres dans un collège où domine l’idéologie ultralibérale et libre échangiste. En Irlande, Phil Hogan - dont le parti est affilié au PPE où siègent les députés UMP du Parlement européen - s’est signalé comme le père des taxes impopulaires sur l’eau et la propriété immobilière, dans le cadre des plans d’austérité consécutifs à la crise financière de 2008. Il a également fait parler de lui en 2011 en intervenant contre l’attribution d’un logement à une famille des gens du voyage dans sa circonscription électorale.

Conservateur par idéologie, Phil Hogan ne semble pas avoir de compétence particulière pour traiter les dossiers agricoles alors qu’il prend ce poste dans un contexte politique et économique où il en faudrait beaucoup. En effet, l’Europe agricole va être soumise dans les mois qui viennent à de fortes turbulences consécutives à l’embargo de la Russie sur les exportations de produits agricoles européens, en rétorsion aux nombreuses sanctions économiques de l’Europe contre ce pays.

LE NOUVEAU COMMISSAIRE AURA À GÉRER LES CONSÉQUENCES DE LA FIN DES EXPORTATIONS DE PRODUITS LAITIERS EUROPÉENS EN RUSSIE

Le nouveau commissaire aura à gérer les conséquences de la fin des exportations de produits laitiers européens en Russie. Sans débouchés pour les fromages sur le marché russe, les entreprises laitières européennes vont produire plus de poudre et de beurre avec le risque de voir s’exercer une pression à la baisse du prix du lait dans les prochains mois (voir page 15). Or le nouveau commissaire en charge de l’Agriculture vient d’un pays d’élevage qui a milité pour la fin des quotas laitiers et qui s’est le plus engagé avec l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark et la Pologne dans la course aux volumes en prévision de la sortie des quotas en avril 2015.

Phil Hogan arrive aussi à Bruxelles à un moment où la gestion des conséquences de l’embargo russe sur les fruits et légumes européens va être compliquée. On a appris, le jour de sa nomination, que les 82 millions d’euros affectés à la filière pour les retraits ne suffisaient pas pour répondre aux demandes d’aides de la Pologne et quelques autres pour les pommes, les poires, les chouxfleurs et les brocolis, que ces pays ne peuvent plus vendre à la Russie. Ça promet !