Devant les micros d’une station de radio, l’économiste Jacques Sapir lançait : « Et si on rétablissait l’esclavage ? »
C’était une boutade. Il réagissait ainsi aux informations qui s’accumulent sur les grandes manœuvres du pouvoir pour soumettre, sans limite, le monde du Travail au monde du Capital…
Ainsi des historiens vous expliquent que, il y a des siècles, le sacrifice de dizaines de milliers d’esclaves a été bien triste, mais on lui doit la splendeur des pyramides d’Égypte… Le nouveau servage, que le Ministre Macron organise, serait lui aussi bien malheureux, mais il serait le prix à payer pour, selon ses propres termes, « libérer l’activité »…
Mais monsieur le Ministre aurait tort de s’arrêter en si bon chemin…
- Et si, pour « libérer l’activité » de M. Dassault on lui épargnait l’humiliante comédie de sacs de plastique bourrés de billets en provenance de la Suisse, déposés en douce dans son bureau par un commissionnaire. Après tout, il devrait pouvoir disposer de ses avions en toute tranquillité.
- Et si, pour « libérer l’activité » d’importants personnages de la BNP, on cessait de leur chercher des poux dans la tête en les soupçonnant de « délits d’initiés »… Après tout, les banques françaises planquent un tiers de leurs activités internationales dans des paradis fiscaux… Et puis une banque est une banque, n’est-ce pas ? Lui mettre des bâtons dans les roues, c’est mettre des bâtons dans les roues de la France.
- Et si, pour « libérer l’activité » des supermarchés Leclerc, on fermait les yeux sur ces stagiaires en provenance de Pôle emploi, non rémunérées bien sûr, à qui on promet un CDI, qui ne vient jamais… Virées, soit. Mais le marché est instable et mouvant n’est-ce pas ?
Assez joué. Les fondés de pouvoir du Capital gouvernent. Leur libéralisme pur et dur ne réglera rien : il ajoutera de la décomposition à la décomposition !
Selon l’estimation de Walk Free, 8 500 personnes vivent dans les conditions de l’esclavage en France. A deux reprises, Paris a été condamné par la Cour européenne des droits de l’homme pour n’avoir pas mis en conformité son droit avec la notion d'«état de servitude», alors que des dossiers d’esclavage moderne passent régulièrement devant la justice française, (il s'agit souvent de jeunes femmes d'origine étrangère employées comme «domestiques» dans des familles riches qui les exploitent et les maltraitent).
En mai 2013, les députés ont finalement adopté un amendement créant un crime d’esclavage et de servitude puni de quinze ans de réclusion.