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25 août 2014 1 25 /08 /août /2014 18:48

Il bouge beaucoup, le camarade Fabius, ces jours-ci.

 

Il soliloque, il se met en colère, il menace, il piapiate, il se montre. Comme s’il voulait faire oublier son interminable silence durant le martyr de Gaza. Pourtant le mas­sacre, alors, a duré. Longtemps. Et les morts n’en finissaient plus de défiler : 100 morts, 500, 1000, mais le ministre était aux abonnés absents.  à 2000 morts (et 10 000 maisons explosés), Fabius a jugé que c’était le tarif, alors, il a dit que ça suffi­sait...

 

Peut-être répétait-il simplement ce que Washington venait d’annoncer, mais passons. Accordons à notre supplétif du Quai d’Orsay un bon mouvement.

 

En tout cas, nous voilà prévenus : si demain la crise repart à Gaza, Fabius a fixé le barème, la jauge. En dessous de 2000 morts, ne pas déranger le ministre.

 

PS : C’est vrai que le Quai était très occupé cet été. Il y avait notamment la promotion du dernier livre de Mme Clinton à organiser. Grosse sauterie au ministère avec tout le beau linge du coin. Hollande, pour ne pas être en reste, a reçu peu après la dame de l’Amérique, laquelle exhiba sur les escaliers de l’élysée son bouquin. Une première, commercialement parlant.

Le barème de Fabius
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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 19:56
Les cours des fruits et légumes risquent de chuter à la production. Gérard Le Puill - La Terre n°3640 Jeudi, 21 Août, 2014

Les cours des fruits et légumes risquent de chuter à la production. Gérard Le Puill - La Terre n°3640 Jeudi, 21 Août, 2014

A force de multiplier les sanctions économiques contre la Russie à propos de la situation en Ukraine, l’Union européenne se voit frappée d’embargo sur les exportations agricoles de tous les pays membres pendant un an.

 

L’inquiétude a gagné de nombreux agriculteurs français et européens depuis la décision prise par la Russie de décréter un embargo sur les exportations européennes de produits agricoles. Jusqu’à présent environ 10% des exportations de produits agricoles des pays membres de l’Union européenne vers les pays tiers étaient achetés par la Russie. Il s’agissait notamment de fruits et légumes, de viandes, de produits laitiers, de vins et alcools. En 2013, les exportations françaises de produits agricoles en Russie ont atteint 1,7 milliard d’euros dont 540 millions d’euros en boissons alcoolisées.

 

Pression sur la Russie

Pour comprendre, les raisons de cet embargo décidé en août 2014 par Vladimir Poutine, il faut faire un peu d’histoire. Dès 2012, l’Union européenne avait tenu à négocier un accord de libre échange avec l’Ukraine, pays frontalier de la Russie et membre de l’URSS jusqu’à la chute de Gorbatchev. Alors que l’accord militaire connu sous le nom de « Pacte de Varsovie» a été dissous après la fin des États communistes d’Europe de l’Est, les structures de l’OTAN – que la France a réintégrées sous Sarkozy- ont été renforcées en y intégrant des pays comme la Pologne et les petits États baltes membres de l’Union européenne. Avec une volonté de mettre une pression permanente sur la Russie. Soumis à des pressions contradictoires de la Russie et de l’Europe, l’ancien président ukrainien Victor Yanoukovich avait finalement refusé de ratifier l’accord d’association négocié avec Bruxelles en novembre 2013. Mais il fut contraint de quitter le pouvoir quelques semaines plus tard en raison des manifestations qui paralysèrent Kiev, la capitale ukrainienne pendant plusieurs semaines, tandis que les prorusses de Crimée faisaient sécession et décidaient de leur rattachement à la Russie par référendum.

Fin juin 2014, un nouvel accord de libre échange était signé par l’Europe, l’Ukraine du nouveau président Porochenco, la Moldavie et la Géorgie, deux autres pays de l’ancienne URSS. Entre temps, les pays membres de l’Union européenne avaient multiplié les sanctions économiques contre la Russie, en gelant des avoirs en Europe de certains hommes d’affaires russes proches du pouvoir, voire en mettant l’embargo sur certaines exportations européennes vers la Russie.

Dans ce contexte, l’embargo russe sur les exportations agricoles et agroalimentaires de l’Union européenne n’est que la réponse du berger à la bergère. Soutenus par 85% de la population selon un sondage, Poutine a pris une mesure de rétorsion en se disant que les expéditeurs européens de pommes, de pêches, de poires, de tomates et de salades souffriraient davantage de ne pas vendre leurs produits périssables que le peuple russe d’en manquer. D’autant que certains de ces produits peuvent venir d’ailleurs [Les pays d'Amérique latine ont proposé à la Russie de lui fournir les produits en question, suivis en cela par le Maroc Ndlr].

 

5 à 10 % de retrait

En France, outre la perte de débouchés en fruits, produits laitiers, viandes, vins et spiritueux, on redoute surtout les conséquences sur les prix de marchés. Les arboriculteurs espagnols s’efforcent déjà de vendre en France, parfois de manière illégale, ce qu’ils ne vendent plus en Russie. Les producteurs de lait polonais et allemands tenteront de vendre dans les autres pays de l’Union les produits laitiers et les vaches de réforme qui ne seront plus vendus à la Russie. Nos grandes surfaces, dirigées par des requins comme Michel-Edouard Leclerc, sont déjà à l’affût pour faire chuter les cours à la production. Dans une conversation téléphonique avec le président de la FNSEA, François Hollande aurait assuré son interlocuteur que des contacts étaient « en cours avec la Commission européenne pour que les conséquences directes et indirectes de cet embargo soient évaluées avec précision afin de prendre des mesures adaptées à la situation ». Le 11 août, le Commissaire Ciolos a indiqué que 5% à 10% des volumes de fruits et légumes européens pourraient être retirés des marchés prochainement pour soutenir les cours tandis que le gouvernement français a fait savoir qu’il allait accroître les contrôles pour combattre les exportations frauduleuses en France. Ce qui laisse penser que la situation des marchés va se dégrader. La filière porcine française aurait déjà perdu 500 millions d’euros du seul fait de la faiblesse des cours depuis que les exportations européennes de viande porcine ne rentrent plus en Russie pour des raisons sanitaires après des cas de peste porcines constatés dans certains pays membres de l’Union. Ce précédent aurait du inciter les gouvernements européens et la Commission de Bruxelles à plus de retenue.

 

Mais il semble que les intérêts des paysans comptent peu en Europe dès qu’il s’agit de punir la Russie de Poutine !

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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 20:22

Hier, réunion de formation sur le coût du capital à la Fédération du PCF du Puy de Dôme. Et même si le sujet est connu par la plupart d'entre nous, les chiffres, les chiffres qu'on a du mal à croire, intoxiqués que nous sommes par la propagande du MEDEF et du gouvernement :

  • les salaires n'entrent que pour 15 à 20 % des dépenses des entreprises
  • les dividendes servis aux actionnaires (près de 300 milliards d'Euros) représentent près de deux fois le montant des cotisations sociales (158 milliards d'Euros) dont le MEDEF n'arrête pas de demander la baisse
  • les intérêts de la "dette" payés par l'Etat aux banques (dette dont la légitimité dans son ensemble n'est toujours pas démontrée), 46 milliards d'Euros par an est l'équivalent du budget annuel de l'Education Nationale

Alors il nous a semblé qu'une petite vidéo explicative serait la bienvenue pour préparer une rentrée sociale qui ne peut être que chaude-bouillante !

Pour Stéphane Sahuc, rédacteur en chef de L'Humanité Dimanche, les actionnaires "ne se gavent plus, ils se goinfrent littéralement."  Il ajoute : " leur appétit ne connait pas de limite. Au point qu’ils sont les champions du monde de la goinfrerie puisque sur l’ensemble des dividendes versés dans le monde 10% le sont par des firmes Françaises. "

"On comprend mieux pourquoi Pierre Gattaz le président du MEDEF est l’un des rares en France qui écrive sur son blog qu’il est optimiste pour l’avenir…quand la politique du gouvernement fait exploser les chiffres du chômage, paupérise l’immense majorité de la population et entraîne notre pays droit dans le mur."

Réalisation : Abrahim Saravaki

L’insulte faite au monde du travail !
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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 10:30

La rue n'est plus ce qu'elle était... Photos :  Manuel Baena, Texte : Jean Ortiz. Voix Eugénie Barbezat.

La rue est devenue un théâtre froid sous lequel la lave couve. Lorsque l'on ne fait qu'y passer, on ne la voit pas, la rue; et plus on y passe, moins on la voit. C'est l'im-passe. Jadis, le "pasa calle", le « passe rue », c'était vivant. La rue n'est plus ce qu'elle était: un lien de passage, une vie de lieu. L'univers photographique de Manuel Baena  traduit cette ambivalence.

 

La rue est devenue  chemin de croix, parcmètre sacerdotal, labyrinthe inquiétant, ruelle sans espoir, artère sans cœur, échelle des inégalités, miroir si déformant qu'il n'en paraît que plus réel. Mais la rue de Manuel Baena revendique, dans le même temps, d'autres rues du possible, d'autres rues porteuses de valeurs altruistes, d'une légitimité perdue.

La rue. Cet espace public aurait dû être déclaré depuis longtemps « bien commun », non privatisable, non aliénable, non publicitable. La rue s'offre désormais à  ceux qui ne s'y ruent pas, aux passants pleins de soucis; aux farcis de pub-com., aux déambulateurs solitaires, ou par deux, encore plus seuls, aux qu'accompagne un animal pour chienne de vie. Les chiens de la rue sont devenus aujourd'hui irrémédiablement tristes, et le chemin des dames ne court pas les rues

Etre à la rue n'est plus une liberté. C'est la rue qui un jour futur doit l'être. Et non l'inverse. Sous le goudron: les pavés. Manuel les a souvent battus. Pour que, déterminée, la rue redevienne la rue, la rue mutine, la rue du champion-nat des grèves, condamnée à avancer, pour le pain quotidien... et nos salaires, et nos retraites,  et le bonheur putain ! Au diable les CPE ! Droit de retrait ! Notre rue n'est la rue qu'en mouvement, collectivisée, manifestante, chaleureuse de manifs restantes, bruyante de discours, de slogans. On veut nous voler la rue ké ta nous ! Réinvestissons-la ! Les pavés ne s'usent que si l'on s'en sert.

 

Dans l'autre rue, la rue de l'éden individualiste, on ne se déplace pas, on ne parle pas: on fait semblant, on mime. Et à force de mimer l'impossible, les masques finissent par tomber. Le Medef se paupérise. La rue  globalisée n'humanise plus, ne relationne plus: elle soustrait, elle invisibilise. Elle pousse les bistrots et les bric-à-brac sur les trottoirs à péage. Elle longe aussi bien de vieilles pierres habitées que de modernes colombariums sans âme, mondialisés.

La rue libérale n'a plus de coins. Elle ne se suffit plus à elle-même. Elle porte une plaque que l'homme de la rue ne voit même pas, et elle se refuse aux poètes à mots dits. 

Le musicien précaire, mal chaussé et placé malencontreusement devant une pub-pompe à fric insidieuse, se retrouve culpabilisé malgré lui. « Si tu ne t'assures pas, ta famille en pâtira... » Et les passants qui préfèrent briser le miroir; détourner le regard du SDF et de son chien. Devant la gare, les chiens des pauvres suscitent toujours la même méfiance...

Au train où vont les choses, les choses que l'on tient pour des valeurs seront bien tôt cotées en bourse. « A votre bon cœur pour le Medef ! ». Une petite pièce, et encore une. Au train où vont les choses...

A moins que Cendrillon ne prenne le pouvoir et que les citrouilles finissent  par nourrir ceux qui en ont le plus besoin.

Le piano du pauvre sortira alors du rang et bondira sur les trottoirs.

Vienne le jour où la rue ruera à nouveau dans les brancards.

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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 22:11

Si l'ABCD de l'égalité filles-garçons lancé par le Ministère de l’Éducation Nationale l'année scolaire 2013-2014 avait pu laisser espérer un changement salutaire de façon de concevoir l'égalité filles-garçons :

 

Déclaration du Ministère de l’Éducation Nationale :

« L'égalité des filles et des garçons constitue une obligation légale et une mission fondamentale pour l'éducation nationale. Si les écoles et les établissements sont devenus mixtes dans les années 70, trop de disparités subsistent dans les parcours scolaires des filles et des garçons. L'éducation à l'égalité est nécessaire à l'évolution des mentalités. L’année 2013-2014 est une année de mobilisation pour l’égalité à l’école. »

 

Force est de constater qu'au niveau des programmes, il n'y a malheureusement aucun changement !

Simone de Beauvoir (source AFP)

Simone de Beauvoir (source AFP)

Pour ce changement dans les programmes de l’Éducation Nationale qui doit accompagner le nécessaire changement de mentalité, nous soutenons complètement la pétition lancée par une étudiante pour une place, à part égale, des femmes dans les manuels scolaires.

 

Actuellement, une seule femme a l'honneur de voir son nom figurer dans la liste officielle des philosophes à étudier en Terminale : Hannah Arendt. Est-elle donc la seule femme philosophe existante ? Ou bien la seule qui vaille la peine qu'on l'étudie ?



Le travail, par exemple, est pourtant l'un des objets d'études de ce programme: pourquoi n'écouterait-on pas ce que Simone Weil, aux côtés de Hegel et Marx, a pu dire sur la condition de l'homme au travail ?



Ne parlons même pas d'Elisabeth de Fontenay, trop contemporaine sûrement pour un programme qui ne s'aventure pas si loin, ou Judith Butler, dont les études sur le genre ne seraient sûrement pas jugées lisibles.



Ce que ce programme montre, c'est à quel point les femmes peuvent vivre dans l'ombre des hommes, comment l'histoire retient les hommes et non les femmes. L'école n'est pas encore le lieu où l'on rappelle que, cachées derrière de grands hommes, il y a de grandes femmes, mais qu'on ne choisit pas de les retenir : l'enseignement de philosophie omet par exemple de rappeler, jusque dans les manuels, l'existence d'Elisabeth Badinter ou de Suzanne Bachelard. Là où le programme de littérature ne parle de George Sand qu'en la subordonnant à Alfred de Musset, le programme de philosophie a choisi de tomber dans l'autre extrême : Sartre y figure, Simone de Beauvoir peut quant à elle toujours courir. Quelle ironie ce serait en effet de faire figurer l'une des grandes théoriciennes du féminisme du XXème siècle dans un programme aussi sexiste !

La liste des grandes philosophes est longue et inexplorée. Mais n'est-ce pas justement à l'école de la faire découvrir ? Si l'école a aujourd'hui la vocation de former autant des citoyens que des esprits, comme le témoignent par exemple les enseignement d'éducation civique, qu'elle montre l'exemple d'une société où les femmes ont leur place aux côtés des hommes. Alors pourquoi ne pas aller explorer parmi les philosophes les moins connus, uniquement pour montrer de façon bornée que oui, la femme est l'égale de l'homme ? Pourquoi ne pas se fixer de respecter exactement la parité afin que des générations d'élèves n'aient pas devant eux l'exemple désolant d'un énième domaine où l'on laisse les femmes passer inaperçues ?



Le problème est flagrant face au programme de philosophie, mais les femmes de lettres manquent également cruellement aux programmes de Français et de Littérature. Ce que le choix de faire enseigner des oeuvres telles que Les Mains libres, qui brandit une image de la femme-objet uniquement définie dans son pouvoir érotique n'arrange pas beaucoup.

 

Signer la pétition

 

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20 août 2014 3 20 /08 /août /2014 22:25

Le Conseil des ministres de rentrée se tient, ce matin, dans un contexte politique inédit depuis 2012, avec une majorité déchirée 
face à la stagnation économique, et un exécutif droit dans ses bottes.

 

À hauts risques, sombre, difficile... On se dispute les attributs pour qualifier une rentrée de l’exécutif redoutée par les protagonistes eux-mêmes. Aujourd’hui, à 10 heures, le président de la République et le premier ministre ouvriront le premier Conseil des ministres sur un bilan de mi-mandat accablant. Outre une courbe du chômage qui n’a cessé de grimper depuis 2012, avec un pic d’augmentation de 130 000 privés d’emploi sur l’année, les derniers chiffres de conjoncture économique ne laissent guère de place à l’optimisme. Une croissance qui rampe et peu de perspectives de reprise à moyen terme. Pis, la série de mesures prises par les socialistes au pouvoir affichent une efficacité quasi nulle. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice), qui devrait se solder par un manque à gagner cumulé d’environ 30 milliards d’euros pour l’État sur 2013-2014 au bénéfice des entreprises, n’a aucun effet sur l’emploi, pas plus que n’en aura le pacte de responsabilité qui supprime à son tour 30 milliards d’euros de cotisations patronales. Sans compter que la faible contrepartie, le volet dit social du dispositif, vient d’être rejetée par le Conseil constitutionnel. Vient se greffer à ses mesures économiques un plan drastique de suppression de crédits publics à hauteur de 50 milliards d’euros. Une somme ponctionnée pour 18 milliards sur l’État, 11 milliards sur les collectivités locales et 21 milliards sur la protection sociale.

Rentrée 

Une gauche qui se sent trahie et dont les langues se délient

À ce rythme et sur ce modèle, plus grand-chose ne distingue une politique de droite et une politique de gauche, à tel point que, selon le Monde, « après avoir obtenu 40 milliards d’euros d’aides (...),le Medef hésite à mettre la pression sur le gouvernement ». Autant dire que la politique de Hollande et de Valls, si elle réduit la marge de manœuvre de la droite qui n’a d’autre choix que la surenchère, hérisse le poil d’une gauche qui se sent trahie. Et, in fine, profite à l’extrême droite qui se fixe désormais l’« objectif 51 », comprendre 51 % de suffrages à l’élection présidentielle de 2017. Dans la majorité, les langues se délient comme jamais. Cécile Duflot, libérée de son devoir de réserve de ministre, règle ses comptes avec Hollande dans un livre, jugeant que « c’est vraiment le gouvernement qui s’éloigne de la majorité de 2012 aujourd’hui ».

 

Martine Aubry fait entendre sa petite musique, estimant qu’il est encore « possible de réussir la fin du quinquennat », allusion aux échecs à répétition de l’exécutif. De son côté, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann prévient que « le grand risque de promettre des choses qui n’arriveront jamais, c’est la défiance massive en direction du politique ». « Le gouvernement ne voit pas la réalité, il cherche à obtenir le label “réformateur” décerné par le système libéral que nous avons dénoncé pendant la campagne », ose encore le député Jean-Marc Germain. « Le problème c’est le cap », martèlent les frondeurs, qui goûtent peu 
le procès en irresponsabilité dressé à leur encontre il y a quelques jours par le premier ministre. Pour bien marquer le fait, Laurent Baumel, un de leurs chefs de file, assure qu’à l’université d’été du PS à La Rochelle, la semaine prochaine, ils changeront de nom pour devenir Vive la gauche. Pour « montrer qu’elle n’est pas morte » sous les assauts conjugués de l’Élysée et de Matignon.

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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 21:01

Les lecteurs habituels du journal "La Montagne" ont peut-être remarqué l'article "soi-disant" historique du journaliste Jean-Paul Gondeau, dans l'édition du samedi 16 août, faisant une description tout à fait surprenante du Maréchal Pétain.

Notre ami et camarade Éric DOUBTSOF a décidé de faire une lettre ouverte à la Présidente du groupe Centre France, Mme Caillard, et à la rédaction et aux journalistes du journal.

Inutile de dire combien nous sommes d'accord avec ce texte !

Eric DOUBTSOF Lieudit Laudant 63120 COURPIERE

Mme Edith CAILLARD

Présidente du Groupe Centre France - La Montagne

45, rue du Clos du Four 63056 Clermont- Ferrand cedex 2

 

Courpière, le 18 août 2014.

 
 

Lettre ouverte à la Montagne au sujet des articles consacrés à Pétain du 16 août 2014 et à Laval du 08 août en ce 70ème anniversaire de la libération de la France.

 

Madame la Présidente,

Habituel lecteur du quotidien « la Montagne », je tiens à vous faire part de ma grande consternation à la lecture du dossier soit disant historique de Mr Jean Paul Gondeau dans l’édition du Puy de Dôme du samedi 16 août 2014. Je n’ai pu en faire part à ce monsieur de vive voix actuellement en congé.

Au moment où notre pays célèbre le soixante dixième anniversaire de sa libération de l’occupation nazie, ce journaliste et sa rédaction, par conséquent, ont préféré consacrer toute une page à des événements plus ou moins curieux de Philippe Pétain dans le département du Puy de Dôme sous le gouvernement de Vichy.

En première page de ce journal, nous pouvons lire un titre « Quand Pétain songea à « rejoindre » les maquisards d’Auvergne ».

« Pétain salue le résistant Vercingétorix » en toute page à l’intérieur avec pour sous titre « Le 29 août 1942, le maréchal a présidé à Gergovie une cérémonie patriotique ».

Ces titres équivoques à la lumière de la vraie Histoire, ne sont que l’annonce d’une page entière consacrée à Pétain présenté sous les meilleurs auspices.

Je ne peux résister à vous présenter quelques morceaux choisis :

  • « Il a même gravi Gergovie, haut lieu de la résistance gauloise, pour célébrer la France « une et indivisible ». Pétain est présenté comme un résistant octogénaire gravissant les monts, en lui prêtant à tort, une devise révolutionnaire et républicaine (Couthon).
 

 

  • « Le Maréchal aux abois songe même à rejoindre le Maquis » tout en précisant quelques lignes plus loin « son enlèvement par les allemands le 20 août 1944 » Cherchons nous d’apeurer le lecteur montrant Pétain sous le joug allemand ?
  • Pourquoi citer l’évêque collaborationniste de Clermont saluant Pétain comme « la personne vénérée et aimée » si ce n’est souligner la caution religieuse d’une partie du clergé de l’époque ?
  • Le journaliste commente les « Actualités Françaises » de l’époque (il s’est donc documenté !) faisant état à sa lecture d’un rassemblement d’une ferveur populaire majeure.
  • « Le Maréchal aurait promis d’officialiser sa démission au profit de De Gaulle ». Cette analyse simpliste n’engage que l’auteur de ces propos.
  • « De Gaulle n’est que son héritier dans le droit fil d’une légitimité républicaine qui n’aurait jamais été rompue ! ». Cette analyse simpliste n’engage que l’auteur de ces propos.
  • On parle de « Vichysto-résistants » et le journaliste souligne que ces mêmes personnes « font des pieds et des mains pour que leur grand homme (sans guillemets) soit sauvé et protégé par ceux qu’il a toujours considérés comme des « bandits », des « pillards » et des « terroristes ». Cette analyse simpliste n’engage que l’auteur de ces propos.
  • Enfin pour finir par cette phrase : « Pétain aura laisser passer l’occasion de réussir sa sortie... ou du moins de ne pas la rater tout à fait ».

Comment peut-on imaginer que ce tortionnaire aurait pu réussir une sortie ou ne pas la rater après avoir organisé durant quatre ans tant de crimes contre l’humanité ?

Aucune source précise n’est citée par l’auteur pouvant étayer cette version.

Dans ce magma malodorant, le journaliste informe , tout de même, ses lecteurs que la Légion Française des combattants « enfantera d’un monstre (...) la milice » et conçoit que « Pétain avait perdu le sens commun alors que ses policiers et la milice multiplient les persécutions. ». Notons que l’éminent savant date à 1944 en non à 1940 qu’il avait perdu selon lui le sens du commun.

Le rédacteur supervisant le travail de cette page « d’Histoire » m’a fait part de son étonnement au moment ou je lui annonçais par téléphone et le jour même, de ma colère à la lecture de cet article ambigu et non objectif tendant à « réhabiliter » Pétain auprès de l’opinion sans prendre de recul sur les agissements réels dans l’histoire de ce personnage, à l’origine de la mort de dizaines de milliers de personnes et de sa collaboration active avec l’Allemagne nazie.

Il m’a conseillé que j’aurais du, comme tout lecteur, prendre cet article au second degré et s’est targué de l’histoire du journal et tout particulièrement de son fondateur durant l’occupation pour donner crédit à son collègue et balayer toute critique de ma part.

Jean Paul GONDEAU n’est d’ailleurs pas à son premier méfait puisqu’il a traité d’une façon tout aussi légère de la vie de « l’enfant maudit » de CHATELDON en la personne de Pierre Laval dans un article conséquent dans la Montagne dans son édition du 08 août 2014.

Ce journaliste qui aurait du confier sa plume à des historiens avertis ne resitue aucunement la responsabilité première de LAVAL dans la violence de l’occupation et tout particulièrement de la rafle Vél' d'hiv' les 16 et 17 juillet 1942 (13.000 victimes des rafles antisémites organisées par le régime pétainiste y furent parquées en juillet 1942, puis expédiées aux camps de Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, dans l'attente des trains de la mort pour Auschwitz).

Bien évidemment, tout lecteur de « La Montagne » était censé disposé d’une façon innée de cette information !

La rédaction de La Montagne va-t-elle nous réserver dans les prochains jours, des informations édulcorées, anecdotiques et tendancieuses sur la vie dans le Puy de Dôme d’autres Auvergnats qui eurent des fonctions importantes au sein du Gouvernement de Vichy ?

Je pense bien évidemment à Amédée BUSSIERE , un des principaux organisateurs de la rafle du Vel’ d’Hiv’, Clermontois que LAVAL a connu à la préfecture du Puy-de-Dôme. De Raymond LACHAL, Maire d’AMBERT sous l’occupation à la tête de la Légion française des combattants, ou de Grasset, ministre de la Santé collaborant à la garde des résistants capturés (sources WIKIPEDIA) ;

Peut on traiter dans le contexte politique national et international que nous vivons aujourd’hui avec tant de légèreté de cette page de notre histoire qui a meurtrie tant de familles Puydômoises ?

Il est bien dommage que La Montagne opte pour cette ligne rédactionnelle alors que des événements importants marquant l’histoire de notre département et de ce soixante dixième anniversaire sont à rappeler.

Je me permets d’inviter donc Mr GONDEAU, les journaliste du Journal de La Montagne, les actionnaires de la Fondation Varenne et vous-même, Mme la Présidente à « twister vos mots » pour rappeler à l’envi, les événements tragiques du 13 juin 1944 du village d’Esteil, les combats du Mont Mouchet, l’assassinat de Jean ZAY le 20 juin 1944 dans l’Allier, les combats du Lioran en Août 1944, le dernier convoi de déportés de Clermont - Ferrand le 20 août 1944, la Libération de Thiers par la résistance et sa population le 26 août, la fusillade de Bourg Lastic le 1 5 juillet 1944 sans oublier les rafles de St Maurice es- allier, de BILLOM et de l’Université de Strasbourg en 1943, et tant d’autres événements montrant le dur combat pour la liberté et la Paix.

Tous ces éléments sont rassemblés dans un ouvrage en ligne sur internet édité par l’Office National des Anciens Combattants (ONAC) intitulé « la Résistance dans le Puy de Dôme. »

En vous souhaitant bonne lecture de cet ouvrage gratuit,

D’un lecteur qui aspire à (re)trouver un journal de « La Montagne » libéré,

D’un lecteur petit fils d’horloger, résistant, arrêté en novembre 1940 pour « distribution de tract anti-nazi  » par  les sbires de Pétain et Laval et interné pendant 4 ans.

D’un lecteur,petit fils, du côté paternel, de déporté aux travaux forcés en Allemagne pour ses origines slaves.

Attendant de la part du journal « la Montagne » une information objective, sérieuse au lendemain des élections  européennes voyant les démons de l’an 40 ressurgir.

Vous présentant mes sincères salutations.

Eric DOUBTSOF

NB : j’apprends ce jour que le même journaliste est l’auteur de la publication d’un dossier en 7 volets sur la Libération de Clermont dans votre journal. Je crains le pire ! ! ! Je remercie Mr Franck CHAUVET, rédacteur en chef de son oreille attentive.

 

 

 

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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 21:17
L’intimidation pour politique, [quand Manuel Valls copie Margaret Thatcher Ndlr]

L'éditorial de Michel Guilloux : « Rassembler toutes les énergies est urgent et vital pour imposer un changement de cap en profondeur » dans l'Humanité du lundi, 18 Août 2014

 

Quand les amarres sont coupées, la dérive peut aller très loin. On savait déjà que Jaurès n’est pas sa tasse de thé. La ligne sociale-libérale d’un Tony Blair lui paraîtrait-elle encore « too much » ?

Emporté dans ses jeux d’épaules et autres moulinets du menton, le premier ministre a employé ce week-end en français dans le texte les mots mêmes de Margaret Thatcher : « Il n’y a pas d’alternative. » La formule avait formé en anglais « Tina » [There Is No Alternative, Ndlr], acronyme devenu cri de guerre des ultralibéraux.

Ainsi la France vivrait-elle aussi « au-dessus de ses moyens ». On entend là mot pour mot le vocabulaire des nantis qui vampirisent les richesses du pays et dont l’idéologie de rentiers nourrit les sacrifices des autres. L’ennemi n’est donc plus la finance depuis longtemps et si guerre (économique) il y a, le pouvoir actuel a choisi son camp.

Manuel Valls rendra donc une visite de politesse à l’université du Medef. Oui, l’heure est grave. Non seulement la crise n’est pas finie mais elle risque de s’approfondir encore plus dangereusement. Mais au-delà du constat froid des statistiques, les seules questions qui vaillent sont quelles en sont les causes, les responsables et les issues possibles ? L’austérité pour les dépenses publiques, la rentabilité financière la plus vorace pour les fruits du travail forment un couple infernal qui emmène le pays au bord du gouffre. Et il faudrait faire un pas en avant, le petit doigt sur la couture du pantalon ?

La violence des propos en dit autant sur celle des mesures encore à venir que sur la crainte de voir la pilule ne plus être digérée. Pas sûr que l’intimidation suffise, à voir la CGC commencer à parler d’« effet d’aubaine »… Imposer un changement de cap en profondeur ne supportera ni atonie du mouvement social ni division du camp progressiste. Rassembler toutes les énergies est urgent et vital.

Demeurant fidèle à l’esprit de Jaurès, l’Humanité offre sa Fête et ses colonnes à toutes celles et ceux qui veulent y travailler.

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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 00:48
Disparition de Pierre Vassiliu

L' interprète du célèbre titre "Qui c'est celui-là ?", est décédé dimanche matin à l'âge de 76 ans. Chaque année, il donnait rendez-vous à ses fans à la fête de l'Humanité qu'il considérait comme " le plus grand rassemblement fraternel en Europe, et probablement au monde."

Atteint de la maladie de Parkinson depuis de nombreuses années, le chanteur s'est éteint "dans son sommeil" dans un établissement médical de Sète a annoncé sa fille ce dimanche matin.

Qui c'était celui-là ?

Né le 23 octobre 1937 à Villecresnes (Val de Marne), le chanteur, auteur et compositeur à la célèbre moustache a débuté comme Jockey. À l'hippodrome du Tremblay, le hasard va lui permettre de rencontrer deux apprentis cavaliers qui ne sont autres que Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. Ceux-ci apprennent qu'il meuble son temps libre à écrire et composer des chansons, auront tôt fait de le faire sortir des paddocks (et du sien en particulier), pour commencer à chanter ces textes mais également ceux de Georges Brassens à « l'Écluse » et « l'Échelle de Jacob », cabarets parisiens très populaires à l'époque.A la fin des années 50 il passe dans les cabarets parisiens, et signe nombre d'autres chansons comme "La femme du sergent" (censuré durant la guerre d'Algérie), ou "Dans ma maison d'amour".

C'est l'adaptation d'une chanson du Brésilien Chico Buarque qui le rend célèbre en 1973. Avec 300.000 disques vendus en quatre mois, il dira avec le franc parler qui le caractérisait, avoir "vécu une quinzaine d'années avec le fric de cette chanson"

 

C'était un "noble artisan du métier de la chanson" et non un de ces "artistes fabriqués en deux mois", dira de lui l'ancien président de la Sacem, Laurent Petitgirard. Avec Qui c'est celui-là ? "il a eu un grand coup de bol. Mais même si sur un plan médiatique, il n'a plus vécu une telle heure de gloire", il n'en a pas été "frustré puisqu'il n'a jamais cherché à se placer" dans cette dernière catégorie.

 

Grâce à son autre passion, le voyage, Pierre Vassiliu a ramené de ses périples en Afrique ou encore au Brésil un goût pour les sons d'ailleurs. Il s'était installé au Sénégal entre 1985 et 1989 où il avait ouvert un club de jazz .

Une carrière en pointillés pour cet ancien jockey, qui a également été restaurateur, compositeur de musiques de film et qui avait aussi créé une salle de concert à Apt (Vaucluse).

Habitué de la fête de l'Humanité

Il confiait en 1995 : "C'est la fête où tous les gens se mélangent.Je l'aime. Bien sûr, je l'aime. J'y vais depuis des années. J'y allais même avant de m'engager politiquement... avec moi-même. Je l'aime parce que c'est la seule fête en France amicale, conviviale, où tous les gens se mélangent. J'aime ses petites baraques de tous les pays, avec leurs spécialités. A la cité internationale, où je joue cette année et où j'ai joué d'autres fois, contre les essais nucléaires notamment, on joue avec des musiciens cubains, créoles, portoricains. On va chez les Iraniens, chez les Coréens. On fait des découvertes, des rencontres. L'an dernier, nous avons joué avec un groupe de Gitans: Romane, on a improvisé, on a fait un boeuf ensemble. Bon, bien sûr, il y a de la boue, mais en même temps, elle est nécessaire pour que les capitalistes qui viennent aient les pieds dans la merde. Comme ça, on se retrouve tous au même niveau! Et puis, on y mange bien. Une année, on est allé déjeuner au stand de l'Auvergne, une autre, chez les Bretons, ou encore à la Maison de Cuba, où tout le monde se bat pour avoir une langouste, un mojito. Je souhaite longue vie à cette fête extraordinaire !"

La fête lui aura donc survécu, et gageons qu'elle donnera l'occasion à nombre d'artistes qui s'y produiront les 12,13 et 14 sptembre prochains de rendre un hommage chaleureux au chanteur disparu.

 

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16 août 2014 6 16 /08 /août /2014 19:51
En ce mois d’août, la liste des conflits brûlants s’allonge irrémédiablement. Alors que nous commémorons les 100 ans de la Grande Guerre, ces poudrières peuvent-elles dégénérer en un conflit mondial ? Est-ce que les « petites torches », que dénonçait Jaurès, vont finir par créer l’incendie ?

Hier, à la Fête de la friture de Pont du Château, il s'est parlé de notre Blog. Notre ami Michel nous disait, en soupirant, qu'en ce moment nous y parlions beaucoup de Gaza et de la Palestine. Il complétait en reconnaissant que, malheureusement, le sujet était incontournable.

Nous aussi aimerions beaucoup ne plus avoir à parler de guerres et de massacres !

Mais nous partageons l'inquiétude du sociologue et chercheur en géopolitique Alain Joxe [qui] estime que « la crise économique favorise un risque de prolifération de conflits régionaux, voire de guerres civiles qui joueraient le même rôle qu’une guerre mondiale : une croissance des ventes d’armes, une culture du massacre ou d’un comportement fasciste ». C'est ce qui se passe en ce moment, et risque de s'étendre.

En ce mois d’août, la liste des conflits brûlants s’allonge irrémédiablement. Alors que nous commémorons les 100 ans de la Grande Guerre, ces poudrières peuvent-elles dégénérer en un conflit mondial ? Est-ce que les « petites torches », que dénonçait Jaurès, vont finir par créer l’incendie ?

Gaza, Ukraine, Irak, Syrie, Libye, Centrafrique, Mali, Afghanistan : en ce mois d’août, la liste des conflits brûlants s’allonge irrémédiablement. Alors que nous commémorons les 100 ans de la Grande Guerre, ces poudrières peuvent-elles dégénérer en un conflit mondial ?

Est-ce que les « petites torches », que dénonçait Jaurès, vont finir par créer l’incendie ?

 

En 9 mois, l’Ukraine a sombré dans la guerre. Les décisions prises tant à Moscou qu’à Washington ont précipité le monde dans une épreuve de force majeure. La neutralité de ce jeune État, qui a toujours été une sorte de pont entre la Russie et l’Europe, s’est brisée. L’Union européenne et les États-Unis ont poussé l’ancienne république soviétique à se détacher de la Russie, occultant leur interdépendance économique pour rejoindre leur marché avec l’accord d’association. « Une partie des dirigeants américains continuent de vouloir affaiblir définitivement la Russie (politique de reflux) et n’ont jamais abandonné la stratégie de Brzezinski (encerclement de la Russie). La dissolution du pacte de Varsovie leur a permis d’étendre leur domination vers l’Est », analyse le professeur à l’Inalco Jean Radvanyi. Dans l’est de l’Ukraine, l’opération militaire lancée par le gouvernement (non élu) en avril et poursuivie par le nouveau président, Porochenko, a déjà coûté la vie à plus de 1 100 civils. Pour le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, il s’agit d’une « agression russe contre l’Ukraine » qui « justifie la préparation de nouveaux plans de défense ». L’Alliance atlantique prend même le risque d’accélérer le conflit en proposant à l’Ukraine de devenir un « partenaire militaire privilégié »... Pour les autorités russes, continuer d’étendre et d’implanter les infrastructures otaniennes à ses frontières est une provocation. « La Russie en a fait sa ligne rouge. Cette fois, le pouvoir russe entend avoir des garanties réelles à la non-extension de l’OTAN et non verbales comme celles faites à Mikhaïl Gorbatchev », prévient le diplomate russe Andreï Gratchev. La fuite en avant de l’OTAN, des États-Unis et de l’Union européenne qui ont infligé de nouvelles sanctions à la Russie fait craindre une escalade économique et militaire. Quant à la généralisation du conflit, elle a déjà pris forme avec la présence de forces de sécurité américaines et de soldats russes. Pour le spécialiste des questions géostratégiques russes Jean Géronimo, « l’Ukraine apparaît comme une pièce maîtresse dans le cadre d’une guerre tiède que se livrent les États-Unis et la Russie. Cette dernière prend la forme actualisée et désidéologisée de la guerre froide en ce recentrant sur le contrôle d’États stratégiques. L’Ukraine se retrouve coincée entre l’axe euro-atlantiste UE-États-Unis – via l’OTAN – et l’axe eurasien sino-russe – via l’OCS (1) ».

 

Paul Quilès, de son côté, s’interroge : « La Russie doit-elle devenir notre ennemi ? » Pour l’ancien ministre de la Défense, « seul un dialogue politique de fond doit être envisagé, en posant les vrais problèmes que sont l’avenir de l’Ukraine et les relations entre les Occidentaux et la Russie ». Pour Bruno Tertrais, maître de recherche à la FRS (Fondation pour la recherche stratégique), si, en apparence, il existe de troublantes similitudes (nationalisme, course aux armements, litiges territoriaux), « le scénario d’une “guerre mondiale” au sens du XXe siècle semble exclu. (...) En revanche, l’hypothèse d’un conflit militaire majeur en Ukraine et surtout en Asie avec la montée en puissance de nombreux grands acteurs (Chine, Japon, Corée, Inde, Pakistan – NDLR) et avec les passions nationalistes est réelle » (2).

 

EN FINIR AVEC LE DROIT DE VETO ?

Le Moyen-Orient est également traversé par des conflits pour la domination régionale. La déflagration des États (Syrie, Libye, Irak, Liban) provient de la guerre entre les monarchies sunnites (Qatar et Arabie saoudite) et chiites (Iran) et leurs alliés respectifs (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) qui rappelle le « Grand Jeu » du XIXe siècle des empires coloniaux en Asie. Dans son ouvrage, « les Guerres de l’empire global », le sociologue et chercheur en géopolitique Alain Joxe estime que « la crise économique favorise un risque de prolifération de conflits régionaux, voire de guerres civiles qui joueraient le même rôle qu’une guerre mondiale : une croissance des ventes d’armes, une culture du massacre ou d’un comportement fasciste ». Dans son dernier discours à Lyon, le 25 juillet 1914, Jean Jaurès affirmait : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! »

 

Face à ces conflits sanglants qui explosent et s’éternisent se pose à nouveau la question du rôle de la « communauté internationale », de l’incapacité du Conseil de sécurité à faire taire les armes. « Le constat est amer. En dehors de quelques exhortations au maintien de la paix, il n’y a pas de réponses fermes pour contenir les belligérants », relève Guillaume Devin, professeur à Sciences-Po Paris (3). « Le Conseil de sécurité renouerait-il avec le blocage caractéristique de la guerre froide, avant de parvenir dans les années 1980-1990 à un certain consensus pour des opérations de maintien de la paix, malgré les conflits majeurs au Rwanda et en ex-Yougoslavie ? », s’interroge-t-il. Facteur essentiel : la nature des hostilités qui ébranlent nombre de sociétés. « Depuis une dizaine d’années, nous sommes en présence de conflits intraétatiques qui exigent que le Conseil de sécurité s’ingère dans les affaires intérieures des pays. On a pensé que cette ingérence pouvait prendre une forme institutionnalisée, mais on a débouché sur une résolution ambiguë, notamment en Libye. Les raids aériens étaient destinés à la protection des populations civiles, mais ils ont inquiété beaucoup de pays émergents qui ont considéré que le Conseil de sécurité allait trop loin », explique Guillaume Devin.

La raison sans doute du droit de veto, autre facteur de blocage. Actionné systématiquement par la Russie et la Chine pour empêcher toute intervention en Syrie, il a été utilisé à 39 reprises par les États-Unis depuis 1967 pour empêcher la condamnation d’Israël. Un soutien inconditionnel dont on constate aujourd’hui les terribles conséquences, à l’heure où l’État hébreu entreprend en toute impunité une vaste opération de destruction massive de Gaza au rythme de crimes de guerre. L’idée de se passer du droit de veto devant pareille situation aurait pourtant germée au temps de KofiAnnan, secrétaire général de l’ONU de janvier 1997 à décembre 2006. En septembre 2013, François Hollande avait même proposé un « code de bonne conduite » des cinq membres permanents du Conseil de sécurité afin qu’ils y renoncent lorsqu’ils ont à se prononcer sur des « crimes de masse ». L’initiative concernait alors la Syrie. Rattrapé par la tragédie palestinienne, le chef de l’État estime qu’Israël possède un statut à part, qui mérite seulement quelques appels « à la retenue ». Un tournant dans la diplomatie française à l’évidence en perte de vitesse.

 

DIPLOMATIE DE LA CANONNIÈRE

La « communauté internationale » serait-elle tout compte fait paralysée par des luttes d’influence dominées principalement par la politique étrangère des États-Unis ?

Le monde est-il désormais condamné à vivre l’explosion de conflits régionaux meurtriers ?

« Il faut sortir de la diplomatie de la canonnière qui est vouée à l’échec et adopter une autre posture, s’ouvrir aux problématiques des sociétés, reconnaître l’adversaire et accepter de dialoguer avec lui », propose Guillaume Devin. Il faut « faire preuve de fermeté envers Israël et dialoguer avec les éléments modérés du Hamas ou prendre en compte les craintes des Ukrainiens de l’Est ».

Autrement dit, une logique d’un autre ordre international.

Celui qui ne laisserait plus la possibilité à des apprentis sorciers de la même espèce que Bush, Sarkozy, Blair et autre BHL, d’ouvrir la voie à l’expansion de la barbarie.

 

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