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15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 06:25

L'éditorial de Michel Guilloux. « Par l’armistice, j’ai sauvé la France et contribué à la victoire des Alliés », osera déclarer Pétain à l’ouverture de son procès, le 24 juillet 1945

 

« Par l’armistice, j’ai sauvé la France et contribué à la victoire des Alliés », osera déclarer Pétain à l’ouverture de son procès, le 24 juillet 1945. Cinq années se sont écoulées depuis la mise à mort de la République à la faveur de la déclaration de guerre. Cinq ans de pillage systématique du pays au profit de la machine de guerre nazie, scellé par la poignée de main de Montoire avec Hitler. Cinq ans de persécutions contre tous ceux qui relèvent la tête, militants de la CGT, communistes, gaullistes ou chrétiens, venant rejoindre les boucs émissaires traditionnels de la pensée fasciste : les francs-maçons, les gens du voyage ; sans oublier le « zèle » mis à livrer aux chambres à gaz et aux fours crématoires les citoyens français ou étrangers juifs. Et certains voudraient encore faire passer le traître à la patrie devenu son bourreau pour une vieille baderne dépassée par les événements ?

 

Admirateur de Salazar, le dictateur portugais, l’homme qui a mis en place le régime de « l’État français » représente le pire de ce que la réaction française a pu engendrer : la grand peur d’un peuple prenant en main son destin à la faveur de la Révolution de 1789, destituant les nobles et l’Église de leurs privilèges, croisant la haine de possédants face à un peuple ouvrier porteur d’un idéal d’égalité toute révolutionnaire au XXe siècle qui mène au Front populaire et à ses avancées sociales. Cette haine de classe et cette grand peur nourrissent la pensée collaborationniste du régime de Pétain, défendu par la fine fleur de la bourgeoisie d’alors, à commencer par un Renault, dont l’infamie conduira à rendre bien public ses usines à la Libération.William Faulkner disait que le passé ne passe pas et qu’il n’était même jamais passé. Durant près de soixante-dix ans, la poussée de progrès social qui a succédé au crime a condamné à l’indignité nationale ses « enfants », bien au-delà des sphères des seuls nostalgiques du maréchalisme. Le 21 avril 2002 a rouvert la brèche dans laquelle a pu s’engouffrer un Nicolas Sarkozy. La droite « décomplexée » qui en est sortie l’est aussi à l’égard de cette origine-là : soit sous le vernis de l’ultralibéralisme, la pensée la plus réactionnaire qui soit.

 

Décomplexés…
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13 août 2015 4 13 /08 /août /2015 22:36
Israël - Palestine - Nicolas Bonnet - Jeudi, 13 Août, 2015 -L'Humanité
 Julien Jaulin/hanslucas - b Nicolas Bonnet Président 
du groupe 
PCF/Front 
de gauche 
à la mairie 
de Paris

Julien Jaulin/hanslucas - b Nicolas Bonnet Président 
du groupe 
PCF/Front 
de gauche 
à la mairie 
de Paris

« Le choix de faire “Tel-Aviv sur Seine” dans ce contexte est une maladresse de la part de la mairie. Ce que notre groupe a demandé, c’est que cette manifestation porte un message de paix, entre artistes palestiniens et israéliens. D’autant qu’aujourd’hui, Paris noue un partenariat avec Jéricho, Bethléem, Ramallah, donc, dans ce contexte, un an après les bombardements à Gaza, on aurait imaginé une très belle opération pour la paix. Si, aujourd’hui, on veut la construire, cela passe par l’organisation de rencontres entre les habitants de villes différentes. Je pense qu’au mois d’août, il y a possibilité de faire ce type d’événement culturel afin de rééquilibrer les choses et porter un message de paix. Et puis, le problème, c’est que l’opération “Tel-Aviv sur Seine” va être ultrasécurisée et pour moi, avoir des cordons de CRS, ça n’est pas la fête. »

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12 août 2015 3 12 /08 /août /2015 21:30

L'éditorial de Patrick Apel-Muller. "Anne Hidalgo hypothèque 
« les valeurs de tolérance et d’échange » dont elle se réclame aujourd’hui dans une tribune du Monde"

 

Une énorme explosion, un ballon délaissé et quatre enfants massacrés sur le sable. C’était il y a un an, le 16 juillet 2014, à Gaza. Ce crime de l’armée israélienne, enterré par la commission d’enquête mise en place par Benyamin Netanyahou, n’aura pas jeudi de place sur les bords de la Seine. Là réside l’erreur – plus ! 
la faute – de la mairie de la capitale. La vocation de Paris était de plaider la paix, d’unir les deux villes de cette région en flammes avec lesquelles elle entretient des relations, Tel-Aviv l’Israélienne et Ramallah la Palestinienne, dans un rendez-vous de dialogue, dans un pari culturel. En choisissant la seule capitale d’une puissance qui opprime un autre peuple, qui dresse un mur de la honte, spolie terres et maisons, en s’obstinant dans cette manifestation, Anne Hidalgo hypothèque 
« les valeurs de tolérance et d’échange » dont elle se réclame aujourd’hui dans une tribune du Monde.

 

Des extrémistes y trouveront matière à propagande pour un État religieux qui accaparerait Jérusalem pour en faire sa capitale et poursuivre le chemin de sang ou de cendres de la colonisation. D’autres y chercheront le biais pour polluer l’exigence d’un État palestinien des remugles de leur antisémitisme. Une faute donc.

 

Elle n’est pas la première. Laissons de côté Nicolas Sarkozy et ses déclarations d’amour au sinistre premier ministre israélien. Mais François Hollande, en proclamant sa compréhension pour le pilonnage de Gaza il y a un an, puis en faisant interdire les manifestations de solidarité avec les populations martyrisées, avait terni l’image 
de la France, le sens de son action depuis des décennies. Tel-Aviv est sans doute une ville joyeuse et noctambule. Jéricho, Bethléem et Jénine n’ont pas cette chance. 
Pas encore… Mais c’est ce vers quoi tous les efforts 
devraient tendre. Pour que les décombres n’encombrent plus les plages, quand bien même seraient-elles éphémères sur les bords de la Seine.

 

Sous les décombres, la plage
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11 août 2015 2 11 /08 /août /2015 22:10

Polémique - Aurélien Soucheyre - Mardi, 11 Août, 2015 - L'Humani

 

La décision de la ville de Paris de célébrer le Tel-Aviv festif 
sur les berges parisiennes en tournant le dos à la réalité du conflit israélo-palestinien suscite la controverse et l’indignation.

DR

DR

La journée « Tel-Aviv sur Seine » aura-t-elle lieu ? La polémique enfle autour de l’opération organisée le 13 août par la Ville de Paris dans le cadre de Paris Plages. Au programme : « foodtrucks, DJ sets, animations ludiques… » peut-on lire sur le site Web de la capitale française, comme s’il était possible de dissocier complètement Tel-Aviv du conflit israélo-palestinien, et d’importer uniquement son côté festif sans se soucier de la situation sur place. « Tel-Aviv, ce n’est pas Copacabana. Tel-Aviv, c’est la capitale d’Israël », a tranché hier la conseillère municipale de Paris Danielle Simonnet (PG), qui demande soit l’annulation de l’événement, soit sa réorganisation en « manifestation en faveur de la paix, de la fraternité, de la lutte contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme, et de la reconnaissance de l’État palestinien ».

« Nous n’annulerons pas cette manifestation, car ce serait donner raison aux plus radicaux », rétorque le premier adjoint (PS) Bruno Julliard, quitte à froisser les communistes qui siègent au sein de la majorité. Consterné de ne « jamais avoir été associé ou informé » au sujet de cette initiative, le groupe PCF-Front de gauche du Conseil de Paris considère « qu’il n’est pas du rôle de la Ville d’organiser une telle opération de communication », alors que les « massacres survenus à Gaza » l’été dernier sont dans toutes les mémoires, et que des attentats ont été commis ces derniers jours par des « terroristes israéliens ». Ses élus demandent eux aussi l’annulation de la journée « au profit d’une initiative qui contribue à une paix juste et durable » et regrettent que Paris, jumelée à la fois avec Tel-Aviv et avec la ville palestinienne de Ramallah, ne se soit pas fixé d’emblée cet objectif à travers cette journée Paris Plages.

La ville de Paris s’entête 
à maintenir la journée telle quelle

« Pas d’amalgame entre Tel-Aviv, ville symbole de la tolérance et de la paix, et la politique brutale du gouvernement israélien ! » s’est fendu sur Twitter Bruno Julliard. Mais dans ce cas-là encore fallait-il axer la journée sur la paix, alors que l’appellation « Tel-Aviv sur Seine », qui importe le nom d’une ville israélienne sur les berges parisiennes, ne saurait être déconnectée des réalités d’un conflit qui suscite les passions au sein de l’opinion publique française. « Alors que Tel-Aviv est la capitale économique d’un pays dont le gouvernement d’extrême droite méprise quotidiennement le droit international et mène une politique brutale de colonisation des territoires palestiniens, comment penser que cette initiative puisse être dissociée du conflit israélo-palestinien ? » s’interrogent ainsi les élus communistes.

« Mais comment Anne Hidalgo a-t-elle pu choisir de politiser Paris Plages (…) au profit d’une force occupante : Israël ? » s’indigne même Jean-Claude Lefort, président honoraire de l’association France Palestine Solidarité, qui dénonce la volonté de se rassembler sur place de la Ligue de défense juive, groupe connu pour sa violence et ses actions extrémistes. S’inquiétant de possibles « risques graves pour l’ordre public », l’ancien député PCF indique que le Ministre de l’Intérieur ou le Préfet de Paris peuvent interdire l’événement. Ce motif a déjà été utilisé, l’an dernier, pour interdire deux manifestations qui appelaient à la fin des bombardements à Gaza… Une pétition en ligne demandant l’annulation de la journée a de son côté déjà recueilli plus de 15 000 signatures, au prétexte que cette « opération ne peut être considérée comme un simple événement culturel », et que Paris ne doit « pas être le théâtre du blanchiment de la politique israélienne ».

Le ton est depuis violemment monté sur les ondes et les réseaux sociaux, jusqu’à atteindre l’invective et les procès en antisémitisme. Le député UDI Meyer Habib a osé lâcher : « une partie de l’extrême gauche montre ici son vrai visage, celui de son obsession et de sa haine antijuive », usant du vieil et honteux adage selon lequel un opposant à la politique colonialiste du gouvernement israélien est forcément antisémite, le tout pour éviter le débat.

Tel-Aviv sur Seine, plage de discorde !
Jacques Tardi Mon indignation

Polémique - Jacques Tardi - Mardi, 11 Août, 2015 - L'Humanité

DR - Par Tardi 
Auteur et dessinateur 
de bande dessinée

DR - Par Tardi 
Auteur et dessinateur 
de bande dessinée

 C’est mon indignation totale qui a motivé ce dessin. Un an après les massacres à Gaza, il faudrait que l’on fasse la fête sur les berges de la Seine. C’est de la provocation. C’est presque une insulte. C’est complètement obscène et irresponsable de la part de la Mairie de Paris. Il y a eu plus de 2 000 morts, et on fait comme si de rien n’était, comme si on voulait effacer les crimes de guerre. Cette commémoration festive des tueries est monstrueuse. On parle de culture, mais ce qu’il y a de culturel à Paris Plages, c’est surtout des recettes de cuisine et des raquettes… Tel-Aviv, ville de la tolérance ? Oui, au sens où elle tolère bien l’apartheid et l’occupation de la Palestine, même si je sais qu’il y a des Israéliens contre la colonisation. Quand au procès en antisémitisme, ça ne marche plus : on a le droit de s’exprimer sur la politique d’un état qui viole chaque jour le droit international. Ces accusations m’indiffèrent. Ce n’est pas le sujet.


 

Jacques Tardi 
Auteur et dessinateur 
de bande dessinée

Jacques Tardi 
Auteur et dessinateur 
de bande dessinée

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10 août 2015 1 10 /08 /août /2015 22:21

Paul Elek - Lundi, 10 Août, 2015 - Humanite.fr

 

L’actualité me frappe de plein fouet et je cède à la tentation d’interrompre ma chronique, pourtant à peine naissante. Comment ne pas parler de ce qu’il s’est passé, de ce qu’il se passe ? Ali Dawabsheh, 18 mois est mort. Victime de la barbarie coloniale.

Graffiti au camp de réfugiés d'al-Azza FlickR [Nous dirions plutôt "Graffe", ce qui est différent ! Ndlr]

Graffiti au camp de réfugiés d'al-Azza FlickR [Nous dirions plutôt "Graffe", ce qui est différent ! Ndlr]

C’est au moment où je vous écris que j’apprends que son père a succombé à ses blessures. Je ne suis pas journaliste, mais je peux vous raconter ce que vous ne trouverez pas dans les articles de presse. Les larmes et la rage, la tension diffuse qui s’est ressentie cette semaine. Quelques affrontements nourris par la colère ont éclaté ici et là. Des jeunes lancent des pierres à la fin d’une manif et voilà que l’armée tire, fait un nouveau martyr. J’ai surtout l’impression que drame après drame, l’horreur ne semble jamais prendre fin. 

Le sujet est sur toutes les lèvres, et si dans mon quotidien je suis souvent arrêté avec joie dans les rues du vieux souk, cette fois-ci les visages sont marqués par l’effroi. Les multiples politesses des jours normaux laissent place très vite à leur souci de le faire savoir, nous faire savoir.  J’ai le sentiment que même évoquée brièvement, la mort de ce jeune enfant fait surtout ressortir le cortège funèbre de ces violences continuelles. En effet, de cette affaire, je retiens ce festival d’histoires que l’ont m’a racontées. Bienvenue dans la société d’après le mur ! De la fausse couche provoquée par le jet d’une grenade, aux humiliations physiques en passant par les tags racistes, les pressions psychologiques, et le vol de maison, de terres vous n’imaginez pas comment la liste est longue. Pourtant, je ne rentrerai pas dans les détails. Ce qui compte, c’est de ne pas croire à l’acte solitaire, au loup isolé qui frappe sans raison. Toutes ces atrocités font système,  il y a le feu à la bergerie et sincèrement c’est le berger qui l’a foutu ! Encore aujourd’hui, des colons ont tenté de s’approprier illégalement une maison palestinienne à Al Khalil. Bien que délogés par la police israélienne, suite à l’action rapide en justice d’organisations palestiniennes, l’incitation à s’en emparer vient du gouvernement. Ce même gouvernement dont les partis les plus extrêmes ne se cachent même pas de leurs velléités expansionnistes et de leur racisme affligeant, pour toute personne qui se respecte.  

Des morts, il y en a eu d’autres et quand certains ne les voient que comme une statistique dans un pays lointain et dénuée de sens, il est impossible de ne pas les voir comme le symptôme d’une société malade. C’est simple, ces histoires sont toutes différentes mais il en ressort une chose : l’impunité. Le gouvernement semble aveuglé par le mur qui nous sépare d'Israël, amnistiant par la même occasion les colons. Mais détrompez-vous, Israël sait. D’ailleurs, son peuple a réagi avec force et nombreux sont les israéliens qui ne sont pas dupes de ces agissements. Le fanatisme les a d’ailleurs frappé, en plein cœur. Sachez qu’on peut y mourir pour aimer. Vous me direz c’est malheureusement probablement le cas partout. Pourtant, difficile de ne pas faire le lien, entre ces assassins de la gay pride et ces fanatiques d’après le mur. C’est un même monde, une même idée, un même projet et généralement un seul peuple qui en fait les frais. Laissez-moi le temps de trouver les mots pour le dire et le temps pour l’écrire. La prochaine fois, je vous raconterai comment on tente de faire mourir une ville et comment ils résistent.


 

Chronique d'Hébron. Le cortège des martyrs - Un étudiant raconte son quotidien en Palestine !
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9 août 2015 7 09 /08 /août /2015 22:35
Il y a 70 ans les USA larguent une seconde bombe atomique, sur Nagasaki, sans aucune raison politique ou militaire !
Lors de la cérémonie du 70e anniversaire du bombardement, le maire de la ville a fustigé la politique militariste du premier ministre et la tentative de réinterprétation de la Constitution pacifique, héritée de l’après-guerre.

Lors de la cérémonie du 70e anniversaire du bombardement, le maire de la ville a fustigé la politique militariste du premier ministre et la tentative de réinterprétation de la Constitution pacifique, héritée de l’après-guerre.

Paul Tibbets, le pilote américain qui largua la bombe atomique sur Hiroshima en août 1945, est mort le 1er novembre 2007, à l'âge de 92 ans.

 Le 6 août 1945, alors jeune lieutenant-colonel de l'US Air Force, il était aux commandes du bombardier SuperFortress B-29 "Enola Gay" qui a largué, hors tests, la première bombe atomique de l'histoire de l'humanité. Paul Tibbets n'avait que 30 ans lorsqu'il décolla aux commandes du SuperFortress B-29 d'une base américaine dans les Iles Mariannes avec ses 11 membres d'équipage. Le bombardier avait été baptisé "Enola Gay", le prénom de la mère de Paul Tibbets.

 

 

Ils n'étaient pas tous d'accord pour larguer la bombe sur Hiroshima !

Le premier test nucléaire s'était déroulé avec succès moins d'un mois plus tôt, le 16 juillet 1945, dans le désert du Nouveau-Mexique. Dès lors tout va aller vite. Le 24 juillet, le président Harry Truman approuve la décision de mener une campagne de bombardements atomiques contre le Japon jusqu'à sa capitulation. Le 31 juillet, Truman donne l'ordre de bombarder Hiroshima "dès que le temps le permet".

Les scientifiques avaient prévenu Paul Tibbets : l'avion devra voler à 31.000 pieds (9.448 mètres) et la bombe explosera à quelque 600 mètres d'altitude. Quarante-trois secondes s'écouleront entre le moment où "Little Boy" (le surnom de la bombe) quittera les soutes de l'appareil et la déflagration. Si l'équipage veut survivre, il devra s'être éloigné de quelque 12,8 km au cours de cette poignée de secondes.

Les douze hommes triés sur le volet qui grimpent à bord de l'Enola Gay, à 02H45 le 6 août 1945, sont équipés d'un parachute, d'un pistolet et d'un gilet de protection. Au commandant de bord, le médecin de la base remet une petite boîte contenant douze pilules de cyanure. Puis le chapelain fait une prière, on prend des photos. L'Enola Gay décolle.

Lorsque l'avion arrive au-dessus d'Hiroshima, le temps est dégagé et l'équipage voit distinctement la côte et les bateaux ancrés dans le port, puis le pont qui constitue l'objectif. Il est 08H15 à Hiroshima lorsque la bombe est larguée. Tibbets bascule immédiatement son avion dans un virage sur l'aile droite à 155 degrés. Seul Bob Caron, qui se tient à la place du mitrailleur de queue, est capable d'apercevoir la gigantesque boule de feu et de prendre des photos. L'avion est rattrapé par l'onde de choc, qui le secoue modérément. Puis tous voient le "champignon géant de couleur pourpre".

Paul Tibbets se retourne vers l'équipage: "Les gars, vous venez juste de larguer la première bombe atomique."

 

Ils n'étaient pas tous d'accord pour larguer la bombe sur Hiroshima !

Le souffle, le feu et le rayonnement ont tué 140.000 personnes. Beaucoup d'autres ont été marqués et blessés à vie. La plupart des victimes de la bombe étaient des femmes, des enfants, des personnes âgées et des civils pas impliqués dans la guerre. On compte aussi parmi les vicitimes des prisonniers de guerre américains et alliés, ainsi que des milliers de Coréens contraints au travail forcé.

"Si Dante s'était trouvé avec nous dans l'avion, il aurait été terrifié", a raconté des années plus tard Paul Tibbets. "La ville que nous avions vu si clairement dans la lumière du jour était maintenant recouverte d'une horrible salissure. Tout avait disparu sous cette effrayante couverture de fumée et de feu."

De retour au sol, c'est l'enthousiasme général. Tibbets reçoit la Distinguished Service Cross.

Reçu bien plus tard à la Maison Blanche, Truman lui dira: "Ne perdez pas le sommeil parce que vous avez planifié et rempli cette mission. C'était ma décision. Vous n'aviez pas le choix."

Tibbets s'est glorifié tout au long de son existence de n'avoir jamais perdu le sommeil. Il est allé jusqu'à reconstituer le bombardement d'Hiroshima en 1976, lors une fête aérienne au Texas. Il a expliqué, avec constance, que la destruction d'Hiroshima, puis celle de Nagasaki, trois jours plus tard, étaient absolument nécessaires pour provoquer la reddition des Japonais et éviter ainsi une reconquête sanglante du Japon, île par île.

[Lire l'interview de Paul Tibbets dans Paris Match n°856 du 4 septembre 1965, à comparer au "cas" de Claude Eatherly le pilote de l'avion de reconnaissance d'Hiroshima.]

Tibbets a consacré une partie de sa vie a dénoncer les "révisionnistes" qui remettaient en cause la necessité et la moralité du bombardement des villes japonaises. Tibbets faisait valoir que cette décision cruciale avait alors recueilli un large consensus parmi les responsables militaires. À tort.

Le choix de larguer la bombe nucléaire sur Hiroshima ne faisait pas l'unanimité

Deux historiens, Leo Maley III et Uday Mohan, reviennent dans History News Network sur le débat qui a précédé la décision du Président Truman.

Ils rappellent que six parmi les sept généraux et amiraux les plus gradés ("wartime five-star officers") étaient réservés ou hostiles à l'usage de l'arme nucléaire.

L'amiral William Leahy, chef d'état-major particulier du Président Truman y était hostile. Il rapportera, en 1950, dans ses mémoires que "les Japonais étaient déjà battus et prêts à capituler. L'usage de cette arme barbare à Hiroshima et à Nagasaki n'a apporté aucune contribution matérielle à notre combat contre le Japon. En étant le premier pays à utiliser cette bombe, les États-Unis ont adopté des normes éthiques semblables à celles des barbares du Haut Moyen Âge. Je n'avais pas été formé à faire la guerre de cette manière. Les guerres ne peuvent pas être gagnées en détruisant les femmes et les enfants."

Le Général Eisenhower alors Commandant en chef des forces alliées en Europe s'opposa à l'utilisation de la bombe lors d'une réunion en juillet 1945 avec le Secrétaire de la guerre, Henry Stimson : "Je lui ai dit que j'étais contre pour deux raisons. D'abord, les Japonais étaient prêts à se rendre et il n'était pas nécessaire de les frapper avec cette chose terrible. En second lieu, je détestais voir notre pays être le premier à utiliser une telle arme."

L'amiral William "Bull" Halsey, commandant de la troisième flotte, qui avait conduit  l'offensive américaine contre les "Home Islands" japonaises dans les derniers mois de la guerre, déclara publiquement en 1946 que "la première bombe atomique était une expérience inutile."

"Ce n'est qu'en contestant et en résistant à la vision confortable de l'Histoire que les Américains pourront se confronter, de manière honnête et critique, à l'un des épisodes les plus dérangeants de leur passé" concluent Leo Maley III et Uday Mohan.

Leo Maley III a enseigné à Massachusetts-Amherst University et au College Park de l'Université du Maryland. Uday Mohan est directeur de la recherche a l'institut d'études Nucléaires de l'American University.

Leo Maley III et Uday Mohan,
"Not Everyone Wanted to Bomb Hiroshima"
,
History News Network.

 

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8 août 2015 6 08 /08 /août /2015 23:15

Nous faudra-t'il encore longtemps avoir honte de notre pays et de ceux qui le dirigent ?

 

 

Au moins François Hollande n’aura pas eu l’hypocrisie d’assister au Japon, aux côtés de Barak Obama, aux cérémonies du 70ème anniversaire des bombardements de Hiroshima et Nagasaki. Il a préféré se rendre en Egypte à l’inauguration du doublement du canal de Suez auprès du nouveau dictateur local, le maréchal Sissi. Il faut dire qu’à peine en place après un coup d’Etat, Sissi s’est montré un bon acheteur d’avions Rafale (même si c’est grâce à des prêts français…). L’Egypte se trouve au cœur d’une zone encore plus instable après les interventions impérialistes en Libye et en Syrie, encore plus demandeuse d’armes…

 

 

70 ans après Hiroshima, F. Hollande vante plus que jamais la « dissuasion nucléaire » et étend dangereusement son concept !

« Indépendance, liberté, capacité à faire prévaloir nos valeurs, voilà pourquoi nous devons chaque jour, assurer la permanence de la dissuasion nucléaire et être capables, à chaque instant, d’en améliorer encore l’organisation, le fonctionnement et les armes ». Voilà la phrase par laquelle Hollande a conclu le 19 février dernier, sur la base aéronavale d’Istres, son long discours définissant l’orientation de sa politique nucléaire militaire (texte intégral en lien sur le site de l’Elysée). Un hymne à l’arme nucléaire, comme tout son texte ! On comprend qu’il ne se soit pas envolé pour Hiroshima !

 

 

Partant d’une telle profession de foi, il est logique qu’il renvoie l’objectif du désarmement nucléaire aux calendes grecques et le réduise à un vœu pieux : « Je partage donc l’objectif, à terme, de l’élimination totale des armes nucléaires, mais j’ajoute : quand le contexte stratégique le permettra ». Ou encore : « La France doit être lucide. Elle sait qu’il ne suffit pas de proclamer le désarmement nucléaire immédiat et total, il faut que la réalité des actes de chacun soit cohérente avec les discours ». Tout est dit et répété plusieurs fois. Le quinquennat Hollande sera le premier où la France de diminuera pas, même simplement quantitativement, son arsenal nucléaire, ni son budget dédié à l’arme atomique, « sanctuarisé », à hauteur officiellement de 3,5 milliards d’euros par an.

 

La doctrine énoncée par Hollande donne tout leur (mauvais) sens aux efforts de la diplomatie française pour faire appliquer le Traité de non-prolifération (TNP). Il ne s’agit agir dans le sens général d’un abandon de l’arme atomique mais d’intervenir pour que de nouvelles puissances ne concurrencent pas les puissances impérialistes occidentales et leurs alliés. La politique française d’hostilité aux velléités supposées du régime iranien de se doter de la Bombe est directement subordonnée au souci de garantir la suprématie de l’impérialisme israélien dans ce domaine.

En termes d’idéologie, si l’on voulait vraiment encourager la non-prolifération, soulever les opinions publiques, légitimer le TNP, il faudrait s’y prendre à l’inverse d’Hollande qui affirme encore : « La Force de dissuasion, c’est ce qui nous permet d’avoir la capacité de vivre libres et de pouvoir, partout dans le monde, porter notre message, sans rien craindre, sans rien redouter, parce que nous sommes sûrs de la capacité que nous avons à nous défendre ». Avec un tel discours, il y a vraiment de quoi dissuader une nation qui voudrait se doter de l’arme nucléaire d’y renoncer !  Beaucoup peuvent légitimement ne pas se sentir moralement inférieures à l’impérialisme français, avec ses interventions françaises en Libye ou en Afrique, et voudraient desserrer la domination des grandes puissances…  La tentation nucléaire est encore accrue quand Hollande proclame, de façon très contestable, que « la dissuasion stimule nos efforts de recherche et de développement et contribue à l’excellence et à la compétitivité de notre industrie ». Tout est décidément bon dans la « dissuasion » nucléaire !

 

La même logique présidentielle – est-ce du cynisme ou du pragmatisme ? – se retrouve chez Hollande à propos de l’application du Traité d’interdiction des essais nucléaires. Son entrée en vigueur est sa « première priorité », puisque « la France a fait la démonstration que la renonciation complète, irréversible aux essais nucléaires était compatible avec le maintien d’une dissuasion crédible ». Entre 1995 et 1997, sous Chirac – on s’en souvient -, l’industrie nucléaire militaire française a eu encore besoin de quelques essais grandeur nature à Mururoa pour adapter ses simulateurs. Maintenant que c’est fait pour l’armée française, comme pour les Etats-Unis, empêchons les autres de passer cette étape…

Par rapport justement à Chirac ou même à Sarkozy, le discours de Hollande, inauguré dès son élection par sa première visite officielle en juillet 2012 à un sous-marin nucléaire à Brest, exprime une inflexion. Jusque-là, la dissuasion était un mal et une dépense nécessaires pour se défendre. Aujourd’hui pour Hollande, elle est associé la liberté, à la « garantie que les engagements internationaux de la France seront toujours honorés, même si l’emploi de l’arme nucléaire n’est concevable que dans des circonstances extrêmes de légitime défense. »

 

La ligne qui prévalait sous Chirac et Sarkozy était évidemment hypocrite. Mais la libération de la parole présidentielle, avec Hollande, représente une nouvelle étape extrêmement inquiétante. La menace se précise, au-delà du rappel des grands principes, de la fable, de la dissuasion, de la mise au point d’armes atomiques françaises opérationnelles dans des conflits « limités » (c’est l’objectif avoué des essais en laboratoire de produire des bombes adaptées à cet échelle d’objectif).

 

Décryptons à nouveau le discours du Président : « C’est la responsabilité suprême du Président de la République d’apprécier en permanence la nature de nos intérêts vitaux et les atteintes qui pourraient y être portées.

L’intégrité de notre territoire, la sauvegarde de notre population constituent le cœur de nos intérêts vitaux. Quels que soient les moyens employés par l’adversaire étatique nous devons préserver la capacité de notre nation à vivre. Tel est le sens de la dissuasion nucléaire.

Néanmoins, je ne peux exclure qu’un adversaire se méprenne sur la délimitation de nos intérêts vitaux. C’est pourquoi je veux rappeler ici, que la France peut, en dernier ressort, marquer sa volonté à défendre nos intérêts vitaux par un avertissement de nature nucléaire ayant pour objectif le rétablissement de la dissuasion. »

Les deux dernières phrases, soulignés par nous, sont les plus explicites et effrayantes : « par un avertissement de nature nucléaire » a-t-il dit.

 

Quant à l’appréciation présidentielle unilatérale, suivant l’idéologie dominante, « de nos intérêts vitaux », elle coïncide – ce n’est pas une surprise – avec ceux de l’Union européenne du capital et de l’OTAN. Hollande ne pouvait pas être plus clair: « La définition de nos intérêts vitaux ne saurait être limitée à la seule échelle nationale, parce que la France ne conçoit pas sa stratégie de défense de manière isolée, même dans le domaine nucléaire. Nous avons affirmé à de nombreuses reprises, avec le Royaume Uni, avec lequel nous avons une coopération sans équivalent, cette conception. Nous participons au projet européen, nous avons construit avec nos partenaires une communauté de destin, l’existence d’une dissuasion nucléaire française apporte une contribution forte et essentielle à l’Europe. La France a en plus, avec ses partenaires européens, une solidarité de fait et de cœur. Qui pourrait donc croire qu’une agression, qui mettrait en cause la survie de l’Europe, n’aurait aucune conséquence ?

C’est pourquoi notre dissuasion va de pair avec le renforcement constant de l’Europe de la Défense. »

Puis ensuite : « Je veux également préciser notre relation avec l’Alliance Atlantique. L’Alliance Atlantique a une vocation nucléaire et les forces stratégiques indépendantes, comme la France et le Royaume-Uni en disposent, ont un rôle spécifique à jouer et contribuent à la dissuasion globale.

Ce constat, fait par tous, n’implique pas de changement de posture de notre pays. La France ne participe pas aux mécanismes de planification nucléaire de l’OTAN et la France ne participera pas à ces mécanismes. Ce principe demeurera. En revanche, la France souhaite contribuer à la définition de la politique nucléaire de l’Alliance. A cet égard, tous les pays membres de l’OTAN doivent faire preuve de constance et de détermination dans cet engagement. »

Sur ce dernier point, il n’y a rien de nouveau dans l’aveu, déjà fait depuis longtemps, que la soi-disant « indépendance nationale » de la France, avec la dissuasion nucléaire, n’est rien d’autre que le prélèvement sur la richesse produite par les travailleurs français pour la défense conjuguée des intérêts impérialistes américains et européens.

 

Aujourd’hui des armes nucléaires de dissuasion dirigées contre qui ?

Hollande doit admettre que, pour l’instant, « la France n’a pas d’ennemi déclaré ».

Mais… il dénonce quand même la Syrie de Bachar El-Assad qui « a brisé un tabou fondamental de notre système de sécurité collective » en utilisant prétendument des armes chimiques et contre lequel « il a fallu recourir à la menace ». Grâce à Bachar et au tabou qu’il aurait levé, il serait ainsi plus aisé de faire accepter l’utilisation d’armes de destruction massive ? Horreur !

Hollande évoque aussi Daesh et « l’attaque informatique contre Sony », qu’il semble difficilement envisageable de combattre avec des bombes nucléaires… Mais pour Hollande, « des surprises, voire des ruptures sont possibles ». Surtout qu’auparavant, il a mentionné la crise ukrainienne… On devine quelle « agression d’origine étatique » pourrait être imaginée, comme au temps de la guerre froide mais avec un rapport de force bien différent.

 

Communistes, progressistes, nous avons toutes les raisons d’être inquiets et de ne pas sous-estimer l’importance de la lutte, EN FRANCE, pour le désarmement nucléaire.

Bien sûr, nous savons que les propos de Hollande suivent aussi les intérêts et la propagande du lobby militaro-industriel du nucléaire. Mais cela n’en diminue pas pour autant le danger des bombes atomiques. Pour nous, commémorer les crimes impérialistes d’Hiroshima et Nagasaki ne relève pas du rituel de convenance !

Bien sûr, nous savons que le lobby militaro-industriel conventionnel peut également contester, de façon tout aussi intéressée, les dépenses dirigées vers le nucléaire et défendre hypocritement un désarmement nucléaire (comme des socialistes comme Rocard et Quilès peuvent en être les porte-parole). Certains avocats de l’impérialisme français estiment aussi bien plus efficaces pour les intérêts qu’ils défendent de promouvoir une autre militarisation. Mais pour nous, combattre l’une n’empêche pas de combattre l’autre manifestation militariste de l’impérialisme.

 

Communistes, la situation menaçante appelle que nous reprenions le flambeau pacifiste de nos camarades qui, comme Frédéric Joliot-Curie, en connaissance de cause, initièrent et firent signer à des millions de travailleurs l’Appel de Stockholm pour l’abolition de l’arme nucléaire.

Peu importe pour nous (c’est très disproportionné le de mentionner) qu’un politicien comme Mélenchon, lié à Dassault, affiche un chauvinisme révulsant et vante une conception trompeuse de l’indépendance nationale par la dissuasion nucléaire.

Communistes, finissons aussi de solder les erreurs et même reniements décidés au nom du Programme commun dans les années 70, dont le rapport Kanapa de 1977, qui convertit le PCF à l’acceptation de l’arme nucléaire française, présentée illusoirement comme potentiellement nationale. Si le PCF en est petit à petit revenu, il importe d’être beaucoup plus clair. Interrogé en 2012 sur la proposition de Rocard de supprimer l’arme nucléaire française, Pierre Laurent n’est pas allé plus loin que d’estimer « que sa proposition méritait vraiment réflexion et que la France pourrait prendre l’initiative pour relancer le désarmement nucléaire ». Avec Hollande ?

 

Communistes, sur cette question vitale, nous pouvons avoir des propositions de lutte graduées et claires et mobilisatrices :

-          Pour une définition des intérêts vitaux du pays englobant exclusivement la défense de son intégrité territoriale et la sauvegarde de sa population.

-          Pour une sortie de la France du commandement intégré de l’OTAN, de l’OTAN et de toute organisation de l’Europe de la défense.

-          Pour le retour en France de tous les soldats français engagés sur des théâtres extéieurs.

-          Pour l’arrêt des essais nucléaires en laboratoire et leur classement dans les recherches prohibées par le Traité d’interdiction des essais nucléaires.

-          Pour la mise en accusation du budget totalement stérile consacré à l’arme nucléaire (3,5 milliards par an officiellement), en rapport avec les nécessaires dépenses publiques et sociales.

-          Pour une conversion vers le civil et d’autres technologies du secteur militaro-nucléaire français.

-          Pour un désarmement nucléaire total et unilatéral de la France.

-          Pour dans le monde, « l’interdiction absolue de l’arme atomique, arme d’épouvante et d’extermination massive des populations » comme y exhortait l’Appel de Stockholm.        

 

 

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7 août 2015 5 07 /08 /août /2015 21:51
Chroniques de Jean Ortiz

"L’UE est devenue, selon Maastricht et consorts , une machine de guerre contre précisément l’indépendance et la souveraineté des pays et des hommes."

 

Longtemps j’ai cru que pour changer les choses il vaut mieux être dedans que dehors, ne pas laisser la chaise vide... Longtemps j’ai cru que l’on pourrait peut être un jour changer de l’intérieur cette Europe du pognon, cette création à mes yeux artificielle, qui entend mettre au pas pour l’éternité et sous la botte allemande et de la finance, les peuples, sommés de comprendre que hors du néolibéralisme : point de salut. Et qu’ils se le mettent bien dans la tête : il n’y a pas d’alternative ! Soumission et  résignation. Et  qu’ils passent sous les fourches caudines « d’experts », de « technocrates » non élus, de traités et pactes liberticides, sinon toute tête dissidente, comme celle de Tsipras, sera tranchée et brandie comme un trophée, écrit Ignacio Ramonet dans le « Diplo » édition espagnole. Avertissement à tous ceux qui voudraient un changement : la BCE, le FMI, l’UE, l’OMC ... remplacent désormais les « marines », les « G’Is », l’armée allemande.

 

L’occupation de la Grèce par la chancelière allemande (cela fait froid dans le dos), par le FMI, l’UE et la BCE, le traumatisme ressenti par tous les militants de gauche, m’ont interpellé(comme l’on dit). La défaite ô combien douloureuse, l’humiliation publique, le quasi lynchage d’un dirigeant porté par son peuple, la violence, la brutalité de la fondée de pouvoir des banques et des « trusts » allemands, m’ont beaucoup secoué.

 

Dans cette Europe allemande et de la BCE, nous nous trouvons pieds et poings liés, la démocratie n’y est qu’un alibi, une feuille de vigne et les droits des peuples : du vent. Tous le vernis « européiste » a craqué. Tous les masques sont tombés ce 13 juillet, jour noir, très noir pour tous, pas seulement pour les Grecs, et est apparu le visage terrifiant (il ne lui manque que les petites moustaches) du marché, de ses grands banquiers et prêtres inquisiteurs, dame Merkel flanquée de son enfant de chœur français, chargé de veiller à ce que le torturé ne meure pas sous les supplices. A nu désormais ce néolibéralisme assoiffé de fric, de pouvoir pour mettre les peuples à genoux, et  ce libre-échange impérialiste, ces Pactes et Traités supranationaux, qui corsètent, emprisonnent, les membres de l’Union Européenne,  ne laissent que peu de marge aux gouvernements, la plupart bénis oui oui.

 

Nous venons de souffrir un échec sur une stratégie qui atteint ses limites, qui s’avère inefficace et en porte-à-faux avec les besoins  de progrès social, de démocratie participative, de souveraineté. Sauf à être masochiste, il faut adapter la position traditionnelle des communistes. Ce bunker européen est irréformable. La preuve sans appel par la Grèce et sa mise sous tutelle, sous protectorat. L’UE est devenue, selon Maastricht et consorts , une machine de guerre contre précisément l’indépendance et la souveraineté des pays et des hommes.

 

Jamais plus aucun dirigeant démocratiquement élu ne doit subir le traitement dictatorial, dégradant, imposé à Tsipras. Cela est impossible sans changer de cadre. Jamais plus aucun chef d’Etat ne doit voir sa dignité bafouée par un quarteron de « collabos », d’exécutants zélés du capital.

 

Sortons de ce « machin », de cette prison. De nombreux économistes ont démontré que la sortie de l’euro à elle seule ne suffirait pas, mais qu’elle ne constituerait pas une catastrophe majeure comme on nous en rebat les oreilles. Il y a- t-il pire que le pire ? J’ai mal à la Grèce. Je n’accable pas Tsipras (ne nous trompons pas de cible !) mais ceux qui lui ont mis un pistolet sur la tempe mériteraient d’être jugés pour crime.

 

Europe : Mea Culpa
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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 23:40
DÉBUT DE L'ÈRE NUCLÉAIRE => LA PREMIÈRE BOMBE ATOMIQUE LANCÉE PAR LE GOUVERNEMENT ÉTASUNIEN PULVÉRISE LA VILLE JAPONAISE D’HIROSHIMA, LA DEUXIÈME SUIVRA TROIS JOURS PLUS TARD SUR NAGASAKI... !

Collectif Amérique Latine Résistances

 

GOUVERNEMENT USA : LANCE LA PREMIÈRE BOMBE ATOMIQUE
 

Le jour où le monde a changé. Hiroshima, 6 août 1945
 

Par John Hersey*

DÉBUT DE L'ÈRE NUCLÉAIRE => LA PREMIÈRE BOMBE ATOMIQUE LANCÉE PAR LE GOUVERNEMENT ÉTASUNIEN PULVÉRISE LA VILLE JAPONAISE D’HIROSHIMA, LA DEUXIÈME SUIVRA TROIS JOURS PLUS TARD SUR NAGASAKI... !

A 8 h 15 du matin, le 6 août 1945, le bombardier B-29 américain baptisé « Enola-Gay » et piloté par le commandant Paul Tibbets lâchait sur la ville japonaise de Hiroshima la première bombe atomique de l’histoire. C’était la fin de la seconde guerre mondiale, et le début de l’ère nucléaire. La bombe allait tuer, d’un coup, 100 000 personnes, et provoquer des formes inédites de souffrance humaine. L’Américain John Hersey fut l’un des premiers journalistes étrangers à se rendre sur place. Paru d’abord dans The New Yorker, son témoignage est considéré comme l’un des classiques du reportage de guerre.

Ce matin-là, avant 6 heures, il faisait si clair et si chaud déjà que la journée s’annonçait caniculaire. Quelques instants plus tard, une sirène retentit : la sonnerie d’une minute annonçait la présence d’avions ennemis, mais elle indiquait aussi, par sa brièveté, aux habitants de Hiroshima qu’il s’agissait d’un faible danger. Car chaque jour, à la même heure, quand l’avion météorologique américain s’approchait de la ville, la sirène retentissait.

Hiroshima avait la forme d’un ventilateur : la cité était construite sur six îles séparées par les sept fleuves de l’estuaire qui se ramifiaient vers l’extérieur à partir de la rivière Ota. Ses quartiers d’habitations et de commerces couvraient plus de six kilomètres carrés au centre du périmètre urbain. C’est là que résidaient les trois quarts des habitants. Divers programmes d’évacuation avaient considérablement réduit sa population. Celle-ci était passée de 380 000 âmes avant la guerre à quelque 245 000 personnes. Les usines et les quartiers résidentiels, ainsi que les faubourgs populaires, se situaient au-delà des limites de la ville. Au sud se trouvaient l’aéroport, les quais et le port sur la mer intérieure saupoudrée d’îles (1). Un rideau de montagnes fermait l’horizon sur les trois côtés restants du delta.

Le matin était redevenu calme, tranquille. On n’entendait aucun bruit d’avion. Alors, soudain, le ciel fut déchiré par un flash lumineux, jaune et brillant comme dix mille soleils (voir Comme dix mille soleils). Nul ne se souvient avoir entendu le moindre bruit à Hiroshima quand la bombe a éclaté. Mais un pêcheur qui se trouvait sur sa barque, près de Tsuzu, dans la mer Intérieure, vit l’éclair et entendit une explosion terrifiante. Il se trouvait à trente-deux kilomètres de Hiroshima et, selon lui, le bruit fut beaucoup plus assourdissant que lorsque les B-29 avaient bombardé la ville d’Iwakuni, située à seulement huit kilomètres.

Un nuage de poussière commença à s’élever au-dessus de la ville, noircissant le ciel comme une sorte de crépuscule. Des soldats sortirent d’une tranchée, du sang ruisselant de leurs têtes, de leurs poitrines et de leurs dos. Ils étaient silencieux et étourdis. C’était une vision de cauchemar. Leurs visages étaient complètement brûlés, leurs orbites vides, et le fluide de leurs yeux fondus coulait sur leurs joues. Ils devaient sans doute regarder vers le ciel au moment de l’explosion. Leurs bouches n’étaient plus que blessures enflées et couvertes de pus...

Des maisons étaient en feu. Et des gouttes d’eau de la taille d’une bille commencèrent à pleuvoir. C’étaient des gouttes d’humidité condensée qui tombaient du gigantesque champignon de fumée, de poussière et de fragments de fission qui s’élevait déjà plusieurs kilomètres au-dessus de Hiroshima. Les gouttes étaient trop grosses pour être normales. Quelqu’un se mit à crier: « Les Américains nous bombardent d’essence. Ils veulent nous brûler ! » Mais c’étaient des gouttes d’eau évidemment, et pendant qu’elles tombaient le vent se mit à souffler de plus en plus fort, peut-être en raison du formidable appel d’air provoqué par la ville embrasée. Des arbres immenses furent abattus ; d’autres, moins grands, furent déracinés et projetés dans les airs où tournoyaient, dans une sorte d’entonnoir d’ouragan fou, des restes épars de la cité : tuiles, portes, fenêtres, vêtements, tapis...

Sur les 245 000 habitants, près de 100 000 étaient morts ou avaient reçu des blessures mortelles à l’instant de l’explosion. Cent mille autres étaient blessés. Au moins 10 000 de ces blessés, qui pouvaient encore se déplacer, s’acheminèrent vers l’hôpital principal de la ville. Mais celui-ci n’était pas en état d’accueillir une telle invasion. Sur les 150 médecins de Hiroshima, 65 étaient morts sur le coup, tous les autres étaient blessés. Et sur les 1 780 infirmières, 1 654 avaient trouvé la mort ou étaient trop blessées pour pouvoir travailler. Les patients arrivaient en se traînant et s’installaient un peu partout. Ils étaient accroupis ou couchés à même le sol dans les salles d’attente, les couloirs, les laboratoires, les chambres, les escaliers, le porche d’entrée et sous la porte cochère, et dehors à perte de vue, dans les rues en ruines... Les moins atteints secouraient les mutilés.

Des familles entières aux visages défigurés s’aidaient les unes les autres. Quelques blessés pleuraient. La plupart vomissaient. Certains avaient les sourcils brûlés, et la peau pendait de leur visage et de leurs mains. D’autres, à cause de la douleur, avaient les bras levés comme s’ils soutenaient une charge avec leurs mains. Si on prenait un blessé par la main, la peau se détachait à grands morceaux, comme un gant...

Beaucoup étaient nus ou vêtus de haillons. Jaunes d’abord, les brûlures devenaient rouges, gonflées, et la peau se décollait. Puis elles se mettaient à suppurer et à exhaler une odeur nauséabonde. Sur quelques corps nus, les brûlures avaient dessiné la silhouette de leurs vêtements disparus. Sur la peau de certaines femmes – parce que le blanc reflétait la chaleur de la bombe, et le noir l’absorbait et la conduisait vers la peau –, on voyait le dessin des fleurs de leurs kimonos. Presque tous les blessés avançaient comme des somnambules, la tête dressée, en silence, le regard vide.

Des silhouettes humaines sur les murs

Toutes les victimes ayant subi des brûlures et les effets de l’impact avaient absorbé des radiations mortelles. Les rayons radioactifs détruisaient les cellules, provoquaient la dégénération de leur noyau et brisaient leurs membranes. Ceux qui n’étaient pas morts sur le coup, ni même blessés, tombaient très vite malades. Ils avaient des nausées, de violents maux de tête, des diarrhées, de la fièvre. Symptômes qui duraient plusieurs jours. La seconde phase commença dix ou quinze jours après la bombe. Les cheveux se mirent à tomber. Puis vinrent la diarrhée et une fièvre pouvant atteindre 41 degrés.

Vingt-cinq à trente jours après l’explosion survenaient les premiers désordres sanguins : les gencives saignaient, le nombre de globules blancs s’effondrait dramatiquement tandis qu’éclataient les vaisseaux de la peau et des muqueuses. La diminution des globules blancs réduisait la résistance aux infections ; la moindre blessure mettait des semaines à guérir ; les patients développaient des infections durables de la gorge et de la bouche. A la fin de la deuxième étape – si le patient avait survécu – apparaissait l’anémie, soit la baisse des globules rouges. Au cours de cette phase, beaucoup de malades mouraient d’infections dans la cavité pulmonaire.

Tous ceux qui s’étaient imposé un certain repos après l’explosion avaient moins de risques de tomber malades que ceux qui s’étaient montrés très actifs. Les cheveux gris tombaient rarement. Mais les systèmes de reproduction furent affectés durablement : les hommes devinrent stériles, toutes les femmes enceintes avortèrent, et toutes les femmes en âge de procréer constatèrent que leur cycle menstruel s’était arrêté...

Les premiers scientifiques japonais arrivés quelques semaines après l’explosion notèrent que le flash de la bombe avait décoloré le béton. A certains endroits, la bombe avait laissé des marques correspondant aux ombres des objets que son éclair avait illuminés. Par exemple, les experts avaient trouvé une ombre permanente projetée sur le toit de l’édifice de la chambre de commerce par la tour du même bâtiment. On découvrit aussi des silhouettes humaines sur des murs, comme des négatifs de photos. Au centre de l’explosion, sur le pont qui se situe près du Musée des sciences, un homme et sa charrette avaient été projetés sous la forme d’une ombre précise montrant que l’homme était sur le point de fouetter son cheval au moment où l’explosion les avait littéralement désintégrés...


Août 2005

 

*John Richard Hersey (1914-1993), journaliste à Time Magazine et au New Yorker. Auteur, entre autres, de A Bell for Adano (prix Pulitzer, 1945) et de Hiroshima (New York, 1946), d’où sont tirés les extraits publiés ici. Il a consacré sa vie à la lutte antinucléaire.

Lire aussi : Comme dix mille soleils

(1) NDLR. Hiroshima est situé au sud-ouest de l’île de Honshu, la plus grande de l’archipel nippon, au bord de la mer Intérieure formée par cette île et celles de Shikoku et Kyushu.

Source : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/HERSEY/12425


 

 

DÉBUT DE L'ÈRE NUCLÉAIRE => LA PREMIÈRE BOMBE ATOMIQUE LANCÉE PAR LE GOUVERNEMENT ÉTASUNIEN PULVÉRISE LA VILLE JAPONAISE D’HIROSHIMA, LA DEUXIÈME SUIVRA TROIS JOURS PLUS TARD SUR NAGASAKI... !
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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 22:15

Après avoir annoncé des bénéfices exceptionnels, la banque se prépare à un nouveau plan d’économies tout en renforçant ses activités spéculatives.

 

D'ici à la fin de 2017, la Société Générale prévoit ainsi 850 millions d'euros d'économies, qui s'ajoutent à des réductions de coûts de 900 millions d'euros au cours de la période 2013-2015. "Faire des économies, c'est bien, mais dans quelle mesure? 850 millions d'euros en deux ans, ça nous paraît un peu surréaliste (...), ça passera forcément par des réductions d'effectifs", s’est inquiété Mathieu Pué, délégué central CFDT, se disant "assez énervé" d'apprendre la nouvelle par un communiqué de presse de la banque.


Pourtant, au deuxième trimestre, le résultat net comptable de la banque a progressé de 25,2% à 1,35 milliard d'euros. Le produit net bancaire est lui aussi logiquement en augmentation, de 16,4%, et s’établit à 6,87 milliards (plus de 13,2 milliards sur le semestre).

 

« Le résultat net du groupe est de 2219 millions d’euros au premier semestre 2015, en hausse de 77,8 % par rapport au premier semestre de 2014 », se félicite la banque dans son communiqué. Frédéric Oudéa, directeur général de la banque, se réjouit quant à lui de « sa capacité à générer structurellement une croissance rentable et à créer de la valeur pour ses actionnaires. » Ce qui est tristement vrai puisque si les effectifs risquent bien d’être compressés, les actionnaires vont eux se partager 50 % des bénéfices. C'est à se demander pourquoi l’Etat a versé à la banque près de 26 millions d’euros en 2014 au nom du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi).

 

Ces résultats qui réjouissent les bourses ne sont pourtant pas du tout liés aux activités de la Société Générale comme banque au sens classique du terme. Celle qui gère des comptes, les placements des gens et octroie des crédits aux entreprises et particuliers… Cette activité là progresse autour de 1,5%, alors que les activités de finance spéculative s’approchent des 20% de croissance.

 

Le groupe a également décidé de renforcer ses provisions pour litiges de 200 millions d'euros alors qu'elle poursuit l'audit de ses transactions en dollars et que la justice américaine cherche à déterminer si des banques ont contourné ses règles en matière d'embargo dans plusieurs pays. Après la BNP qui s’est vue infliger une amende de 9 milliards de dollards et à l’image du Crédit Agricole, la Société Générale s’attend à une condamnation prochaine.

 

La Société Générale ne gagne jamais assez de milliards
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