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30 juin 2017 5 30 /06 /juin /2017 18:07
L’Assemblée nationale a connu une longue journée faite de coups fourrés et de suspensions. G. van der Hasselt/AFP

L’Assemblée nationale a connu une longue journée faite de coups fourrés et de suspensions. G. van der Hasselt/AFP

Lionel Venturini - Vendredi, 30 Juin, 2017 - L'Humanité

 

Les vice-présidents ainsi que les trois questeurs sont tous issus de la majorité. La désignation des postes clés suscite à gauche un boycott du Congrès, lundi.

D’un côté le feu, de l’autre la glace. À l’Assemblée, la nomination aux présidences de commissions révèle assez peu de surprises. C’est le côté glace, avec Éric Woerth, député LR de l’Oise et ancien ministre du Budget, élu président de la commission des Finances au titre de l’usage voulant que le poste revienne au premier groupe d’opposition. Marielle de Sarnez, éphémère ministre des Affaires européennes, a été désignée présidente de la commission des Affaires étrangères. Sans surprise non plus, des candidats LREM ont été désignés aux diverses présidences de commission.

Contestations à droite comme à gauche

Côté feu, en revanche, le fait que la majorité LREM-Modem truste toutes les vice-présidences, les trois postes de questeurs, met la droite et la gauche d’opposition vent debout. Du coup, ni les députés et sénateurs communistes, ni le groupe parlementaire de la France insoumise ne se rendront au Congrès convoqué par Macron à Versailles le 3 juillet. Idem pour Jean-Christophe Lagarde (patron de l’UDI), qui dénonce une intervention présidentielle qui « rabaisse le gouvernement ». Exit en revanche, selon le Monde, l’interview télévisée du 14 juillet, « la pensée complexe » du président, explique-t-on à l’Élysée, se prêtant mal au jeu des questions et réponses avec des journalistes… Plus complexe donc que l’un de ses maîtres à penser, Paul Ricœur, qui répondit à des journalistes à la télévision.

L’Assemblée a vécu ces dernières 48 heures des coups de Trafalgar comme rarement. « Quarante députés En marche appliquent la consigne de voter #Ruffin en commission économique contre #LR », a tweeté, en colère, le député LR Julien Dive, alors que François Ruffin (la France insoumise) a été élu parmi les secrétaires de cette commission. La droite estime devoir lui revenir un poste de questeur (organisation administrative de l’Assemblée) parmi les trois offerts. Thierry Solère (« constructifs ») a été élu aux dépens du candidat du groupe LR Éric Ciotti. Le groupe de la droite demande une nouvelle élection du bureau de l’Assemblée, faute de quoi ils n’y siégeront pas, selon le député de l’Ain Damien Abad. L’UDI, de son côté, rompt déjà le pacte qui la lie aux « constructifs » pro-Macron au sein d’un groupe commun, et compte ainsi « déposer un recours » devant le Conseil constitutionnel « pour contester l’élection des vice-présidents », tous issus de la majorité LREM-Modem, recours incertain juridiquement. Lors de la précédente législature, deux postes de vice-présidents étaient ainsi revenus à l’opposition. André Chassaigne (GDR, PCF), fort de son expérience de député depuis 2002, s’est dit « assez époustouflé par le fonctionnement qu’on a aujourd’hui », dénonçant « des petits traficotages (…) qui ne méritent qu’un adjectif : petit ». Pour Jean-Luc Mélenchon (FI), nous assistons au « franchissement d’un seuil dans la direction pharaonique de la monarchie présidentielle ». La publication hier du portrait présidentiel officiel, avec un Emmanuel Macron affirmé, empoignant des deux mains son bureau élyséen, n’apportait aucun démenti ; travaillé explicitement, entre la lumière tombant sur le visage et les accessoires apparents – deux smartphones posés, trois livres, une pendule de celui qui se veut le « maître des horloges » –, comme le tableau d’un sacre royal.

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