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11 août 2015 2 11 /08 /août /2015 22:10

Polémique - Aurélien Soucheyre - Mardi, 11 Août, 2015 - L'Humani

 

La décision de la ville de Paris de célébrer le Tel-Aviv festif 
sur les berges parisiennes en tournant le dos à la réalité du conflit israélo-palestinien suscite la controverse et l’indignation.

DR

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La journée « Tel-Aviv sur Seine » aura-t-elle lieu ? La polémique enfle autour de l’opération organisée le 13 août par la Ville de Paris dans le cadre de Paris Plages. Au programme : « foodtrucks, DJ sets, animations ludiques… » peut-on lire sur le site Web de la capitale française, comme s’il était possible de dissocier complètement Tel-Aviv du conflit israélo-palestinien, et d’importer uniquement son côté festif sans se soucier de la situation sur place. « Tel-Aviv, ce n’est pas Copacabana. Tel-Aviv, c’est la capitale d’Israël », a tranché hier la conseillère municipale de Paris Danielle Simonnet (PG), qui demande soit l’annulation de l’événement, soit sa réorganisation en « manifestation en faveur de la paix, de la fraternité, de la lutte contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme, et de la reconnaissance de l’État palestinien ».

« Nous n’annulerons pas cette manifestation, car ce serait donner raison aux plus radicaux », rétorque le premier adjoint (PS) Bruno Julliard, quitte à froisser les communistes qui siègent au sein de la majorité. Consterné de ne « jamais avoir été associé ou informé » au sujet de cette initiative, le groupe PCF-Front de gauche du Conseil de Paris considère « qu’il n’est pas du rôle de la Ville d’organiser une telle opération de communication », alors que les « massacres survenus à Gaza » l’été dernier sont dans toutes les mémoires, et que des attentats ont été commis ces derniers jours par des « terroristes israéliens ». Ses élus demandent eux aussi l’annulation de la journée « au profit d’une initiative qui contribue à une paix juste et durable » et regrettent que Paris, jumelée à la fois avec Tel-Aviv et avec la ville palestinienne de Ramallah, ne se soit pas fixé d’emblée cet objectif à travers cette journée Paris Plages.

La ville de Paris s’entête 
à maintenir la journée telle quelle

« Pas d’amalgame entre Tel-Aviv, ville symbole de la tolérance et de la paix, et la politique brutale du gouvernement israélien ! » s’est fendu sur Twitter Bruno Julliard. Mais dans ce cas-là encore fallait-il axer la journée sur la paix, alors que l’appellation « Tel-Aviv sur Seine », qui importe le nom d’une ville israélienne sur les berges parisiennes, ne saurait être déconnectée des réalités d’un conflit qui suscite les passions au sein de l’opinion publique française. « Alors que Tel-Aviv est la capitale économique d’un pays dont le gouvernement d’extrême droite méprise quotidiennement le droit international et mène une politique brutale de colonisation des territoires palestiniens, comment penser que cette initiative puisse être dissociée du conflit israélo-palestinien ? » s’interrogent ainsi les élus communistes.

« Mais comment Anne Hidalgo a-t-elle pu choisir de politiser Paris Plages (…) au profit d’une force occupante : Israël ? » s’indigne même Jean-Claude Lefort, président honoraire de l’association France Palestine Solidarité, qui dénonce la volonté de se rassembler sur place de la Ligue de défense juive, groupe connu pour sa violence et ses actions extrémistes. S’inquiétant de possibles « risques graves pour l’ordre public », l’ancien député PCF indique que le Ministre de l’Intérieur ou le Préfet de Paris peuvent interdire l’événement. Ce motif a déjà été utilisé, l’an dernier, pour interdire deux manifestations qui appelaient à la fin des bombardements à Gaza… Une pétition en ligne demandant l’annulation de la journée a de son côté déjà recueilli plus de 15 000 signatures, au prétexte que cette « opération ne peut être considérée comme un simple événement culturel », et que Paris ne doit « pas être le théâtre du blanchiment de la politique israélienne ».

Le ton est depuis violemment monté sur les ondes et les réseaux sociaux, jusqu’à atteindre l’invective et les procès en antisémitisme. Le député UDI Meyer Habib a osé lâcher : « une partie de l’extrême gauche montre ici son vrai visage, celui de son obsession et de sa haine antijuive », usant du vieil et honteux adage selon lequel un opposant à la politique colonialiste du gouvernement israélien est forcément antisémite, le tout pour éviter le débat.

Tel-Aviv sur Seine, plage de discorde !
Jacques Tardi Mon indignation

Polémique - Jacques Tardi - Mardi, 11 Août, 2015 - L'Humanité

DR - Par Tardi 
Auteur et dessinateur 
de bande dessinée

DR - Par Tardi 
Auteur et dessinateur 
de bande dessinée

 C’est mon indignation totale qui a motivé ce dessin. Un an après les massacres à Gaza, il faudrait que l’on fasse la fête sur les berges de la Seine. C’est de la provocation. C’est presque une insulte. C’est complètement obscène et irresponsable de la part de la Mairie de Paris. Il y a eu plus de 2 000 morts, et on fait comme si de rien n’était, comme si on voulait effacer les crimes de guerre. Cette commémoration festive des tueries est monstrueuse. On parle de culture, mais ce qu’il y a de culturel à Paris Plages, c’est surtout des recettes de cuisine et des raquettes… Tel-Aviv, ville de la tolérance ? Oui, au sens où elle tolère bien l’apartheid et l’occupation de la Palestine, même si je sais qu’il y a des Israéliens contre la colonisation. Quand au procès en antisémitisme, ça ne marche plus : on a le droit de s’exprimer sur la politique d’un état qui viole chaque jour le droit international. Ces accusations m’indiffèrent. Ce n’est pas le sujet.


 

Jacques Tardi 
Auteur et dessinateur 
de bande dessinée

Jacques Tardi 
Auteur et dessinateur 
de bande dessinée

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