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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 20:03

En annonçant la vente pour 4 milliards d’euros 
de ses participations dans les grandes entreprises françaises, le gouvernement a enterré une dernière fois le redressement productif.

 

Remplir les caisses sans toucher aux cadeaux aux patrons : tel est le pari imposé à la France par le gouvernement. Un véritable scénario de jeu de Monopoly qui passe par la case « libéralisation ». La rumeur, alimentée depuis la mi-septembre par le Monde et le Figaro, enfle. L’État, qui possède 72 % de la Française des jeux (FDJ), s’apprêterait à vendre 20 % des parts ainsi détenues dans cette société, dont le chiffre d’affaires (12,3 milliards d’euros) a été multiplié par deux depuis 2000. Loto, Euro Millions, Cash… Le bénéfice net de la FDJ s’élevait à 133 millions d’euros en 2013.

 

Un gouvernement de gauche qui vend au privé les actions qu’il détient chez les opérateurs publics, c’est la politique de la droite ! Il faut dire que, depuis début septembre, l’Agence des participations de l’État (APE), qui gère les actifs publics détenus dans des entreprises, a été confiée à Régis Turrini, un énarque de la promotion 1989, ex « dealmaker » de chez Vivendi qui ne parle qu’en milliards. L’homme doit aller vite pour aligner les zéros et ne pas ternir son CV.

 

L’explication de cette manœuvre de revente de parts est simple : pour tenir ses engagements d’économies, de réduction de la dette et d’équilibre budgétaire promis dans le cadre européen, l’État gratte dans tous les coins pour que ça banque illico. Selon les estimations, ces 20 % de parts de la FDJ vendues pourraient rapporter 300 à 400 millions d’euros. L’appel d’offres pour choisir la banque d’affaires qui sera chargée de cette cession a été lancé cet été. De quoi faire bling-bling dans les caisses de l’État cet hiver.

L’État joue au Loto avec le bien public

Pas plus tard que mardi, l’on apprenait par ailleurs que la Banque publique d’investissement (BPI France) se délestait de 1,9 % du capital d’Orange. Un coup de poker qui amènera 600 millions d’euros dans les coffres. La BPI conserve 11,6 % du capital et des droits de vote au sein du groupe de télécommunications. Avec les parts détenues par l’Agence des participations de l’État, qui détient 13,45 % d’Orange, « l’État français conservera 25,05 % de son opérateur historique ». Des mots marqués en gras dans le communiqué de BPI France, qui précise en moins visible que le titre Orange a gagné 32 % depuis le début de l’année. Autrement dit, l’État vend des parts dans des secteurs qui rapportent bien. François Hollande tente d’enfiler une panoplie de Robin des bois : « L’État va utiliser le produit des cessions dont il est actionnaire pour investir un milliard dans la construction de logements intermédiaire. »

 

Le Figaro avance également l’hypothèse que l’État s’apprêterait à « privatiser Rungis ». En cédant aux intérêts privés les 33,34 % de parts détenues dans la Semmaris qui exploite le plus grand marché de produits frais du monde. « Les pouvoirs publics ont demandé à cinq banques-conseils de plancher sur le sujet » et « d’identifier quels groupes pourraient se porter acquéreurs de ces 33 % », indiquait lundi le quotidien.

 

Le gouvernement escompte céder au privé pour 4 milliards d’euros de participations publiques dans le capital d’entreprises. Quatre milliards d’euros pour une stratégie de gains à court terme qui semblait réservée aux traders. Le gouvernement socialiste en fait désormais un nerf de la guerre budgétaire, quitte à se priver définitivement d’une partie des dividendes que la détention de ces parts procure à l’État (4,2 milliards de revenus en 2013, 3,8 milliards en 2014). De Lionel Jospin, François Hollande poursuit donc la liquidation des bijoux de la France. Dès 2013, l’État avait récupéré 1,9 milliard d’euros en vendant 3,1 % du capital de l’équipementier aéronautique Safran, 3,7 % d’EADS (devenu Airbus Group) et 9,5 % d’Aéroports de Paris. Une première vague. L’affaire est juteuse. En un an, avant leur cession, le prix des actifs détenus par l’État s’est envolé chez Safran (+ 54,96 %), Renault (+ 43,66 %), Thales (+ 78,32 %), la palme revenant à Airbus Group avec + 89,19 %. De telle sorte qu’au 30 avril dernier, la valeur totale du portefeuille d’actions où figurent 74 entreprises (voir encadré) affichait une progression de plus de 40 %. Les cessions se poursuivent, en janvier puis en juin, avec deux importantes transactions : Airbus Group avec 0,9 % du capital pour 451 millions d’euros, puis l’énergéticien GDF Suez, 3,1 %, pour un chèque de 1,5 milliard d’euros. Malgré les discours qui consistent à affirmer que l’État souhaite rester un acteur décisif dans ces entreprises, l’histoire démontre que l’orientation retenue depuis plusieurs années est celle d’un désengagement progressif, décidé en fonction des opportunités offertes par les marchés. Le scandale de la privatisation des sociétés d’autoroutes, sous le gouvernement Villepin en 2006, en est un parfait exemple. Brader pour goinfrer les actionnaires, via une rentabilité nette comprise entre 20 et 24 %, comme le montre l’Autorité de la concurrence dans son rapport publié en septembre… pour les usagers des autoroutes, la privatisation a donc été une véritable saignée.

 

 Selon les calculs de capital.fr, les tarifs des neuf principaux concessionnaires autoroutiers de l’Hexagone ont grimpé en moyenne de 21,7 % entre 2003 et 2013. Une réalité d’autant plus inacceptable que les investissements n’ont pas été à la hauteur des besoins.

 

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