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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 12:48
Martine Aubry reprend à son compte l’analyse d’économistes selon laquelle l’austérité nuit à la croissance et à l’emploi. Photo : Eric Dessons/JDD /SIPA

Martine Aubry reprend à son compte l’analyse d’économistes selon laquelle l’austérité nuit à la croissance et à l’emploi. Photo : Eric Dessons/JDD /SIPA

Dans la presse et dans une contribution aux états généraux du PS, 
la maire de Lille critique durement la politique de Hollande et Valls 
et propose de reprendre 20 milliards au pacte de responsabilité.

 

Sébastien Crépel - Humanité du Lundi, 20 Octobre, 2014

Aubry donne son appui aux « frondeurs » !

Face aux critiques de Martine Aubry, Manuel Valls a assuré, hier, avoir « les nerfs solides ». Une manière d’avouer qu’ils sont mis à rude épreuve par la prise de position publique de la maire de Lille, hier, dans un entretien au Journal du dimanche et dans une contribution mise en ligne aux états généraux des socialistes, intitulée « Pour réussir » et cosignée avec ses partisans. Et que c’est bien une guerre d’usure qui est désormais engagée pour les deux ans et demi qui restent du mandat de François Hollande à l’Élysée. Pour quel objectif ? Si le président de la République actuel – ou son premier ministre s’il en était empêché – est prêt à concourir pour la présidentielle de 2017, l’ex-première secrétaire du Parti socialiste n’est officiellement candidate à rien sauf « au débat d’idées », déclare-t-elle au JDD. Du moins pour l’instant. Mais celle qui avait rassemblé 30,4 % des voix des sympathisants au premier tour de la primaire de 2011 derrière François Hollande (39,2 %), puis 43,4 % en duel contre lui au second tour, a estimé qu’elle ne pouvait plus se taire devant une politique qu’elle désapprouve de plus en plus.

« La gauche n’a pas 
le droit d’échouer »

Martine Aubry met donc les pieds dans le plat : « Je ne me résous pas à voir notre pays s’enfoncer dans la morosité, le doute, le repli sur soi. Je ne baisse pas les bras devant la montée du Front national. Je ne me résigne pas davantage à la victoire en 2017 de la droite (…). La gauche n’a pas le droit d’échouer. » La maire de Lille ne saurait mieux souligner, en creux, à quels désastres conduisent les choix de Hollande et Valls. Mais, bonne camarade, la candidate estime que la majorité et le gouvernement peuvent encore « réussir, à condition d’emprunter le bon chemin dans les deux ans qui viennent ». Le décor ainsi planté, l’ex-candidate à la primaire dresse, tout en s’en défendant, un premier bilan des trente premiers mois de l’action présidentielle : « Nous avions prévu qu’à mi-mandat, la croissance serait revenue, le chômage en repli et les déficits réduits en deçà de 3 % (du PIB). Ce n’est pas le cas. » Et de reprendre à son compte l’analyse de la plupart des économistes désormais, selon laquelle l’austérité – mot qu’elle ne prononce pas – provoque une « moindre croissance », et in fine « déficits » et « chômage (qui) augmente ».

Critiquant jusqu’alors à mots voilés la politique du gouvernement, l’ex-ministre de l’Emploi (1997-2000) du gouvernement Jospin franchit donc le pas : « Je demande qu’on réoriente la politique économique », explique-t-elle, affirmant « partage(r) les propositions » de ses amis députés « frondeurs » du PS (Jean-Marc Germain, Pierre-Alain Muet, Christian Paul…). Au cœur de sa cible : les 41 milliards d’euros du pacte de responsabilité. Non que la maire de Lille condamne dans son principe la « politique de l’offre » de baisses d’impôts et de cotisations sociales aux entreprises (« dépassons cette opposition stérile entre la politique de l’offre et celle de la demande », dit-elle), mais elle se prononce pour un meilleur partage entre, d’une part, des aides « mieux cibl(ées) » en faveur des entreprises qui « investissent et embauchent », et le « soutien à la croissance » en faveur des « ménages et (des) collectivités locales », d’autre part. Et Martine Aubry de livrer sa proposition phare : prendre « 20 milliards d’euros » sur les 41 du pacte de responsabilité pour l’investissement des collectivités locales, la création d’emplois aidés et le soutien au « pouvoir d’achat en agissant sur les loyers avec la loi Duflot, les aides au logement et la politique familiale et des tarifs pour l’eau et l’énergie plus faibles pour les besoins essentiels ».

Des choix qui dessinent davantage pour l’instant une inflexion à gauche qu’une véritable alternative de gouvernement. Mais Martine Aubry voit plus loin, en fixant l’horizon d’« une nouvelle social-démocratie » qui reconnaisse à la fois la place du « marché » et celle d’« un État stratège pour l’orienter et le réguler ». Et, comme pour mieux affirmer sa différence, l’ambassadrice de la société du « care » (soin en anglais) dénonce les « illusions des années 1980-1990 » du « modèle » que « Tony Blair et Gerhard Schröder ont essayé » et qui « a été balayé par la crise ». En attendant, la maire de Lille ne se fait guère d’illusions sur les capacités du pouvoir à accepter un changement de politique : « Plus on sera nombreux à le dire à gauche (…), plus on aura une chance d’être entendu. » Un appel à rechercher les convergences

 

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