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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 18:30

Des syndicats de toute l’Union européenne manifestent ce vendredi, à Bruxelles, à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES), pour lancer leur campagne anti-austérité permettant de créer 11 millions d’emplois. Des dizaines de milliers de militants sont venus de toute l'Europe, notamment de France, de Pologne et d'Allemagne.

 

Ils se sont tous donné rendez-vous, ce vendredi, à Bruxelles. Plus de 80 syndicats européens entrent en campagne, à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES). Pour leur première euromanifestation de l’année, les représentants des salariés ne sont pas simplement venus faire le constat de l’impasse des politiques d’austérité, qui ont conduit les pays européens à la récession et à un « désastre économique et social », mais bien celui de les vaincre. Ils portent l’alternative d’une « nouvelle voie pour l’Europe » : un grand plan d’investissement de 260 milliards d’euros, soit 2 % du PIB européen, par an, et pendant 10 ans. Accompagné d’un contrat social, il permettra, selon leurs calculs, de créer 11 millions d’emplois, d’anéantir le dumping social et d’améliorer les services publics et les droits des salariés.

 

Investir dans les secteurs d’avenir

Les derniers chiffres publiés par Eurostat sont sans appel, le chômage reste au plus haut avec 12 % d’inscrits dans la zone euro, soit près de 19 millions de chômeurs. Ce chômage de masse ne fait qu’accroître les inégalités et accentuer les déséquilibres géographiques. « Le traité de Lisbonne parle de progrès social » ; or, on constate surtout « une harmonisation par le bas », a déploré Jean-Claude Reding, président du syndicat luxembourgeois OGBL, la semaine dernière à Bruxelles. « Et plutôt que de changer d’orientation politique, ils accélèrent », dénonce Frédéric Humbrecht, le monsieur Europe de la CGT. « Ici, nous prenons le contre-pied du pacte de compétitivité, qui n’est que cadeaux aux multinationales sans contrepartie ! » lance le syndicaliste. Pour y remédier, la CES propose la création d’un salaire minimum dans chaque pays et la révision de la directive sur les travailleurs détachés, le respect et le développement des normes sociales. Sans croissance, « le désespoir de nombreux travailleurs dans les pays les plus touchés les conduit à émigrer, à la recherche d’emplois temporaires dans d’autres États membres de l’UE et en dehors du marché du travail réglementé, créant ainsi une situation de mobilité forcée plutôt que la liberté de mouvement souhaitée », constate la Confédération.

Campagne syndicale contre l’austérité à Bruxelles

Mobiliser des moyens, notamment en faisant participer davantage les pays riches et économiquement plus solides pour investir dans les secteurs d’avenir, telle est l’ambition des syndicats. Pour cela, la CES identifie plusieurs domaines à financer : la transition énergétique et écologique, l’éducation et la formation, l’industrie, les transports, les réseaux de communications, les logements sociaux et la rénovation urbaine. Les 260 milliards d’euros d’investissements pourraient être placés dans les mains de la Banque européenne d’investissement (BEI), à condition qu’un contrôle démocratique soit mis en place, martèle la CES. Cette institution sera ensuite chargée d’octroyer des prêts, à des taux extrêmement bas, au secteur privé comme public, mais aussi de chercher des cofinancements avec d’autres organismes, précise la CES.

 

Selon le Conseil économique du mouvement travailliste, en augmentant les investissements publics de 2 % par an, les effets pour les Vingt-Huit seraient les suivants. La hausse du PIB serait de 1,6 point supérieure en 2015 et de 5 points de plus, en 2019, que dans un scénario sans investissements. Sur dix ans, les retombées seront encore plus significatives. Ainsi, les recettes fiscales progresseraient de 83 milliards d’euros à 104 milliards, et les cotisations sociales de 16 milliards d’euros à 20 milliards.

 

À l’inverse, si l’UE est née d’un projet industriel – la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) –, le projet industriel européen, si on peut l’appeler ainsi, se limite aujourd’hui à faire respecter la concurrence. Le traité transa tlantique est un exemple en la matière. En négociant dans le plus grand secret des accords de libre-échange, mais aussi les règles qui les encadrent avec les États-Unis, la Commission trouve comme remède à la crise « une vaste offensive de dérégulation affectant notre modèle de société », alerte Frédéric Humbrecht.

 

À l’approche des élections européennes du 25 mai, les syndicats livrent un plan, pouvant être mis en place immédiatement sans attendre une transformation des traités européens. Et appellent les citoyens européens à voter pour des candidats qui partagent la vision d’une « Europe prospère et socialement inclusive ».

 

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